Lignes de fuite ^(V.O.)

Le jeune héros de Takara, la nuit où j’ai nagé fait une fugue pour rejoindre son père. Il traverse des paysages enneigés, sa silhouette forme un petit point dans l’étendue blanche et son parcours, au fur et à mesure de sa marche, dessine une ligne dans le paysage. C’est une ligne de fuite qui guide le regard du spectateur dans la profondeur de l’image. Mais attention, il n’est pas question de fuir pour le héros, mais bien de tracer sa route. Les réalisateurs dessinent le portrait d’un garçon qui trace son propre chemin, tout en matérialisant cette quête de façon graphique dans un paysage. Nous nous intéressons pendant huit semaines à ces films qui prennent la tangente, et qui le font de façon narrative et formelle. Dans la programmation “Flash- Back”, ce sont les “lignes de chance” que chante Anna Karina dans Pierrot le fou, la quête du Stalker de Tarkovski, le convoi fou de deux camions dans Le Salaire de la peur, la rivière rouge que longent les héros du film de Howard Hawks ou les courses solitaires du personnage principal du film de Tony Richardson. Cinq films qui sont à la pour-suite de nouvelles façons de raconter et de filmer des errances, des quêtes, des fuites. Dans l’actualité des sorties, nous nous plaisons à suivre sur une carte, comme c’est souvent le cas chez Wes Anderson, les héros canins et humains unis dans leur fuite aux confins de L’Île aux chiens. Dans Ready Player One, c’est dans la réalité virtuelle qu’on prend la tangente, mais pour mieux se découvrir et se retrouver dans le monde réel. Chez d’autres, il sera davantage question d’une fuite intérieure, ainsi le héros du Ciel étoilé au-dessus de ma tête trouve refuge dans son appartement et dans sa folie douce, là où il sera plus difficile de le débusquer…