Portraits de groupe (V.O.)

Thématique consacrée aux films où le héros n'est pas un individu, mais un collectif, une famille ou une communauté.

Le Gyptis s’intéresse ce mois-ci aux portraits de groupe : les films où le héros n’est pas un individu, mais un collectif, une famille ou une communauté. Cette programmation se construit autour de notre coup de coeur, l’impressionnant Samouni Road de Stefano Savona. Mi documentaire, mi film d’animation, cette oeuvre hybride nous mène du destin d’une petite fille à celui de sa famille, les Samouni, en passant par celui des habitants de Gaza ébranlés par l’opération « plomb durci » en 2008/2009. Autour de ce film (accompagné d’une rencontre le 7 novembre), nous vous proposons plusieurs événements. 

10 ans après son tournage, venez rencontrer les protagonistes de Cheminots, documentaire de Luc Joulé et Sébastien Jousse, qui donne à voir un corps social mis à mal (celui de la SNCF) mais aussi une conception du travail qui s’incarne dans des individus défendant une haute idée du service public. 

Dans le documentaire 300 Hommes d’Aline Dalbis et Emmanuel Gras, projeté dans le cadre de la Journée internationale pour l’élimination de la pauvreté, on découvre une communauté de destins, des laissés-pour-compte, et une structure qui tente de les aider, le centre Forbin à Marseille. 

Nous avons aussi la chance de vous offrir en avant-première le documentaire Black Indians, qui nous plonge dans la culture de certains afro-américains de la Nouvelle-Orléans, mêlée à la culture amérindienne. 

Avec le festival Image de ville, nous vous proposons un film rare, culte, un chef d’oeuvre du cinéma algérien : Tahia ya Didou ! de Mohamed Zinet. Il construit, entre fiction et documentaire, un portrait de la ville d’Alger en 1970 à travers ses habitants et ceux qui la parcourent. Autour de cette merveille, une programmation de films sur Alger est à venir… 

En partenariat avec Les Rencontres à l’échelle, venez aussi découvrir l’étrange et poignant objet Le Tribunal sur le Congo. Milo Rau, considéré comme l’un des maîtres du théâtre dit documentaire, orchestre pour le cinéma un tribunal fictif en faisant appel aux témoignages de victimes et de représentants du gouvernement bien réels dans le but d’éclairer la sanglante guerre civile en République démocratique du Congo. 

Et enfin, dans le cadre de cette thématique, découvrez notre programmation de grands classiques (dont le jouissif West Side Story) et de films d’actualité !

Cinéma Le Gyptis
Du 10 octobre au 20 novembre 2018
5/6 €
Rens. 04 95 04 96 25
www.lafriche.org
136 rue Loubon
13003 Marseille
04 95 04 96 25

Article paru le mercredi 17 octobre 2018 dans Ventilo n° 416

Thématique « Portrait de groupe »

Bande à part

 

Jusqu’au 20 novembre, le Gyptis nous présente sa nouvelle programmation, dans laquelle s’inscrit sa thématique du mois, « Portrait de groupe », qui se penche sur les aventures collectives au cinéma, un genre à part entière.

  Le cinéma est une aventure collective. Quand pour d’autres arts, sauf exceptions, se substitue à la création artistique un dispositif des plus épurés, l’œuvre cinématographique n’existe que par la complémentarité des nombreux maillons de la chaîne industrielle qu’est le cinéma. Dans ce travail de groupe, le film ne prend corps que par l’apport de la plus petite participation à ce dernier, l’ensemble de l’œuvre en mouvement devenant le fruit de la conjugaison de ses parties. Parfois, cette communauté artificiellement rassemblée se retrouve des deux côtés de la caméra, dans le processus de création, et dans le film même. C’est cette thématique que l’équipe du Gyptis a décidé d’explorer ce mois-ci, fidèle à sa contrainte, qui offre pourtant bien des libertés, de programmer la salle de la Belle de Mai sous l’angle de cycles cinématographiques. « Portrait de groupe » nous permettra ainsi d’explorer une poignée de films dans lesquels le collectif devient l’axe pivot de la narration, contrairement à l’individu sur-représenté au cinéma. Ces micro-sociétés représentées prennent ainsi plusieurs visages : celui de la lutte commune, de la famille, de la survie, de l’affirmation d’une identité. À commencer par l’excellent Samouni Road de Stefano Savona, également programmé à Gardanne (voir page 27), portrait d’une famille gazaouite avant, pendant et après la guerre, qui mêle superbement parties filmées et animation. S’ajoute à cette programmation le saisissant opus de Jo Béranger, Hugues Poulain et Édith Patrouilleau Black Indians, qui nous plonge au cœur de La Nouvelle Orléans, pour une curieuse mais magnifique fusion entre les cultures indienne et afro-américaine. Enfin, deux films inédits viendront nous rappeler tout le beau travail de défrichage cinématographique du Gyptis : Le Tribunal sur le Congo de Milo Rau et Tahia ya Didou ! de Mohamed Zinet, deux œuvres douloureuses mais nécessaires, qui offriront une représentation du monde et de la force du collectif à nulle autre pareil. Citons enfin quelques films devenus désormais classiques au sein de cette programmation automnale : le Cheminots de Luc Joulé et Sébastien Jousse, opus de 2010 qui reste malheureusement d’une fulgurante actualité, 300 hommes d’Emmanuel Gras et Aline Dalbis, qui l’est hélas tout autant, sans oublier Nos batailles de Guillaume Senez, et les mythiques West Side Story de Robert Wise et Jerome Robbins et Les 7 Samouraïs d’Akira Kurosawa.

Emmanuel Vigne

 

Thématique « Portrait de groupe » : jusqu’au 20/11 au Cinéma Le Gyptis (136 rue Loubon, 3e).

Rens. http://www.lafriche.org

Le programme complet de la thématique « Portrait de groupe » ici