Technomancie

2e édition du temps fort des laboratoires deletere associés cette année à DDAContemporaryArt Diffusing Digital Art : expos (Marie Lienhard, Adelin Schweitzer, Damien Sorrentino Grégoire Lauvin, Clémence Doutre, Pascale Leblanc Lavigne et Matthieu Bertea), concerts (Fenshu, Hank!, Brane Project) et performances (Luce Moreau, Pina Wood, Jenny Abouav, NAO)

TECHNOMANCIE2 c'est le temps fort des laboratoires deletere associés cette année à DDAContemporaryArt Diffusing Digital Art et dédié aux nouvelles pratiques artistiques induites par les technologies numériques. Le néologisme servant de titre à l’événement combine technologie et magie comme hypothèse de pratique pour les artistes.


Expositions

LOGICS OF GOLD - Marie Lienhard
Logics Of Gold permet de faire l’expérience d’un vol jusqu’au bord de l’univers grâce à une vidéo en réalité virtuelle. À l’aide des nouvelles technologies, Logics Of Gold donne accès à une réalité sinon inaccessible en raison des lois de la gravité et hauteurs extrêmes. 
L’expérience, visuellement immersive procure au spectateur une sensation physique d’apesanteur impressionnante, ouvrant les frontières entre le possible et l’impossible, entre le réel et le virtuel.
http://www.marie-lienhard.com

EXPLORATIO LUNARIS - Adelin Schweitzer
Nous avons marché sur la Lune, en passant par la lucarne. L’humanité a contemplé sa sorcellerie, immédiatement médiatisée, très vite trivialisée. Nous avons glissé du ravissement technique vers la banalité du miracle. « Avons-nous marché sur la lune ? » interrogent-certains depuis d’autres lucarnes. Nous pouvons répondre : « la Lune a disparu dès le premier pas, abîmée dans la première empreinte. » Nostalgie : avant d’être réalisé, le rêve conserve toute la richesse du possible. On a rêvé l’atteindre à l’aide de fioles de rosées, sur une sauterelle mécanique, par la force des marées ou dans une fusée rouge et blanche comme une nappe de bistrot. Aujourd’hui pour la balade on se contentera d’un œil et d’une échelle.
http://deletere.org/pdf/a.schweitzer/

DOMESTIC SCIENCE #5- Damien Sorrentino
Artiste polyvalent, Damien Sorrentino se plaît à croiser les genres et les disciplines. Sculpteur, dessinateur et photographe de formation il se tournera très tôt vers la partie vibratoire de la matière. Son approche expérimentale de la musique et du son le conduit à développer différents instruments, programmes de composition, d’écoute et de synthèse sonores qui sollicitent les sens du public et interrogent son statut de spectateur (Migrator A, Instrumentarium, Boispat, Radiocigale). Ses œuvres attestent également d’une sensibilité pour les territoires, les paysages, les limites et les variations aussi bien visuelles que topographiques (ZAR, oasis, stone rock monument...). Attentif à l’abstraction que peut revêtir un support censé représenter la réalité, les cartes et les photographies sont pour lui autant un moyen de se repérer dans l’espace que de s’y perdre. Son intérêt pour les sciences l’emmène à réaliser de nombreux dispositifs, machines analogiques et numériques, des outils qu’il présente comme des instruments d’exploration du réel et les expositions comme des rapports d’explorations. Sur fond de crise humanitaire et écologique, il a engagé depuis 2010 un regard critique sur le monde et se consacre désormais au son, à la recherche et à la transmission. Il enseigne le son et l’installation à l’école des Beaux Arts de Monaco depuis 2006. Il co-réalise actuellement avec Nicolas Gerber un film sur l’histoire de la géologie russe, en parallèle de compositions sonores, de projets pédagogiques et curatoriaux (concerts, expositions). En 2018 il rejoint à Marseille le collectif deletere.

MASSACRE - Grégoire Lauvin
Massacre se présente comme une série de trophées, une collection d’objets technologiques prélevés sur le corps des machines sauvages qui peuplent les rues et les fossés.
Dans le vocabulaire de la chasse, on appelle « massacre » le crâne et la ramure d’un cerf préparé et monté sur un écusson de bois.
Chaque Massacre est l’assemblage unique d’un moteur, d’un haut-parleur et d’une pile. Activé par le visiteur, il produit un son, comme l’émanation fantomatique de la voix de ces machines dépecées et conservées pour toujours.
Grégoire Lauvin est artiste, chercheur au laboratoire PRISM (CRNS), enseignant et développeur. Il travaille principalement dans le champ de l’art numérique et sonore.
http://locusonus.org/w/?page=Proj+Lauvin

F.C.L.N - Clémence Doutre
La science-fiction utilise souvent la société des fourmis comme l’image d’une forme de totalitarisme. Leur modèle de société, gouverné par la Reine nous renvoie à la dystopie cyberpunk d’un monde gouverné par le super ordinateur qui organise à l’aide de ses phéromones la réalité que nous percevons. 'F.C.L.N’ est une installation papier et robotique qui interroge le public sur sa relation entre nature et société. Ce projet est le fruit de la rencontre de deux artistes aux pratiques et aux imaginaires en apparence opposés Clémence Doutre et NAO.

L’ENVOLÉE - Pascale Leblanc Lavigne
L’Envolée est une sculpture cinétique et sonore à l’aspect instable faite de matériaux modestes et industriels. Déséquilibré au sommet d’un arbre en acier fin, un moteur active laborieusement les tiges de cuivre de façon à ce qu’elles battent. Au fur et à mesure que les tiges de métal montent et descendent, elles se heurtent les unes aux autres de façon disjointe et produisent des sons métalliques. Tous les éléments de la sculpture sont fabriqués et assemblés de façon décontractée, voire extemporanée. Ainsi, les rythmes erratiques induits par le mouvement et le son, ainsi que l’esthétique brute des composants, intensifient l’aspect dangereux, mais délicat de cette réalisation.

Pascale LeBlanc Lavigne donne vie à des œuvres cinétiques et sonores imprécises qui explorent ainsi la matière sous pression. Malgré la précarité de leur assemblage, ces pièces sont conçues dans l’intention d’arriver à générer des formes qui portent un écho poétique dans un état transitoire qui s’étend entre création et destruction. Depuis 2015, elle est titulaire d’un baccalauréat en arts visuels et médiatiques de l’Université Laval où elle poursuit maintenant une maîtrise dans le même domaine. Tout au long de ses études, son travail a été remarqué par les centres d’artistes Avatar, La Bande Vidéo et LA CHAMBRE BLANCHE. Depuis, son travail a été présenté sous forme d’expositions individuelles et de diverses expositions collectives au Québec et au festival d’art sonore TSONAMI au Chili.
https://www.pascaleleblanclavigne.com

COMME LES FLEURS PRESSÉES - Matthieu Bertea
Ceux qui croiseront mon chemin risqueront d’être choisis. Ceux qui seront choisis seront scannés. Ceux qui seront scannés seront touchés, transformés et collectionnés comme des fleurs sauvages. Coupées puis pressées dans un livre infini et immatériel ; car les fleurs pressées, tout comme les âmes, sont éternelles.
http://www.matthieubertea.com


Concerts

FENSHU
LE 12 octobre de 20:15 à 21:15 - Sur la grande scène
Musicien, graphiste, bricoleur DIY au sein de reso-nance et du fablab LFO, il est à l’aise avec du code Pure Data, des compositions plus classiques, des instruments à cordes, ou quelques composants électroniques.
Ses influences diverses (Aphex Twin, Autechre, Chris Clark, Nine Inch Nails, Ben Frost, Steve Reich…) constituent un univers sonore cinématographique où de douces mélodies organiques rencontrent la froideur numérique de rythmes déstructurés.
https://www.iotrecords.org/fenshu-uk

HANK!
Le 12 octobre de 21:15 à 22:15 - Sur la grande scène
1969, les Américains envahissent la lune.
Charles Bukowski s’en fout, il picole et enregistre ses poèmes, tout seul, dans sa chambre à Los Angeles.
2016, Bukowski est mort depuis un bail.
Trois mecs tombent par hasard sur ses enregistrements et décident qu’ils ne trouveront pas meilleur chanteur, vivant ou mort.
Ils appellent le groupe HANK !
Si vous aimez le punk bancal et le hip-hop crasseux, la basse épaisse et les courses de chevaux, les synthés enrhumés et la lumière des néons ; HANK ! est pour vous.
HANK ! c’est beau comme un sexe avec les poils, comme un cigare écrasé dans une assiette pas finie, comme un smog accouchant d’un soleil.
https://soundcloud.com/triplehank/albums

INTO THE BRANE - Brane Project (Gaëtan Parseihian / Raphaële Dupire Loubaton / Robert Kieffer)
Le 12 octobre de 18:00 à 19:00 - Le 13 octobre de 18:00 à 19:00 - Dans le verger
Dans le formalisme de la théorie des cordes, une p-brane est un objet étendu, le p représentant le nombre de dimensions spatiales qui la composent. Lorsque deux branes se rencontrent, elles donnent naissance à un nouvel univers. Chaque brane possédant ses propres caractéristiques vibratoires, des univers singuliers peuvent ainsi apparaître. Brane Project s’inspire de ce concept pour proposer à l’auditeur, de nouveaux univers sonores issus des vibrations créatives de ses compositeurs. C’est au cœur de notre système de diffusion que ces nouveaux espaces peuvent être appréhendés sous leurs multitudes de dimensions.
Comme une p-brane, Brane Project comporte plusieurs dimensions. Cette cellule s’est construite autour de quatre entités, chacune porteuse de désirs propres à leurs convictions, mais le cœur de la démarche est commun : la possibilité de créer un dispositif qui permette d’immerger totalement, d’emporter ne serait-ce qu’un instant l’auditeur. L’un des formants de cette cellule est un composant simple : raconter des histoires, ou plutôt faire vivre ces instants sonores dans les meilleures conditions possibles.
http://www.braneproject.com/pages/index_fr.html

DJ set
Le 12 octobre de 22:00 à 23:00 - Sur la grande scène

Performances

CAMOUFLÉES - Luce Moreau
Le 13 octobre de 20:00 à 20:30 - Sur la grande scène
Fiction d’anticipation mettant en scène des ruches abandonnées qui sont peintes en trompe-l’œil de façon à « disparaître », à se fondre dans le paysage. Notions de résilience, de camouflage, de survie. L’abeille doit-elle se cacher des humains pour survivre ? L’action par l’artiste de peindre les ruches est également une performance, une anamorphose dans l’espace et dans le temps.
https://www.lucemoreau.com

PARCE QUE LES MAJORETTES FINISSENT TOUTES SOUS UN TAS DE BÛCHES OU DANS UNE BÉTONNEUSE - Pina Wood avec Hélios Mikhail & Frédéric Devaux
Le 12 octobre de 19:00 à 19:45 et Le 13 octobre de 17:00 à 17:45 à la clairière - Dans la prairie
Une fausse émission radio qui explore le vacarme de la mise en scène du débat.
http://www.generikvapeur.com/pina-wood/

MŪ - Jenny Abouav
Le 13 octobre de 19:15 à 19:45 - Dans les jardins
Mū est une performance sonore où l’écoute nous invite à traverser différents paysages sonores et lumineux. Par ses gestes et l’ombre de son corps, la performeuse interagit avec des panneaux solaires qui transforment les rayons lumineux en fréquences pour créer une composition générative qui fait corps avec l’espace. Les textures électroniques nous emportent dans un univers aux sonorités organiques et en perturbent la porosité.

PET-SOUND - NAO<=a(TNK)
Le 13 octobre de 20:00 à 20:30 - Sur la grande scène
D’après la tradition japonaise, les chats qui vivent plus de 10 ans se transforment en démons. Ils ont une double queue et dansent au clair de lune. 
Les objets et les êtres ont leur propre âme et renaissent après la mort en « Mononoke » (fantôme d’objet). Cet animisme shinto crée une culture robotique spécifique. En effet, au Japon, la plupart des robots sont décrits comme des amis humains, qui mangent, dorment et tombent amoureux. Le projet ‘Pet-sound’, questionne la relation entre un homme et un robot. Quelle est la place des robots dans notre société ? Dans quelle mesure, peut-on comparer les robots à des animaux domestiques ? Imaginons un robot domestique dont les mouvements sont fonction des déplacements de son maître...
http://www.projects.drabs.org

BALLAST - Lucien Gaudion
Le 13 octobre de 20:45 à 21:15 - Sur la petite scène
La performance consiste à explorer le potentiel sonore d’un réseau électrique. Pour cela des micros captant les champs électromagnétiques rendent audibles les décharges d’allumages de tubes fluorescents (néons).
Chacun des interrupteurs des tubes fluorescents est actionné indépendamment grâce à une carte électronique connectée à un ordinateur. Ainsi par le biais d’algorithmes produisant des séquences d’allumage, ces décharges deviennent des processus rythmiques audibles contrôlés en direct.
L’influx électrique devient perceptible à la fois par la lumière et le son dans un dialogue ultra-synchrone. L’électricité devenue phénomène physique réagence l’espace de monstration dans une expérience à la fois synesthésique et épileptique.
http://cargocollective.com/luciengaudion

Le Couvent
Les 12 et 13 oct. : sam 13h-23h - dim 10h-21h30
5 € (prix conseillé)
http://www.technomancie.deletere.org/
52 rue Levat
13003 Marseille

Article paru le mercredi 2 octobre 2019 dans Ventilo n° 434

Technomancie 2 au Couvent Levat

Le futur en chantier

 

Pour la deuxième édition de Technomancie, les laboratoires Deletere et Digital Diffusing Art proposent un week-end fourmillant d’idées et de sensations autour des nouvelles technologies. Petit tour d’horizon.

  « Les enjeux des nouvelles colonies humaines ne se situent plus dans le cosmos ou dans les gisements profonds de la terre et des océans. C’est aujourd’hui dans les méandres des territoires technologiques (cyberespace, jeux en réseaux, réseaux sociaux, réalité augmentée) que les multinationales et autres startups pensent le monde de demain... » Si la fabrique du futur passera inévitablement par les nouvelles technologies, gageons que les entreprises dont il est question ici, à commencer par les GAFA, ne soient pas les seules à l’imaginer — même si elles ont pris de l’avance… Aux citoyens de s’emparer de cette réflexion ; et aux artistes de les guider. Car la « fonction » de l’artiste n’est-elle pas d’interroger l’autre, d’amener l’observateur à réfléchir, voire à remettre en question sa compréhension et sa vision de la société ? Tel est tout l’enjeu de ce deuxième temps fort proposé par les laboratoires Deletere et Digital Diffusing Art et répondant à l’étrange nom de Technomancie. Apparu il y a près d’un siècle (!), le terme de « technomancie » fait référence à une catégorie de capacités magiques affectant la technologie ou à des pouvoirs magiques obtenus grâce à la l’utilisation de la technologie. Ici, il s’agit de combiner « technologie et magie comme hypothèse de pratique pour les artistes. » La vidéo en réalité virtuelle de Marie Lienhard Logics of Gold (projetée au Vidéodrome 2 pour la soirée de lancement et en boucle dans la chapelle du Couvent Levat pendant tout le week-end) en offre le parfait exemple, puisqu’elle permet au spectateur de faire l’expérience d’un vol « au bord de l’univers », lui procurant une sensation physique d’apesanteur inaccessible dans le réel. Les autres artistes exposés aux Couvent Levat proposent également de titiller nos sens via des installations interactives (Grégoire Lauvin, Matthieu Bertea) ou des œuvres numériques entre poésie sensible (Damien Sorrentino, Pascale Leblanc Lavigne) et interrogation sur notre rapport à la réalité (Clémence Doutre, Adelin Schweitzer). S’il est un champ artistique permettant de sonder tout le potentiel des nouvelles technologies, c’est bien la performance. Qu’il s’agisse d’étudier la culture robotique japonaise issue de l’animisme shinto, qui confère à ses automates des comportements propres aux animaux domestiques (le projet Pet-sound), d’explorer le potentiel sonore d’un réseau électrique (Lucien Gaudion) ou de panneaux solaires (Jenny Abouav). Conférences et concerts (l’électro cinématographique de Fenshu, le hip-hop punk de Hank!, le dispositif immersif de Brane Project) viendront compléter une programmation d’une richesse inouïe, permettant aussi bien de (re)découvrir l’infini champ des possibles numérique que de faire le plein de sens.  

Cynthia Cucchi

 

Technomancie 2 : les 12 & 13/10 au Couvent Levat (52 rue Levat, 3e).

Soirée de lancement : le 2/10 au Vidéodrome 2 (49 cours Julien, 6e).

Rens. : www.technomancie.deletere.org

Le programme complet de Technomancie #2 ici