Titi Robin & Roberto Saadna

Musique gitane, tzigane, espagnole

Première collaboration avec Les Passagers du Zinc, Scène de Musiques Actuelles de Châteaurenard, pour un concert exceptionnel avec l’un des pionniers des musiques du monde en France. Titi Robin, accueilli à plusieurs reprises par le festival, renoue ici en duo avec son complice Roberto Saadna, avec la saveur gitane et la puissance rythmique de ses premières formations ; de celles qui l’ont transportées du Théâtre Antique d’Arles au Hollywood Bowl de Los Angeles, via le Tata Theater de Bombay. Leur rencontre date de 1993 et de la sortie de l’album Gitans, sur lequel Titi Robin invitait les Rumberos Catalans. Issu du quartier gitan Saint-Jacques de Perpignan et spécialiste réputé de la rumba catalane, le guitariste et chanteur Roberto Saadna, est alors membre de cet orchestre. Il sera par la suite régulièrement invité sur les projets discographiques de Titi (Un ciel de cuivre, Kali Gadji). Titi Robin a construit très tôt un univers musical original, cherchant une harmonie entre les différentes cultures qu’il côtoyait quotidiennement et l’ayant directement et profondément influencé, principalement gitanes et orientales, mêlées intimement à l’univers occidental. Puisant son inspiration dans le cante flamenco de Camarón de la Isla, ou chez le maître irakien du ‘oud, Munir Bachir, les fêtes communautaires lui donnent l’occasion de tester la couleur originale de son approche musicale. Ses duos avec Hameed Khan, tabliste originaire de Jaipur et Erik Marchand, chanteur traditionnel breton marquent ses débuts sur la scène musiques du monde et ouvrent la voie au premier disque sorti en 1993 sous son nom, Gitans. Le nom de Titi Robin se construit peu à peu comme un incontournable et ses disques (Le Regard Nu, Payo Michto, Kali Gadji, Un ciel de cuivre) connaissent un succès retentissant. En 2002, il co-signe avec Gulabi Sapera, le disque Rhâki, ainsi que le spectacle Jivula. S’ensuivent d’excellentes rencontres créations ; Michto Maloya avec Danyel Waro, Mon histoire avec Esma Redzepova et enfin Jaadu avec Faiz Ali Faiz, que les festivaliers découvraient sur la scène du Théâtre Antique en 2010. L’album Kali Sultana, l’ombre du ghazal sort en 2008. Longue suite en deux volets, sept mouvements et trois intermèdes, cet album-fleuve se traduit par une épopée scénique de deux heures sans interruption. Paru en 2011, son projet de triptyque Les Rives, est également une entreprise de longue haleine qui lui tient particulièrement à cœur : enregistrer un disque dans chacun des trois pays suivants, l’Inde, la Turquie et le Maroc, autour de son répertoire avec des musiciens locaux, produit par une maison de disque locale et à destination du public local, afin de rendre aux cultures qui l’ont tant influencé ce qu’il estime leur devoir. En 2014, il marie ses paroles musicales et poétiques au sein de L’ombre d’une source, soutenu par la voix de Michael Lonsdale. En 2015, Taziri – que les festivaliers ont pu aussi découvrir au Théâtre Antique - marque le prolongement de sa collaboration avec le Gnawa Mehdi Nassouli, tandis que 2017 le voit rendre hommage au romancier Yaşar Kemal lors d’une tournée anatolienne. En 2018, sa musique change de peau et d’outils : usant pour la première fois d’une guitare électrique et posant sa voix sur ses propres mots pour Rebel Diwana. "Il était temps pour moi de revenir aux sources gitanes, de replonger dans la force du compás catalan et de ses palmas, de retrouver la voix unique et brûlante de Roberto Saadna." Titi Robin DISCOGRAPHIE (extraits) :Un ciel de cuivre, Naïve, 2000 ; Kali gadji, Silex/Naïve, 1998 ; Gitans, Silex/Naïve, 1993 ; Taziri, avec Mehdi Nassouli. World Village, 2015 ; Rebel Diwana, avec Shuheb Hasan & Mural Ali Khan. PIAS, 2018.

Théâtre Pécout
Le jeudi 5 mars 2020 à 19h30
15/25 €
http://www.suds-arles.com/fr/2020
2 Avenue de la Libération
13160 Châteaurenard

Article paru le mercredi 12 fvrier 2020 dans Ventilo n° 441

Les Suds, en hiver

On a trouvé la meilleure promo de chauffage de l’hiver. L’équipe des Suds installe un bain d’huile en plein cœur du pays arlésien pendant une semaine. Comme s’ils avaient réussi à encaisser un peu de la tension électrique régnant à Arles lors de l’édition estivale, et la déversaient généreusement pour calmer les manques grelottants. La soufflerie sudiste se déclenchera dans de pittoresques espaces patrimoniaux. Ainsi, dès l’ouverture, la Salle des Festins du Château de Tarascon se fera enceinte, amplifiant les rumeurs anatoliennes de la sulfureuse voix du barde kurde Rusan Filitzek. D’autres expériences audio-visuelles seront offertes à nos sens engourdis. Entre autres : un concert du duo occitan Pierre-Laurent Bertolino et Gurvant Le Gac entre les pieuses pierres de l’église Saint-Pierre de Mézoargues. Dupain béni ; une monumentale nuit radiophonique animée par Antoine Chao au sein du musée Réattu ; une relation intime entre la Cubaine Ana Carla Maza et son violoncelle, façonnant un sculpture sonore sensuelle au Musée Estrine de Saint-Rémy-de-Provence. Le tout pour rien, par dessous le marché. Au Théâtre Pécout de Châteaurenard, les Passagers du Zinc installent le chauffage par le sol en invitant nos pieds à le tambouriner sur les chaleureuses ondes gitanes et méditerranéennes de Titi Robin et Roberto Saadna. En véritable thermo maître, le folkeux camerounais Blick Bassy nous embarquera au Cargo de Nuit pour une virée en quatuor dans les mémoires ancestrales de ses origines. Les Suds, enivrés. Par les notes, par les images aussi. Plusieurs projections complètent la programmation itinérante : une immersion dans le reggae jamaïcain à son âge d’or avec le film Inna De Yard de Peter Webber ou un tour de piste des danses trad à travers Le Grand Bal de Laetitia Carton. Les Suds justifient leur pluralité autant par leurs styles que par leurs esthétiques, puisqu’expositions et littérature finiront de réconforter nos amours culturels ennuyés.

LPB

> Du 1er au 8/03 en Camargue

www.journalventilo.fr/sortie/66449