Journée jeunesse

Ateliers, rencontre avec Aurélia Frey et projection de Persepolis de Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud

En journée

des ateliers sont articulés autour des thématiques de l’exposition comme l’architecture, les frontières, mais également autour de différentes pratiques artistiques comme le dessin, la vidéo, la peinture, le cinéma, la photographie, ou encore la sculpture.

  • Ateliers 10h-12h & 14h-16h

atelier avec Aurélia Frey: ancienne membre de la Casa de Velázquez (2008-2010), la photographe Aurélia Frey après une brève présentation de son travail animera deux ateliers de deux heures autour de la fabrication de cyanotypes : procédé photographique monochrome négatif ancien en vue de créer un petit herbier.

à 10h pour les enfants de 6 à 11 ans

à 14h pour les jeunes de 12 à 16 ans

 

  • 12h Rencontre avec Aurélia Frey : Frontières et passages, entre photographie et littérature à travers deux publications, Calle del Barco et Apnée

Calle del Barco est un livre utopique qui réunit 13 portraits littéraires et photographiques d’un quartier énigmatique de Madrid, entre Chueca et Malasaña. Photographies, citations, textes poétiques se mêlent pour suggérer la vie et l’âme d’une rue à la fois réelle et fantasmée. Fruit de la collaboration entre Nelly Labère, auteur, et Aurélia Frey, photographe, Calle del Barco invite à entrer dans l’imaginaire d’une ville secrète et sensuelle, Madrid.

Apnée – photographies d’Aurélia Frey texte d’Emmelene Landon Aurélia et moi nous baladons sur l’île de Ratonneau, en pleine lumière, à chaque pas des papillons jaunes surgissent des buissons. La blondeur d’Aurélia  reflète le soleil. Nous ne nous sommes pas vues depuis un an, peut-être deux. Nous nous retrouvons sur cette île, dans l’empreinte laissée par ses photos, comme quand on ferme les yeux après avoir regardé le soleil. Une tache. Comment mémoriser une tache ? Comment décrire un éblouissement ? Comment garder l’empreinte d’un éblouissement ? (On arrête de respirer.)

  • 16H30-18h projection de Persepolis réalisé par Marjane Satrapi et Vincent Paronnaud [1h35]

Téhéran 1978 : Marjane, huit ans, songe à l’avenir et se rêve en prophète sauvant le monde. Choyée par des parents modernes et cultivés, particulièrement liée à sa grand-mère, elle suit avec exaltation les évènements qui vont mener à la révolution et provoquer la chute du régime du Chah. Avec l’instauration de la République islamique débute le temps des « commissaires de la révolution » qui contrôlent tenues et comportem ents. Marjane qui doit porter le voile, se rêve désormais en révolutionnaire. Bientôt, la guerre contre l’Irak entraîne bombardements, privations, et disparitions de proches. La répression intérieure devient chaque jour plus sévère. Dans un contexte de plus en plus pénible, sa langue bien pendue et ses positions rebelles deviennent problématiques. Ses parents décident alors de l’envoyer en Autriche pour la protéger. À Vienne, Marjane vit à quatorze ans sa deuxième révolution : l’adolescence, la liberté, les vertiges de l’amour mais aussi l’exil, la solitude et la différence.

Villa Cosquer Méditerranée
Le mercredi 3 octobre 2018 à 10h
Entrée libre
https://vivavilla.info/
Esplanade du J4
13002 Marseille

Article paru le jeudi 20 septembre 2018 dans Ventilo n° 414

Festival ¡ Viva Villa !

Création sans frontières

 

Deux semaines de formes et de fonds autour des idées de frontières et d’architecture dans ce qu’elles peuvent avoir de plus signifiant pour raconter une époque et ses ruines. Tous les médiums et tous les moyens d’expression réunis en une manifestation rassemblant les pensionnaires des trois résidences d’artistes les plus convoitées par les créateurs en mal de moyens d’existence primaires… Bienvenue à Viva Villa !

  « Je ne connais pas Marseille. Je n’y ai jamais mis les pieds. J’y étais la nuit dernière — en rêve — mais c’est à peu près tout. Je vais découvrir Marseille à l’occasion de Viva Villa : une bonne excuse pour une plongée en apnée dans la matière de la ville. »  Dos au monde / Dérive Première : Marseille - Lecture de Boris Bergmann (Villa Médicis)   Pensé et créé en 2016 par Muriel Mayette-Holtz (directrice de la Villa Médicis), Michel Bertrand (directeur de la Casa de Velázquez) et Charlotte Fouchet-Ishii (directrice de la Villa Kujoyama), le festival ¡ Viva Villa ! réunit les pensionnaires des trois résidences françaises à l’étranger entre les murs en porte-à-faux de la belle Villa Méditerranée de Stefano Boeri, après deux premières éditions à Paris. Les intentions du festival sont multiples : du point de vue des artistes, c’est notamment une extraordinaire vitrine de fin de résidence, et du point de vue du public, un panorama des travaux menés pendant une année (17-18), rassemblés en une exposition collective d’envergure et transdisciplinaire, à l’image des trois « maisons ». L’exposition est enrichie d’un programme d’évènements associés, durant lesquels s’expriment les arts vivants, mais également des rencontres et des discussions publiques concourant à réfléchir, à penser et à vivre la vitalité de la résidence d’artistes (étrangère de surcroît), véritable vivier de la création contemporaine (institutionnalisée). Rappelons en deux mots que même si les conditions d’accueil sont différentes à Rome, à Madrid ou à Kyoto, la résidence offre toujours aux artistes un cadre de travail à couper le souffle, et surtout les deux conditions sine qua none à la création : de l’argent et du temps. Rappelons également à ce stade que d’autres s’intéressent de très près à cette question de la résidence d’artiste, qu’ils préféreraient « plus efficace et plus économe » ((Lire à ce sujet les papiers de Roxana Azimi dans Le Magazine du Monde du 19 janvier 2017, celui de Clarisse Fabre dans Le Monde du 27 juin dernier et celui de Anne Laurens dans Les Inrocks le 9 septembre.)), et qu’une circulaire signée Audrey Azoulay datant du 8 juin 2016 donne encore les orientations pour les DRAC en matière de résidence d’artistes… Sans compter les douloureuses conclusions du fameux rapport demandé à Thierry Tuot par Emmanuel Macron en juin dernier ((Lettre de mission adressée à Mr Thierry Tuot par Emmanuel Macron : cgt-culture.fr/wp-content/uploads/2018/08/Lettre-Mission-r%C3%A9sidences-dartiste-T.-Tuot.pdf)). ¡ Viva Villa !, c’est 90 architectes, designers, peintres, sculpteurs, performeurs, restaurateurs, bédéistes, commissaires d’exposition, danseurs, compositeurs et réalisateurs (vingt disciplines représentées), dont les œuvres vont s’organiser autour des idées de frontières — de leur étanchéité à leur porosité — et d’architecture comme paradigmes déchus de leur époque. Le versant politique d’une telle idée de départ était difficilement contournable et sûrement non souhaitable ; à l’instar de ce que laisse présager la performance de Marie Schneider (Casa de Velázquez), intitulée Le Naufrage. Parmi les intervenants, on retrouve presque tous les acteurs locaux concernés de près ou de loin par les résidences d’artistes, et des experts de la question comme Christian Merlhiot. Le nouveau directeur de l’École supérieure d’Art d’Aix-en-Provence, à la fois ancien pensionnaire de la Villa Médicis et ancien co-directeur de la Villa Kujoyama à Kyoto, présentera avec Jean Cristofol L’antiAtlas des frontières, du nom du collectif éponyme ((L’antiAtlas des frontières est un collectif de chercheurs, d’artistes et d’experts. Articulant recherche et création artistique, ils tentent d’aborder de manière inédite les mutations des frontières et des espaces de nos sociétés contemporaines. Rens. : antiatlas.net/))). Autres intervenants notables : l’architecte Stefano Boeri, la commissaire Chiara Parisi ((Actuellement chargée des expositions d’art contemporain à la Villa Médicis, ancienne directrice des Programmes culturels à la Monnaie de Paris (le plug de McCarthy) et dernière présidente en titre du comité de sélection de Paréidolie, le salon international du dessin contemporain à Marseille)), les philosophes Marie-José Mondzain et Barbara Cassin ou encore l’artiste Koo Jeong-A… La liste est encore longue. À l’instar du film de Yuki Okumura, Welcome Back, Gordon Matta-Clark, l’artiste anarchitecte fait office de figue tutélaire pour une partie des travaux des pensionnaires. Comme il est dit dans le texte des commissaires, le caractère politique des œuvres d’aujourd’hui s’inscrit dans la tradition d’une scène artistique des années 60-70 dont Matta Clark pouvait être emblématique quant à son engagement politique qui s’exprimait par la déconstruction (découpage) d’immeubles de quartiers en processus violent de rénovation urbaine. L’ensemble des travaux sont ici organisés selon des grands thèmes effeuillant ce que l’architecture peut dire d’une époque, de ses exactions socio-économiques, mais aussi dans ses bâtis les plus extravertis, dans ses plus folles réalisations, dans ses utopies les plus saugrenues, dans ses formes les plus inadéquates à leur fonction, dans ses éléphants blancs restés sur le bord des routes, dans les vestiges de paradigmes révolus… L’architecture demeurant une question indissociable de la question écologique, politique et sociale, les artistes présentés dans ¡ Viva Villa ! rendent compte d’une époque qui souffre d’une déconvenue certaine et ne désespèrent pas d’en réveiller certains. Si d’aventure les desseins fomentés par ceux qui souhaiteraient aboutir à « un système national de sélection et d’orientation des artistes », mais aussi, « le cas échéant, [à] la réorientation, la création ou la suppression de résidences en fonction des objectifs stratégiques du soutien de l’État(2) » voyaient le jour, il reste fort à parier que la prochaine édition de ¡ Viva Villa ! soit beaucoup moins stimulante que celle que Marseille a la très grande chance d’accueillir.  

Céline Ghisleri

 

Festival ¡ Viva Villa ! : du 29/09 au 7/10 à la Villa Méditerranée (Promenade Robert Laffont, 2e).

Rens. : https://vivavilla.info

Le programme complet du festival ¡Viva Villa ! ici