Carte blanche à Jean-Christophe Bailly

Projection de courts-métrages en présence de l'artiste, dans le cadre de son exposition Lumière habitée à la Galerie Art-cade des Grands Bains Douches de la Plaine : Rêvent-elles de robots astronautes de Sarah Del Pino, The Masked Monkeys de Anja Dornieden et Juan David Gonzalez Monroy et Letter on the blind for the Use of those who see de Javier Téllez

Dans le cadre du Printemps de l’art contemporain et de l’exposition Lumière habitée ( du 30/05 au 20/07) à Art-Cade – Galerie des Grands Bains Douches de la Plaine, sur un commissariat de Jean-Christophe Bailly, nous vous invitons à deux séances exceptionnelles portée par l’écrivain, docteur en philosophie et poète ayant travaillé abondamment autour de la nature et de l’animalité (Le Parti pris de animauxle Versant animal…).

De temps à autres, on aime penser à Serge Daney, pour qui l’essence du cinéma se trouve peut-être du côté de l’acte de montrer, plus que dans les images : “si je vous montre quelque chose, vous me dites quelque chose“. Le cinéma est un moment de l’histoire qui a proposé une écologie de la question-réponse, d’une balle envoyée comme au tennis et d’un receveur ayant l’occasion de relancer. “Le cinéma c’est l’art d’inventer des objets transitionnels et d’inventer des distances.” (Itinéraire d’un ciné-fils)

Montrer.

Montrer est impur. Parce que montrer mouille. On peut montrer quelque chose et se faire foutre de soi. “ (Serge Daney) c’est sur cette liberté de montrer, que Jean-Christophe Bailly et nous équipe de Videodrome 2 vous invitons à voir ces films en espérant des balles renvoyées.

Rêvent-elles de robots astronautes

Tourné de nuit dans une ferme de l’Ain où la vie des animaux est programmée et contrôlée par des logiciels activant des robots, le film de Sarah de Pino ne se présente pas comme un reportage sur des formes techniques d’élevage industriel, même s’il renseigne cette question. Dans un climat directement inspiré de la science-fiction, on voit des vaches évoluer dans un espace entièrement artificiel où elles se comportent toutefois comme chez elles. Ce déplacement du territoire intrigue et si l’on retrouve bien la densité matérielle des bêtes, ou celle de la paille et des déjections, le fait que l’on soit dans un univers d’où l’homme s’est absenté donne l’impression que l’on a basculé dans un espace-temps inconnu dont les vaches et les robots seraient les seuls comparses.
Jean-Christophe Bailly

Sous l’esthétique d’une science fiction la caméra abandonne peu à peu le monde des humains pour pénétrer dans un monde parallèle. Nous découvrons un microcosme fabriqué par l’Homme et pourtant déserté par ce dernier. Dans une ferme de vaches laitières autogérée par des logiciels informatiques, tous les désirs de ces travailleuses sont comblés si bien, que la seule voix persistante est celle des robots. La frontière entre le naturel et l’artificiel se trouble : nées dans ce monde, ces vaches domestiques évoluent dans leur milieu “naturel”. Telles des créatures dans l’ombre, elles produisent sans cesse notre futur consommation de lait. Enfermées dans un hangar, un champs seulement les sépare de notre société.

Source : film-documentaire.fr


The Masked Monkeys

Les arts masqués d’Indonésie sont millénaires. On les appelle communément wayang topeng (wayang : ombres ou marionnettes ; topeng : masques). La croyance dit qu’ils proviennent d’un rite mortuaire tribal, où les danseurs masqués étaient considérés comme les interprètes des dieux. Dans les plus bas échelons de la société javanaise on trouve une manifestation unique de ces traditions dont la pratique est une performance et pas seulement un divertissement. Ces praticiens aspirent à être respectés, honorés et à rencontrer le succès. Ils ont emprunté une voie qui doit les faire accéder à un état supérieur et à une forme d’anoblissement.

Source : film-documentaire.fr


Letter on the blind for the Use of those who see

L’idée de Javier Téllez, artiste vénézuelien vivant à New York, a été de reprendre une parabole venue d’Inde, dans laquelle des aveugles sont confrontés à un éléphant. En reprenant également le titre de la Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient de Diderot, et en la transportant sur le site d’un parc de loisirs désaffecté de Brooklyn, il en transforme et approfondit la leçon. Six aveugles sont assis sur des pliants et se lèvent tour à tour pour aller toucher le corps d’une éléphante qui a été conduite sur les lieux. Inquiets ou ravis, hésitants ou déterminés, ils palpent, ils explorent, ils découvrent, et ce que nous voyons, nous, c’est le rapport à l’inconnu qui s’ouvre sous leurs mains : de telle sorte qu’au lieu d’une simple parabole évoquant le relativité des sensations, nous avons affaire à un document bouleversant où nous est montré un travail de vérité.
Jean-Christophe Bailly

Letter on the Blind For the Use of Those Who See [Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient] est un film en noir et blanc réalisé en 16 mm par l’artiste vénézuélien Javier Téllez. Ce film propose une expérience unique au spectateur en lui permettant de devenir le témoin d’une rencontre entre six non-voyants et un éléphant. Téllez souhaitant privilégier la perception des non-voyants dans son film, l’éléphant y devient tantôt une odeur, tantôt une texture, tantôt un son, chacun des non-voyants percevant l’animal d’une manière qui lui est propre.

À la frontière du documentaire et du cinéma-réalité, cette expérience purement sensorielle témoigne des préoccupations de l’artiste envers les gens marginalisés par la société en raison de leur différence. L’intérêt de Téllez pour les non-voyants et les questions relatives à la perception visuelle remonte à sa lecture de l’essai intitulé Lettre sur les aveugles à l’usage de ceux qui voient, rédigé par Denis Diderot en 1749. C’est inspiré de cet ouvrage, mais aussi de la parabole des Six aveugles et de l’éléphant, que Téllez décide de réaliser ce film à la fois touchant et poétique.

Source : Musée d’art de la Joliette

Videodrome 2
Le samedi 8 juin 2019 à 20h
5 € (+ adhésion annuelle : 3 €)
www.videodrome2.fr
49 cours Julien
13006 Marseille
04 91 42 75 41

Article paru le mercredi 15 mai 2019 dans Ventilo n° 429

Printemps de l’Art Contemporain 2019

Le PAC tient le cap

 

Revoici le Printemps de l’Art Contemporain ! Avec plus de 70 propositions et 53 participants, il s’étend sur trois week-ends, à la ville comme à la campagne. L’occasion de voir du pays et de l’art…

  Les parcours en bus (ou en covoiturage) démarreront le samedi 18 mai avec un circuit réunissant les structures de Marseille Expos situées sur le pourtour de l’Étang de Berre. Les réjouissances débuteront au Domaine de Fontblanche à Vitrolles pour une performance du collectif marseillais Chuglu. La pause déjeuner se fera à Saint-Chamas, au Domaine de Suriane, où Voyons Voir propose d’amener son pique-nique pour accompagner une dégustation des vins du domaine devant la sculpture de Diego Bustamante réalisée spécialement pour l’occasion. On restera dans le village pour visiter l’exposition de Yifat Gat dans l’ancien atelier du sculpteur René Rovellotti. Le Centre d’Art d’Istres accueille quant à lui le deuxième opus de l’exposition de Jeanne Susplugas et deux évènements associés, avec la présence de l’Artobus de l’Artothèque de la Métropole et la galerie ambulante de Stéphane Guglielmet (Galerie Territoires Partagés), qui présente les œuvres du duo We Are The Painters. Et tandis qu’Olivier Bedu nous ouvrira les portes de son Tétrodon, habitat modulaire à Martigues, c’est à Port-de-Bouc que s’achèvera cette belle journée de printemps avec l’exposition d’Anaïs Lelièvre et une déambulation dans la ville, avant le vernissage du salon d’art contemporain Hybrib’Art… On profitera de sa semaine de travail pour récupérer car le samedi 25, on remet ça avec un parcours dans le Pays d’Aix. À commencer par l’exposition de Yom de Saint Phalle au Centre des Pénitents Noirs à Aubagne, avec une visite guidée assurée par la compagnie de danse Boutabou et le Conservatoire de la ville. Vers 11h, on se rend à Rousset où nous attendront la commissaire Sarah Deslandes et Chloé Vivien pour une rencontre dans le cadre de la résidence croisée « Jeune artiste et commissaire » proposée par Voyons Voir et l’École d’Art d’Aix-en-Provence au Domaine du Défend. En cours de résidence, ce temps d’échange donnera un premier aperçu de la collaboration entre les deux jeunes femmes. Très vite, on filera au MAC Arteum à Châteauneuf-le-Rouge découvrir l’installation et la performance très attendues de Claire Dantzer et Frédéric Clavère, ainsi que l’exposition en cours Pièces montées à l’étage. Puis on passera l’après-midi à Aix-en-Provence, d’abord au 3bisF avec une performance de Mathilde Dadaux, suivie d’une autre performance de Cécile Dauchez et Cati Delolme dans le cadre de l’exposition La Règle du jeu. À l’École d’Art, une présentation de l’exposition Ascension droite est prévue par Théo Jossien ; et non loin de là, ne pas rater l’exposition de Marie Ducaté au Pavillon de Vendôme, Anguille sous Roche. D’humeur bucolique ? Direction le Parc Rambot pour la septième édition du festival Watergame, où l’on bullera devant l’installation d’Élodie Moirenc activée en deux moments dans l’après-midi par les enfants du parc, en attendant les première notes du Dj set de Jamie Tiller proposé par Seconde Nature, qui vous accompagnera jusqu’en fin de soirée… Pour ceux qui aiment guincher autant que voir des expos, quelques autres soirées festives sont prévues : à la Déviation le 18, à Montévidéo le 30 et à la Friche avec le Bal BauHouse of Moda sur le toit-terrasse le 1er juin. Quant à la soirée d’inauguration officielle du PAC, elle se déroulera cette année au Parc de Maison Blanche avec le vernissage du festival en plein air Arts éphémères le 29 à partir de 18h30, mêlant performances et musique autour de la thématique du flux. La veille, Frédérique Nalbandian et l’écrivain Pascal Quignard auront proposé une performance à la Savonnerie du Fer à Cheval. Les « intellos » ne seront pas en reste avec les rencontres professionnelles de la CCI, qui proposeront notamment un débat sur le thème « Art Contemporain, collections publiques et secteur privé : vers une nouvelle philanthropie ». Les réflexions se poursuivront le 31 au FRAC avec la troisième édition du forum Come Together destiné aux professionnels de l’art contemporain ; un temps de rencontres et d’échanges pendant lequel quinze directeurs-rices artistiques et commissaires de France et de l’étranger présenteront des projets qu’ils souhaitent ouvrir à la coproduction et à l’échange…   Pas de PACotilles   La formule est désormais rodée : à Marseille, le festival se décline en trois parcours et trois nocturnes par quartier durant trois jours. Si toutes les expositions du PAC sont ouvertes à partir du 30 mai à 14h, les nocturnes jusqu’à 22h commencent par les quartiers de la Plaine, de la Préfecture et de Saint-Victor le jeudi. Avec, dans le désordre, l’expo (gratuite) d’Erwin Wurm au Musée Cantini, une rencontre autour d’un verre avec Matthieu Montchamp, Nicolas Pincemin et Paul Vergier à la Galerie Béa-Ba, ou encore l’ouverture exceptionnelle des ateliers d’artistes de la Ville, à commencer par celui du Cours Lieutaud qui accueille Adrien Vescovi et Sophie Bueno-Boutellier. À la Plaine, ne pas faire l’impasse sur les expositions de Delphine Wibaux et Ismaïl Barhi chez Art-Cade, Jean-Baptiste Caron chez HO et Francesco Finizio chez Territoires Partagés, parmi les plus attendues du PAC. Rue Vian, on fera une escale à Zoème pour l’exposition de Julien Lombardi et à Dos Mares pour une rencontre avec l’artiste Diego Santa Maria. En descendant vers la Préfecture, une pause s’impose à la SCEP si vous n’avez pas encore vu l’exposition Primitive Future, avant de rejoindre la rue Saint-Jacques pour Matthieu Bertéa chez Carta Associés et Côme Clerino à la Double V Gallery, puis la rue Paradis avec Lionel Scoccimaro chez Togu Art Club. Fin de soirée devant la programmation vidéo de Montévidéo, pour une exposition présentant les dernières acquisitions du FRAC, dont celle d’Alexandre Gérard. Hourra ! Vendredi 31 mai, c’est vers la Joliette, le Panier et Belsunce qu’on verra des arty promeneurs avec leur tote bag PAC. Au Mucem par exemple, avec la gratuité de l’exposition Persona, ou à Vidéochroniques, qui accueille une autre expo très attendue de ce PAC 2019, celle de Pierre Malphettes. C’est un marronnier mais c’est tellement bien : le CIRVA ouvre exceptionnellement ses portes au public ! Quant aux artistes des Ateliers de Lorette, ils vous réservent bien des surprises, parmi lesquelles une performance immanquable d’Arthur Eskenazi qui vous laissera sans voix. Une fois n’est pas coutume, les galeries de la rue du Chevalier Roze seront allumées ce soir-là pour le vernissage de quatre expositions. Dans l’atelier de Laurent Galland, Jérémie Delhome signe le commissariat Look&Listen de L’Été du dessin. Noël Ravaud nous offrira pour sa part l’un des beaux rendez-vous 2019 à l’Espace GT avec une série de dessins intitulée Pendant 365 jours, j’ai l’âge de Mary Shelley à sa mort… Au FRAC, la nocturne de l’exposition Un autre monde///dans notre monde s’accompagnera d’une rencontre avec Olivier Bedu pour une visite insolite de l’expo Récifs et Mégalopoles. Si vous ne le connaissez pas encore, profitez de la soirée pour aller découvrir le Centre Photographique Marseille avec une exposition consacrée à Jean-Louis Garnell. Le travail de Driss Aroussi, Hassen Ferhani et Dalila Mahdjoub à la Compagnie revient sur l’histoire qu’on a toujours du mal à digérer, celle des colonies et de leurs conséquences d’aujourd’hui. La découverte de leur exposition 143 rue du désert s’accompagnera d’une lecture de livres mangeables dans le cadre de MPG 2019, Année de la Gastronomie en Provence. Sans craindre l’indigestion, c’est autour d’un brunch que l’on se retrouvera le samedi 1er au Château de Servières pour l’exposition personnelle d’Olivier Nattes, un projet ambitieux modifiant entièrement l’aspect de la galerie. À la Ville Blanche, André Mérian proposera une série de photo répondant à l’invitation du festival Photo Marseille (voir couverture de ce numéro), alors que Ben Saint-Maxent dévoilera ses dernières recherches sur l’état sauvage chez OÙ lieu d’exposition pour l’art actuel et que Catherine Melin exposera ses dessins et sculptures à la Galerie Port Avion. Le Studio Fotokino accueillera pour sa part la quatrième édition de son rendez-vous consacré à l’édition d’art, Ink #4 Éditions singulières. Lauréate de l’appel à projet 2018, Céline Lastenet présentera le travail issu de sa résidence à l’Atelier NI, tandis que juste au-dessus chez Tchikebe, on pourra découvrir l’accrochage des sérigraphies de Jean-Luc Moulène, Anita Molinaro, Markus Butkereit, Thomas Tudoux et Jan Van der Ploeg. À la Friche, où s’achèvera la journée, ne pas manquer l’exposition des commissaires Michel Poivert et Caroline Stein Only You à partir de la collection de la banque privée Neuflize, tout comme la manifestation Transformer le Bauhaus, qui promet de beaux rendez-vous, à commencer par l’entrée en matière festive sur le toit-terrasse. Hors parcours et hors fiesta, notez bien l’une des rares possibilités de voir l’exposition Chers artistes, donnez-nous des nouvelles à l’Artothèque Antonin Artaud, ouverte au public pour l’occasion le 28. Trente-deux artistes locaux y exposent autant de sérigraphies et constituent le troisième portfolio (anniversaire) édité par l’Artothèque en trente ans d’existence. En espérant retrouver ce lieu, indispensable à la richesse artistique du territoire, au programme de la douzième édition du PAC en 2020… Enfin, c’est une preuve de son succès, le PAC s’institutionnalise en ouvrant la voie au PAC OFF. Comme tous les grands évènements, le Printemps de l’Art Contemporain a désormais ses parcours underground avec dix lieux fraîchement ouverts en marge de la programmation officielle, issus d’initiatives indépendantes de jeunes artistes installés en ateliers-showrooms. Il y a fort à parier que ces lieux attireront, si ce n’est la convoitise, du moins la curiosité…  

Céline Ghisleri

Printemps de l’Art Contemporain : du 18/05 au 2/06 à Marseille et en Provence.

Rens. : 09 50 71 13 54 / http://pac.marseilleexpos.com

Le programme complet du Printemps de l’Art Contemporain ici