Fabien Mary trio

Jazz. Concert précédé par la projection du documentaire Keep on Keepin’ on d'Alan Hicks (États-Unis - 2014 - 1h24)

L’histoire de la rencontre entre la légende du jazz Clark Terry, âgé de 91 ans, et son élève Justin Kauflin, filmée par un jeune réalisateur australien, Alan Hicks. Clark Terry a traversé quasiment un siècle de jazz avec une modestie et un altruisme désarmants avec une éblouissante technique (trompette et bugle), des collaborations prestigieuses et son influence sur plusieurs générations de trompettiste, dont Miles Davis jusqu’à Wynton Marsalis. Il fit ses premières armes chez Count Basie (1948-51) qui lui apprit que les notes qu’on ne joue pas sont aussi importantes que celles que l’on joue… Il enchaînera par un long séjour auprès de Duke Ellington (1951-59). Clark Terry osera demander à Thelonious Monk de l’accompagner, surfer sur le trio d’Oscar Peterson, chantonner en marmonnant (mumbling) le blues en filigrane, sillonner l’Europe avec Quincy Jones, s’adonner à l’art de la fugue avec Gerry Mulligan ou Bob Brookmeyer, donner la réplique à Ella Fitzgerald…
Justin Kauflin est un jeune pianiste prodige, non-voyant, qui rêve de marcher sur les pas de son maître. Alors que Justin est invité à participer à une prestigieuse compétition (le prix Thelonious Monk), la santé de Clark Terry se dégrade. Les deux musiciens se retrouvent face à un immense challenge. Un film touchant.

En première partie de soirée le talentueux trompettiste Fabien Mary et on trio évoqueront la musique qu’aimait jouer Clark Terry.

FABIEN MARY TRIO

Fabien Mary trompette
Hugo Lippi guitare
Sylvain Romano contrebasse

Django d’or Jeune Talent (2003), Jazz à Juan Révélation (2004), nominé pour le prix Django Reinhardt, sept albums en leader et une quarantaine en sideman, le trompettiste Fabien Mary de la petite formation au big band est un vrai jazzman.
« Chez le trompettiste à la technique impeccable, tout sonne juste. Une personnalité musicale exigeante et d’une élégance rare. »
Michel Contat.

Alhambra Cinémarseille
Le samedi 1 décembre 2018 à 20h30
12/15 €
www.jazzsurlaville.fr
2 rue du Cinéma
13016 Marseille
04 91 03 84 66

Article paru le mercredi 31 octobre 2018 dans Ventilo n° 417

Festival Jazz sur la Ville 2018

La fleur de jazz

 

Cent ans de jazz, douze ans de Jazz Sur la Ville. L’évènement automnal serait-il une fontaine de jouvence ? La profusion des propositions et des lieux qui les accueillent donne à voir un jazz buissonnant, débordant le cadre métropolitain sans se défausser de son urbanité originelle.

  L’évènement jazzistique automnal se singularise par des résurgences surprenantes. Ainsi de la programmation de l’extraordinaire trio Villéger/Milanta/Bramerie : leur dernier album en hommage à Billy Strayhorn est un précieux recueil de fables composées par le légendaire compagnon de route de Duke Ellington. Et, connaissant l’appétence de ce trio pour varier les plaisirs de l’improvisation, on se doute qu’ils ne livreront pas tout à fait le même set à l’Hôtel C2 et à l’Osons Jazz Club (une grange à l’acoustique impeccable, gérée par des passionnés en Haute-Provence). Sachant que pour André Villéger, le jazz c’est « comme une fondue de poireaux », on se délecte d’avance. D’un compositeur de légende à l’autre : des hommages à Léonard Bernstein par des musiciens classiques à la sauce « Broadway », rappelant ce que le jazz doit à la comédie musicale (en gros, une bonne partie de son répertoire originel). De même y aura-t-il des hommages à Lalo Schifrin : le créateur du thème de Mission Impossible, grand jazzman parmi les grands, se verra honoré tant à la mandoline (à l’Alcazar) que par un orchestre plus qu’étoffé — le Cri du Port recevant l’orchestre du pianiste Jean-Michel Bernard, dont l’hommage au chef hollywoodien d’origine argentine a été salué par la critique internationale, avec rien de moins que le légendaire Gascon Pierre Boussaguet à la contrebasse. Bien sûr, les notes bleues buissonneront dans leurs antres habituels. Le susnommé Cri du Port recevra par exemple le trio de Thomas Bramerie : le sémillant contrebassiste toulonnais de classe internationale et néanmoins d’origine périgourdine sort enfin un album à son nom, avec LE pianiste qui monte sur la place de Paris, Carl-Henri Morrisset. Bramerie sortant enfin de son statut de « sideman », la livraison live de son album Side Stories devrait laisser le public espanté. C’est une évidence de retrouver l’association Charlie Jazz dans l’évènement : tant qu’à buissonner, autant que le jazz le fasse sous les platanes de Fontblanche, fussent-ils sans feuilles et fût-ce en salle. En l’occurrence, du jazz venu de Finlande (Aki Rissanen Trio), histoire de se réchauffer un chouïa. L’AJMI d’Avignon sera de la partie avec le bien nommé groupe Novembre, emmené par les redoutables improvisateurs que sont Antony Ti-Hoang et Thibault Cellier (membre par ailleurs des doux dingues de Papanosh). Du jazz actuel également au Petit Duc à Aix avec le trio de la fantasque batteuse Anne Pacéo, ou encore avec Pierre de Bethmann, somptueux pianiste qui, avec Sylvain Romano à la contrebasse et Tony Rabeson à la batterie, décloisonne les genres musicaux dans une joyeuse sarabande. Sans oublier le projet joyeusement iconoclaste des Hard Dixie Four de Jean-François Bonnel : le camarade mestre aixois et ses acolytes proposent une relecture des morceaux les plus emblématiques du jazz moderne (Ornette Coleman, Wayne Shorter…) avec une instrumentation New Orleans — la musicalité du jeu de tuba d’Élise Stut conférant à l’ensemble la force de la féminité d’une musique trop souvent masculine, voire « masculiniste ». Le buisson jazzistique d’automne a besoin d’éléments nutritifs, qu’il va puiser notamment dans les viviers éducatifs que sont l’IMFP (à noter la présence de l’excellent bopper Gaël Horellou), la Cité de la Musique (où le terrible jeune saxophoniste Maxime Atger invite son « grand frère » Raphaël Imbert). Saluons également la programmation par la Mesón à l’auditorium de Cabriès d’un ciné-concert à destination du jeune public (mais pas que !) autour du film Le Petit Fugitif : le pianiste « machiniste » Nicolas Cante s’y livrera à quelque expérimentation musicale dont il a le secret. La veine éducative ne sera pas en reste avec le nouveau projet poético-didactique de la puissante pianiste Perrine Mansuy : la redoutable improvisatrice nous livrera quelques secrets de son art, a priori sans rien céder à la sensuelle magie du jazz. Et puisqu’il s’agit de nourrir une musique de danse, quoi de mieux que d’aller s’essayer au lindy hop avec les Shoeshiners d’Alice Martinez à la Bibliothèque du Merlan ou de se trémousser sur les rythmes caribéens d’Antony Joseph, dont les paroles savent aussi faire bouléguer les neurones (au Cabaret Aléatoire). Tant qu’à buissonner, autant laisser le jazz pousser hors des sentiers battus avec les maîtres improvisateurs que sont Claude Tchamitchian et Marc Ducret, ou bien (se ré)jouir à l’Embob’ lors du Coïtus Interruptus des frères Ceccaldi ! Et puisqu’il s’agit d’un festival « sur la ville », l’on se prend à rêver d’une session d’improvisation collective sur la Plaine : à l’heure où le cœur métropolitain est la proie des aménageurs, quelque performance jazzistique en notre agora eût été plus que la bienvenue… Gageons que le souffle du swing saurait abattre la muraille que les édiles y font installer !  

Laurent Dussutour

 

Festival Jazz sur la Ville : du 5/11 au 2/12 à Marseille et en Région Sud-PACA. Rens. : www.jazzsurlaville.fr

Le programme complet du festival Jazz sur la Ville ici