Imhotep & Soly + Casey

Hip-hop. Soirée hommage à Ibrahim Ali

Le 21 février 1995, Ibrahim Ali rentre avec les membres de son groupe de Rap B.VICE d'une répétition pour un concert en faveur de l'association Sol En Si. Ils courent pour attraper le bus qui dessert leur quartier, la Savine dans le 15e arrondissement de Marseille. Au niveau d'un carrefour, les 4 chemins des Ayagalades, ils croisent trois colleurs d'affiches du Front National qui les prennent en chasse. Ces derniers tirent à neuf reprises sur les jeunes.
Ibrahim Ali alias Chibaco est tué d'une balle dans le dos en tentant de trouver un endroit où se réfugier.

Depuis ce jour, Mbaé Tahamida Mohamed alias Soly écrit pour lui rendre hommage, pour que vive sa mémoire, pour dire que le racisme tue, que le FN a du sang sur les mains et pour appeler à la vigilance citoyenne.
L'hommage qu'il propose en collaboration avec Imothep dans le cadre du festival Massilia Afropéa est une thérapie collective mais aussi un témoignage sur Ibrahim Ali ; petit marseillais sans cesse renvoyé à ses origines comoriennes ; pour raconter les maux de sa famille et de ses amis en deuil depuis 23 ans. Pour que jamais sa mort ne tombe dans l'oubli et le silence.

Sur scène il sera accompagné du groupe Boras, une chorale de mères et d'enfants qui mènent un travail de mémoire et de découverte de la culture comorienne à travers les berceuses, de Sarah Ly, jeune chanteuse et compositrice formée à la Sound Musical School B.VICE, de Waka, rappeuse et beatmakeuse et de Hedi Mogne, neveu d'Ibrahim Ali.

En deuxième partie de soirée, la rappeuse Casey nous livrera son flow insolent et terriblement sincère.
Casey, d'ascendance martiniquaise, revendique son rap comme étant du rap de fils d'immigrés et non du rap français. Les thèmes les plus souvent abordés dans sa musique sont les problèmes de racisme, les violences policières, ainsi que le passé esclavagiste et colonial de la France.
En 2006, Casey publie trois projets indépendants. Elle publie en premier lieu un maxi intitulé Ennemi de l'ordre, suivi d'un street-CD, Hostile au stylo, en forme de rétrospective sur onze ans de la carrière de Casey. Elle publie également son premier album, Tragédie d'une trajectoire la même année.
En 2009, elle joue dans la pièce de théâtre Timon d'Athènes — Shakespeare and Slam, de la metteur en scène Razerka Ben Sadia-Levant. Dans cette adaptation de la pièce de Shakespeare, Timon d'Athènes, en partie rappée et slammée, Casey joue le rôle d'Apemantus, un philosophe cynique et revêche.
En 2010, Casey sort chez Anfalsh son nouvel album solo, Libérez la bête. Elle participe en 2014 à un nouveau projet collectif appelé Asocial Club, en collaboration avec les rappeurs Al, Prodige et Vîrus, ainsi que DJ Kozi, et cet ensemble abouti à un album, Toute entrée est définitive.
En novembre 2017, elle annonce dans une interview au Bondy Blog que son prochain album traitera notamment plus en détail de son expérience en tant que femme.


Toit-Terrasse de la Friche La Belle de Mai
Le dimanche 24 juin 2018 à 20h
Entrée libre
http://www.mp2018.com/evenements/massilia-afropea/
41 rue Jobin
13003 Marseille
04 95 04 95 95

Article paru le mercredi 13 juin 2018 dans Ventilo n° 412

Massilia Afropéa

Estime Team

 

Pour sa seconde édition, Massilia Afropéa, le festival transdisciplinaire imaginé par la metteuse en scène afrodescendante Eva Doumbia, se déploie sur six jours à la Savine et à la Friche La Belle de Mai, mettant à l’honneur une scène afropéenne vibrante et éloquente.

  Ce festival entreprend de combler un vide dans le paysage culturel français en « mettant au centre les narrations et les récits ignorés ». L’ensemble des projets sélectionnés témoigne d’une diversité foisonnante, mais aussi d’inspirations et de problématiques communes aux artistes afropéen.ne.s, qui se manifestent à travers leurs références littéraires ou les formes choisies. Plus qu’un événement culturel, Massilia Afropéa se veut un moment dédié à la valorisation des minorités, de leur héritage culturel et du métissage. Le choix de la Savine n’a rien d’anodin : c’est là que fut assassiné Ibrahim Ali, 17 ans, le 21 janvier 1995 par des colleurs d’affiche du FN. Deux concerts-événements en son hommage ont été pensés par son ami Soly B, du groupe de rap B.Vice, avec Imhotep, le 21 juin pour la fête de la musique à la Savine, et en clôture du festival le 24 à la Friche. La rappeuse Casey sera elle aussi de la partie et donnera en plus une masterclass le 22 à la Savine. Côté théâtre/performances/lectures, neuf rendez-vous attendent le public, parmi lesquels la recréation d’On ne badine pas avec l’amour par Eva Doumbia, qui fait dialoguer Musset avec les banlieues ; le texte de Carlyle Brown La Compagnie Africaine présente Richard III lu par un groupe composé de jeunes gens de la Savine, de comédiens et d’élèves de l’ERACM, dirigés par Gerty Dambury, suivi d’une discussion menée par l’universitaire Maboula Soumahoro ; le spectacle de transe Bonbon alcoolisé de Myriam Mihindou ; Carte Noire nommée Désir, la nouvelle création de Rébecca Chaillon avec Aurore Déon, sur la construction du désir chez les femmes noires... Au programme des projections/rencontres, l’écrivaine, journaliste et réalisatrice Rokhaya Diallo viendra accompagnée de la photographe Brigitte Sombié pour présenter l’exposition créée à partir de leur livre Afro!, qui compulse 110 portraits de Parisien.ne.s d’origine africaine portant leur cheveux naturels, non défrisés, suivant la mouvance « nappy » (« natural and happy »). Vers la tendresse, de la réalisatrice Alice Diop, qui a obtenu le César du meilleur court-métrage en 2017, dévoile une face intime de jeunes hommes de banlieue. Une conversation sur l’estime de soi sera animée par la philosophe Nadia Yala Kisukidi à la Savine, précédant une table sur les événements afropéens comme facteurs d’estime de soi à la Friche, en présence des collectifs Boucles d’Ebène, Les Rosas et Ethnofashion Tendances. Rayon beauté/mode/food, à l’instar de la pièce d’Eva Doumbia Moi et mon cheveu, le cheveu crépu et naturel est encore à l’honneur avec le projet Colored Only, de l’artiste Hélène Jayet, qui propose d’immortaliser des modèles aux coiffures crépues ou frisées, photographié.e.s de profil ou de trois quarts, façon médaille gravée, ou camée.

Barbara Chossis

 

Massilia Afropéa : du 19/06 au 22/06 à la Savine (15e) et les 23 & 24/06 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).

Rens. www.mp2018.com