Nasser

Électro rock

Et si Marseille était devenue la nouvelle capitale de la French Touch ? C’est ce que laisse penser bon nombre d’artistes présents dans la cité phocéenne, et notamment avec le troisième album de Nasser The Outcome, sans doute le plus efficace qu’ils aient produit.

Près de 10 ans d’ancienneté pour Nasser et 4 ans qu’ils n’avaient pas fait quelque chose ensemble. Force est de constater qu’après avoir fait plus de 300 concerts ensemble, le manque était devenu trop fort. C’est donc avec un troisième album que le groupe de Marseille remboîte le pas, avec The Outcome ; pour le plus grand plaisir des fans du groupe ou des curieux qui les ont découvert sur la route.

 www.facebook.com/wearenasser / https://soundcloud.com/wearenasser

Le Télégraphe
Le samedi 23 février 2019 à 20h
20 € (ou 30 €, abonnement mensuel donnant accès à tout le programme)
https://letelegraphe.org/fr
2 rue Hippolyte Duprat
83000 Toulon

Article paru le mercredi 21 mars 2018 dans Ventilo n° 406

L’Interview | Nasser

Après cinq ans d’attente, le groupe marseillais revient avec un troisième album. Sorti le 16 mars dernier, The Outcome réserve un concentré de riffs explosifs aux tempos scandés, ponctués d’une voix maitrisée et de synthés parfaitement ajustés. En le composant dans une dynamique résolument live, Nasser reste fidèle à ses idéaux, soignant aussi bien l’esthétique musicale que visuelle, comme en attestent les deux clips Love et The End, réalisés par l’une des têtes pensantes du duo, Nicolas Viegeolat. Ce dernier, par ailleurs membre du collectif audiovisuel Hawaii & Smith, a répondu à nos questions.

Le trio étant devenu duo, comment se passe la création en binôme depuis le départ de Romain ? Fondamentalement, le travail à deux représente moitié moins de sources de conflit. Avant, la manière de concevoir était tumultueuse, nous étions trois identités assez fortes qui apportaient la force et la spontanéité du groupe. Simon (NDLR : Simon Henner, alias French 79, par ailleurs membre de Husbands) et moi nous sommes toujours bien entendus, autant professionnellement qu’amicalement. Quand on travaille ensemble, des automatismes se mettent en place avec une simplicité évidente où chacun trouve sa place, sans guerre d’ego. Tout se fait très naturellement. Simon commence à poser des morceaux et moi les textes. C’est une mécanique qui roule plutôt bien.   Qu’est-ce qui a animé l’envie de lancer ce nouveau projet ? On passe une majeure partie de notre temps dans nos studios. Beaucoup de groupes se sont créés depuis (dont Husbands et French 79), j’en ai profité de mon côté pour me consacrer à la vidéo, notamment pour tous les copains (Kid Francescoli, Date With Elvis, Oh! Tiger Mountain, French 79). On ne s’est donc jamais perdu de vue. Parallèlement à ça, Nasser était loin d’être une histoire terminée mais on avait besoin de repos depuis les deux albums, les EPs et les tournées. Après le départ de Romain, on avait besoin de se reconstruire, de s’essayer à de nouvelles choses. Redonner de la créativité et de la flamme à ce projet en explorant de nouveaux horizons...   Votre identité musicale et visuelle se révèle assez sombre… On est des enfants de la musique rock punk électro. Tous les trois avons grandi avec Nirvana, les Beastie Boys, mais aussi avec les films de genre comme ceux de John Carpenter. En formant le groupe, l’idée initiale était clairement de partir vers cette branche-là. On voulait ressortir nos guitares, notre transpiration et des sons analogiques. Comme un souhait de revenir aux bases dans un projet profondément rock sur scène et plus électro sur album. Ressortir la rage punk qu’on pouvait avoir plus jeunes en rebondissant sur la spontanéité, l’urgence qu’on retrouve dans ces films. Notre musique retranscrit cette urgence des mecs qui ont envie de s’exprimer, de gueuler très fort parfois, en posant des idées. Carpenter est un peu l’essence de ce qu’est Nasser. D’où la référence dans notre premier morceau, La Chose. Tout ça tourne autour du rock, du punk, du cinéma social, autant dans l’aspect fun et « entertainment » que sombre et rentre-dedans. Nasser, c’est un peu ça.   Justement, le clip du premier morceau de l’album, Love, a un aspect assez anxiogène. Qu’avez-vous cherché à susciter ? Sur cet album, j’ai souhaité faire un court métrage de « genre », avec une histoire un peu étrange. Ce clip correspond au chapitre II dudit court métrage. J’en ai tourné quatre au total qui, mis bout à bout, racontent une histoire. Sans chercher à faciliter notre promo, j’avais envie de la retranscrire de façon un peu dérangeante. Si ça n’avait tenu qu’à moi, j’aurais commencé par la sortie de l’épisode I, hélas jugé trop perturbant. Depuis, le chapitre IV, The End, est sorti. Globalement, ca reste assez brumeux pour l’instant, mais tout va se rassembler/recentrer et le public comprendra pourquoi une nana se fait courser dans un bâtiment désaffecté par des mecs louches habillés en noir et qui apparaissent on ne sait pas comment.   Le 5 novembre dernier, vous organisiez une soirée gratuite à l’Embobineuse avec un dj set de vos nouveaux morceaux en exclusivité, l’occasion d’y tourner un des clips. De quel chapitre s’agissait-il ? Précisément, le chapitre I. Il sortira bientôt sous forme de court métrage. L’accent sera mis sur l’aspect cinématographique du groupe. La partie promo passée, on pourra se permettre de revenir avec un côté plus arty, un peu plus « bousculant », même si c’est pas non plus Irréversible de Gaspard Noé !   Pourquoi avoir choisi l’Embobineuse ? L’Embobineuse, avec le Dernier Cri, représente un endroit punk et cool de la Belle de Mai qui se démène pour survivre dans une ville de merde où les institutions de merdes ne t’aideront jamais pour rien. Les mecs ont une programmation, ils font venir des artistes complètement improbables, ils prennent des risques constamment. Ça devenait cohérent de tourner là-bas, un lieu top où on a été accueilli à bras ouverts. En plus, cet endroit signifie beaucoup. Bien que Nasser n’y a jamais joué, j’ai vu tellement de concerts là-bas et pris tellement de gifles ! Ça représente ce Marseille qui se bat, qui avance quoiqu’il arrive en voulant faire des choses. Peut-être que de l’extérieur, les gens s’imaginent que Husbands, Kid Francescoli ou French 79 sont des groupes qui fonctionnent à mort et font plein de blé, alors que la réalité est bien différente. On vient tous du système D et on continue d’y retourner quoiqu’on fasse, de la fabrication de nos albums à nos clips. On fait ce qu’on peut avec les moyens qu’on a, mais toujours avec cette sincérité qui nous tient très à cœur.   Pourquoi avoir décidé de vous produire au festival Marsatac pour votre seule date à domicile ? On avait mené le projet assez loin avec le groupe. Après l’Espace Julien et le Bataclan complets, la tournée internationale… On souhaitait revenir en marquant le coup pour ce troisième album. On suit de près l’organisation de cette vingtième édition, au travers des membres de leur équipe qui sont devenus des amis. Ceux sont aussi des gens qui se battent énormément depuis des années.   Votre playlist du moment ? D’après mes Shazam sur Nova, je dirais OMOH et King Gizzard & The Lizzard Wizard. Sinon, le groupe qui représente vraiment la musique que j’aime un peu dark et Do It Yourself, ce serait The Limiñanas. Il y a aussi Late of the Peir, The Priest et en plus conventionnel, je trouve que ce que fait Roméo Elvis est pas mal.  

Propos recueillis par Amandine El Allaui

 

Dans les bacs : The Outcome (Pschent Music) En digital > http://smarturl.it/NasserTheOutcomeLP

En concert le 16/06 au Parc Chanot dans le cadre de Marsatac. Rens. : https://www.marsatac.com

Pour en (sa)voir plus : www.facebook.com/wearenasser / https://soundcloud.com/wearenasser