Jupiter and Okwess + Lo Còr de la Plana + Titi Robin

Musique du monde, entre Congo,Griots et musique occitane

Na kozonga : Je rentre chez moi. Cest le souhait de Jupiter, et le titre de son troisième album. Après Hotel Univers et Kin Sonic, « le Général Rebelle » et son groupe Okwess ont fait le tour du monde et fait entendre le son le plus rock jamais sorti du Congo ! Ce grand pays, scandale musical autant que géologique, est un réservoir inépuisable de rythmes et de sons dans lesquels puisent avec bonheur Jupiter et ses musiciens. De l’énergie pour les pieds, et de la nourriture (okwess) pour l’âme. Le tout porté avec énergie par un chef d’orchestre dont la silhouette longiligne et le verbe parabolique auraient fait pâlir d’envie les sculptures de Giacommetti. Et bien voilà, cette fabuleuse troupe n’a qu’une envie, rentrer au Congo. Car c’est à Kinshasa que Jupiter trouve son inspiration et qu’il eut, jeune homme, la révélation. Dans son nouvel album, furieux foisonnement où explosent les guitares, se détachent des moments de douceur où la voix du de Jupiter se fait intime, consolatrice, pour pleurer les amis chers (Marco, en hommage à Marc-Antoine Moreau qui fut son manageur), ou encore dans une samba lente (Sava Sarava, avec le carioca Rogê) qu’épousent à merveille les chœurs délicats de la rumba congolaise. Ouvert à tous les vents, à tous les voyages, et aux musiciens d’Okwess qui ont écrit et composé certains des morceaux, Na kozonga porte absolument toutes les qualités de Jupiter (« mon empreinte digitale » aime-t-il à dire). A ceux qui craignent que l’identité se perde dans le mélange, il prouve le contraire. Rien d’étonnant, quand on est partout chez soi. ​ Quant à la chanson dont l’album porte le nom, son refrain vous rappellera sans doute quelque chose. Elle fait partie de celles que Jupiter écoutait en Allemagne, sur un disque de Boney M. Elle est en fait allemande (Nighttrain, d’Hallo Bimmel bahn) mais s’épanouit ici dans des habits congolais. Le rock revient à sa source. Et de même que tous les humains ont des ancêtres africains, Jupiter en est persuadé, toutes les musiques ont aussi des ancêtres en Afrique. Voilà pourquoi il aime rentrer chez lui. Na kozonga. http://jupiterandokwess.com

Depuis plus de 40 ans, Titi Robin a navigué aux confluences des cultures tziganes, orientales et européennes, sur la vague impétueuse et majestueuse qui coule des contreforts de l'Inde à travers l'Asie centrale jusqu'aux rives de la mer Méditerranée. Il y a recherché puis construit patiemment un univers esthétique original. ​ Avec Ma Gavali, Titi Robin renoue avec la saveur gitane et la puissance rythmique de ses premières formations qui l’ont emmené de ce cher Théâtre Antique de la Camargue arlésienne à l’Hollywood Bowl de Los Angeles, en passant par le Tata Theater de Bombay. ​ Un retour aux sources qui marque également les retrouvailles avec Roberto Saadna, son compagnon de scène et ami à la voix unique et brûlante.

Titi Robin - Bouzoug, guitare, 'oud

Roberto Saadna - Chant, guitare, palmas

Francis Varis - Accordéon Ze Luis Nascimento - Percussions

Roberto Saadna Junior - Chœur, palmas

Chris Mailhe - Choeurs, palmas

Lo Cor de la Plana

Cinq voix masculines, sonores, accompagnées de multiples percussions fusionnent en un rituel rudimentaire et minimal autour d’un répertoire occitan dépoussiéré, façonnant une polyphonie injectée de swing, de groove et de franche bonne humeur. ​ Engagées ou non, les chansons deviennent tôt ou tard prétextes à la danse et à la transe. ​ Chaque apparition sur scène est un déferlement d’énergie, une montée fiévreuse qui emporte le public. Les chansons du chœur claquent, leurs pieds battent et leurs mains frappent. Au rythme des bendirs et tamburellos. Manu Théron - Chant, percussions, direction artistique Denis Sampiéri - Chant, percussions Benjamin Novarino-Giana - Chant, percussions Sébastien Spessa - Chant, percussions Rodin Kaufmann - Chant, percussions

 

Théâtre Silvain
Le samedi 19 juin 2021 à 19h
15/20 €
www.festival-caravanserail.com
Chemin du Pont / Anse de la Fausse Monnaie
13007 Marseille
04 91 14 54 29

Article paru le mercredi 9 juin 2021 dans Ventilo n° 448

Festival Caravansérail

Halte LA

 

Il est de ces événements culturels dont le lieu et la nature semblent faits pour s’entendre. Le festival de musiques du monde Caravansérail en offre un exemple parfait. Pour sa quatrième édition les 18 et 19 juin, l’enchanteur Théâtre Silvain captera à nouveau les sonorités nomades et aériennes d’artistes venus du monde entier. Oniriques et voluptueuses, telles se profilent ces retrouvailles à ciel ouvert avec les musiques d’ailleurs.

  Désignant originellement un lieu de halte pour les caravanes de marchands au Proche et Moyen Orient comme au Maghreb, le terme Caravansérail traduit à merveille l’ambition des initiateurs du festival : un temps en suspension, un espace de pause où les cultures musicales de tous bords se rencontrent, s’entrelacent et se répondent. Porté par le Pôle des Musiques du Monde de la Cité de la Musique depuis 2017, le festival collabore avec Arts et Musiques en Provence, la Maison du Chant et l’Éolienne, fédérant les énergies et les talents. Il se fait ainsi vitrine des ambitions de transmission et d’échange entre les cultures régionales, méditerranéennes et mondiales propres à chacune des structures. À l’image d’un métissage marseillais incomparable, chaque édition a su promener nos oreilles de flamenco en cumbia, de folk en rock, de maloya en afrobeat, dans un sentiment paradoxal d’universalité et de convivialité. Loin d’être en reste, le programme de cette nouvelle édition est un croisement d’influences et d’héritages variés, qui permet la contemplation et l’écoute du monde dans ses complexités. Le 18, le maître du flamenco Juan Carmonas proposera en septet une immersion dans le duende, puissante et personnelle. Autrement latins, les six musiciens de Lalala Napoli revisiteront les musiques populaires napolitaines, en ajoutant une touche d’Est et d’électrique au traditionnel. Enfin, et non des moindres, l’excellent groupe Orange Blossom clôturera cette première soirée. Auteur de la bande originale de la série Marseille et première partie de nombreuses dates de Led Zeppelin en 2006, ce projet mondialement connu mêle la musique orientale au rock et à l’électro, tel un road trip musical survolté. Créé par Pierre-Jean Chabot (violoniste et bassiste) en 1993, le groupe est d’abord exclusivement instrumental. Désormais parés de la voix et du charisme de la chanteuse égyptienne Hend Ahmed, les morceaux d’Orange Blossom sont autant d’expériences envoûtantes et poignantes. Le lendemain soir, le chœur battant de la plaine résonnera jusqu’à la Corniche, emporté par Manu Théron et sa bande, dans une transe occitane percutante. Les polyphonies du quintet sont porteuses d’une mémoire régionale inspirée de la tradition orale et habillé de bendir, tamburellos et autres instruments traditionnels, qui vaut au groupe une valeur de référence dans la musique occitane contemporaine. Parfait représentant du carrefour culturel qu’est l’événement, Titi Robin alliera, en sextet, la puissance de ses racines gitanes à des influences orientales et méditerranéennes. Ce concert marque le retour à ses côtés de Roberto Saadna, figure de la rumba catalane, avec qui il collaborait au Temps des Gitans. Pour clore ces soirées nomades, nous aurions dû nous enivrer de la kora de Sona Jobarteh, compositrice gambienne installée à Londres, finalement empêchée par les restrictions sanitaires. Qu’à cela ne tienne, le « général rebelle » conclura ce tour du globe musical de toute son énergie rock, aux commandes du groupe congolais Jupiter & Okwess, qui signe Bolingo, un EP qui signe un retour physique et musical de la formation à son pays d’origine, après une longue tournée mondiale. Distances et choix de voyages toujours restreints, le transport s’annonce pourtant total lors de ces jolis instants métissés.  

Lucie Ponthieux Bertram

 

Festival Caravansérail : les 18 et 19/06 au Théâtre Silvain (Chemin du Pont, 7e).

Rens. : www.festival-caravanserail.com

Pass sanitaire et port du masque obligatoires

Le programme complet du festival Caravansérail ici