Radio Babel

Polyphonies méditerranéennes et beatbox

Radio Babel Marseille
Par les timbres variés des voix et le groove du beat-box, les cinq hommes de Babel créent une variété de rythmes, de sons et d’ambiances, et nous mènent d’un pays à l’autre, d’une langue à une autre. Blues, combo, volutes arabes, racines occitanes sont les alliés d’une même destinée et finissent ensemble dans un bouge ou sur des rivages. Dans une ville où l’on change de continent en traversant la rue, Radio Babel Marseille chante ce monde depuis la Joliette, entre embarcadère et débarcadère, le regard toujours tourné vers l’ailleurs.
 

www.radiobabelmarseille.com

 

 

Auditorium Jean Moulin
Le vendredi 26 avril 2019 à 20h30
15 €
www.auditoriumjeanmoulin.com
971 Chemin des Estourans
84250 Le Thor
04 90 33 97 32

Article paru le mercredi 30 novembre 2016

Identités Remarquables | Radio Babel Marseille

A bon port

 

Radio Babel Marseille… Le nom sonne comme une invitation au voyage. Et ce n’est pas un hasard.

  Radio Babel sort tout juste de la deuxième édition du PriMed (Prix international du documentaire et du reportage méditerranéen). Comme l’an dernier, le groupe a été sollicité pour donner un concert à la cérémonie de remise des prix. Nous rencontrons donc pour l’occasion Gil et Fred. Avec trois autres chanteurs aux origines diverses, ils forment Radio Babel. Gil Aniorte Paz, c’est donc lui qui a eu la brillante idée de réunir Willy Le Corre (chanteur percussionniste), Mathieu « Joos » Jacinto (human beatbox), Frédéric Camprasse (chanteur basse) et Mehdi Laïfaoui (chanteur et percussionniste). Au départ, l’idée est simple : parler de Marseille, de son passé industriel, de son ouverture sur le monde. Lecteur invétéré de poèmes de Louis Brauquier, Marseillais du siècle dernier ayant habité à deux pas du récent studio de Radio Babel, Gil a souhaité exprimer via le groupe sa volonté de faire se rejoindre différentes origines et, donc, diverses histoires à raconter. Le genre ? Du vocal, de la polyphonie, du hip-hop, du beat box, du flamenco aussi. « Chacun peut y trouver quelque chose qui lui plaît, qui résonne en lui », explique Gil. L’invitation au voyage était lancée dès 2014 via un premier album, Vers des Docks et des Quais. Notamment dans le bien nommé Amor Viajero, titre emblématique du groupe… Elle se poursuit au fil des années et des concerts, toujours plus riches et nombreux. Mais c’est sans doute à Marseille (et sur Marseille) que le groupe aime s’exprimer. « Il serait faux de dire que les gens ne viennent plus aux concerts, surtout à Marseille, réagissent d’une même voix Gil et Fred. Oui, les gens ont envie de voir des concerts, oui, les gens restent curieux. » Peut-être grâce au travail de fond effectué en dehors des temps de concerts. Quand elle n’écrit pas, ne compose pas ou n’est pas en concert, la troupe s’attelle à des ateliers vocaux auprès des plus ou moins jeunes. « La voix, c’est universel. On a la capacité de la rendre accessible. Faire des ateliers, travailler sur le terrain de la médiation culturelle, c’est ce qui nous permet de payer le studio par exemple, dévoile Fred. C’est notre choix, notre modèle économique, notre évolution sans major. » Résultat : les gens viennent souvent se rendre compte par eux-mêmes de ce que ça donne sur scène. « On a rencontré des gens incroyables, cela permet un grand brassage culturel comme social, décrypte Gil. Voir une mémé qui n’a jamais chanté essayer sa voix, ça a quelque chose de magique. » Parmi les axes de travail du groupe, les ciné-concerts. Comme une manière de toucher un public parfois plus jeune, comme en a témoigné la diffusion au MuCEM de MinoPolska, film d’animation polonais des années 1960. Leur dernier album, In Situ, est sorti le vingt-cinq novembre dernier. Enregistré de manière inédite en binaural (une méthode d’enregistrement visant à reproduire la perception sonore naturelle humaine), il fait parcourir à l’auditeur différents lieux de la cité phocéenne, d’un tableau de l’Estaque (Toutes les puissances du globe) au panorama du J4 en passant par la mixité avec La Dame de la Joliette« Dans cet album, nous avons voulu utiliser les sons existants et environnants. » Ainsi, il appartient à l’auditeur de se laisser porter par le brouhaha du Cours Julien ou le chant des oiseaux du Port des Goudes. Mais parler de Marseille, c’est aussi (et surtout) parler de la Méditerranée, et plus largement du monde. Gil évoque un projet au Sénégal en 2017, via la participation au Boukout Festival, réunissant des artistes provençaux. Il murmure aussi des envies de Brésil. Après quatre ans de belles rencontres, de sens et de langage commun, comment ne pas ressentir l’envie de toujours plus dépasser les frontières ? En attendant, le « boys band » comme l’appelle Fred pour plaisanter, continuera de tracer sa route. Ses routes. Celles d’ici et d’ailleurs.

Charlotte Lazarewicz

 

Radio Babel Marseille : le 9/12 à l’Espace Marcel Pagnol (Lançon-Provence). Rens. : 04 13 29 02 03

Dans les bacs : In Situ (Music Inside Records)

Pour en savoir plus : www.radiobabelmarseille.com