Elio Libaude - Coccolithes + Félicie D'Estienne d'Orves & Eliane Radigue - Continuum

Performances et installations sonores, en clôture de Chroniques, Biennale des imaginaires numériques

LIVE AUDIOVISUEL > 18H00 (Seita)

ELIO LIBAUDE (Fr)
Coccolithes 
Performance sonore et immersion dans la vie de nano-planctons lévitant, comme en apesanteur, au gré des courants avant de mourir pour donner naissance à d’immenses falaises statiques.

Durée : 40′

INSTALLATION > 18H À 22H00 EN CONTINU (Tour Panorama)

FÉLICIE D’ESTIENNE D’ORVES (Fr)
ELIANE RADIGUE (Fr)
Continuum
Dans Continuum, Félicie d’Estienne d’Orves a imaginé un film en hommage à la pionnière de la musique électronique Éliane Radigue (née en 1932). Son installation immersive réalisée à partir d’images prises par les sondes de la NASA montre un coucher de soleil sur Mars d’une heure environ accompagnant Koumé (1993), la troisième partie de Trilogie de la mort, œuvre de la compositrice inspirée du Bardo Thödol, ou le Livre des morts tibétain. Le bardo constitue dans le bouddhisme tibétain ces limbes entre la naissance et la renaissance, l’éveil et le sommeil. Le paysage martien conçu par Félicie d’Estienne d’Orves évolue à travers différentes phases de couleurs, déployant des ciels allant progressivement de l’orange au bleu jusqu’au crépuscule, à rebours de notre coucher de soleil terrien. La composition minimaliste d’Éliane Radigue fait écho à ces champs monochromes, tenant en un seul souffle, profond. Le temps et l’espace ne sont alors que rêve et, telle une brume, se dissolvent dans le visuel et le sonore. Continuum joue avec l’idée d’illusion optique et cosmique : sur Terre comme sur Mars, le soleil ne se couche jamais. Sean Rose, écrivain et critique d’art
Guillaume Jacquemin, direction technique
Lionel Marchetti, spatialisation sonore
Production exécutive Olivia Sappey  / bOssaCoproduction : Centre Pompidou – DICRéAM – Arcadi Île-de-France

Friche La Belle de Mai
Le samedi 15 décembre 2018 à 18h
Entrée libre
http://gmem.org/
41 rue Jobin
13003 Marseille
04 95 04 95 95

Article paru le mercredi 12 dcembre 2018 dans Ventilo n° 420

Reevox-NH

Esprit d’aventures

 

Rebaptisé Reevox-NH suite à la fusion entre le GMEM et le GRIM, le festival dédié aux arts et musiques électroniques ouvre sa programmation aux musiques improvisées et expérimentales, repoussant les frontières de la création sonore.

  Alors qu’on croyait que la loi de la cadence parfaite et des alternances mineures / majeures régnait en maître, que le sempiternel « couplet-refrain » et les autres règles implacables de tonalités centrales et voisines étaient la clé de voûte de la musique d’hier et d’aujourd’hui, des projets d’irréductibles explorateurs sonores officient un peu partout sur la planète. Et soyons honnêtes : en dehors des cercles d’initiés et de soirées mondaines peuplées de néo-créateurs et autres émerveillés, ces aventuriers du son ne brillent pas par leur présence dans nos sociétés policées, et « armé de patience il faut être » pour en dénicher quelque part au coin d’une scène. Mais à Marseille (pas que, c’est vrai, mais on est comme ça ici), une structure s’emploie à mettre en lumière cette culture « parallèle », et ce depuis 1972 : le GMEM. Un lieu où l’on explore le monde du son, de la musique et de la création contemporaine au sens large. Un lieu où l’on accueille des artistes venus du monde entier, pour des résidences ou des productions de spectacles. Un lieu où la pédagogie, l’échange sont aussi à l’œuvre. Mais ce n’est pas tout. On y organise aussi des festivals. Deux festivals. Au printemps d’abord, « Les Musiques » mettent à l’honneur la production, la diffusion et la transmission : un événement résolument tourné vers la découverte et le partage, qui vaut vraiment le détour. Et puis, en guise de cadeau de Noël, c’est au tour de Reevox-NH (pour Nuit d’Hiver, festival précédemment proposé par le GRIM, qui a fusionné avec le GMEM) de proposer un panorama — non exhaustif bien sûr — de ce que peut représenter la création contemporaine musicale. Et pas seulement. Durant deux week-ends, on pourra ainsi assister, entre autres réjouissances, à des performances, des installations, des live audiovisuels, des dj sets... Au programme, des artistes venus de France comme Lucien Gaudion, Félicie d’Estienne d’Orves ou le Marseillais ErikM, mais aussi de toute l’Europe, à l’instar du talentueux Colin Dunne qui maîtrise la claquette irlandaise comme personne, du duo My Cat Is An Alien tout droit débarqué d’Italie (en collaboration avec l’incontournable Jean-Marc Montéra) ou encore de SleepArchive, producteur de techno minimale dont le son sec, froid et droit dans ses bottines en caoutchouc ne peut absolument pas dissimuler son origine berlinoise. Venu tout droit d’outre-Rhin lui aussi, le déroutant Felix Kubin, considéré, à raison, comme la figure majeure de la musique électronique déviante, sera également de la partie, après un détour par le Vidéodrome 2 pour y présenter ses films et un ciné-concert autour du court-métrage Entr’acte de René Clair. Difficile d’égrainer la liste des autres participants, la découverte étant une composante majeure — et réjouissante — de cette manifestation atypique. Les créations sont accessibles dans trois zones de la ville : la Friche, le FRAC PACA et Montévidéo. Pour la Friche, différents lieux seront occupés : le Cabaret Aléatoire pour la clôture XXL de sa saison (en collaboration avec la Biennale Chroniques), le Grand Plateau et le Module, qui est aussi la zone au GMEM dévolue aux résidences d’artistes. Si l’envie vous prend de découvrir les possibilités que peut offrir la musique sous ses formes les plus diverses, c’est donc ici et nulle part ailleurs qu’il faut se rendre. L’esprit grand ouvert, les yeux et les oreilles finement (non ?) apprêtés.  

Frédéric Pla

 

Reevox-NH : du 13 au 22/12 à Marseille. Rens. : www.gmem.org

Le programme complet du festival Reevox-NH ici