Routes et déroutes : résistances afghanes

Propositions artistiques et réflexions autour de la guerre, des migrations et de l'exil

Pour sa troisième édition, le cycle géopolitique et culturel « Routes et déroutes » de la MJC de Martigues s’intéresse à ce pays d’Asie centrale à l’histoire complexe. S’il ne fallait retenir qu’une chose des tumultueux événements qui ont traversé cette nation, c’est sans doute sa détermination à résister en toutes circonstances. Sar zamini man, my land, ma terre chantent les Afghans de Martigues. Et dans leurs chants ils racontent leur fatigue devant la fuite incessante, ils fredonnent les ravages de la guerre et la lassitude de la mort. Ils aspirent à la vie, au savoir, à l’amour et c’est pour cela qu’ils sont venus. Pour vivre, simplement, là où c’est possible. Elles sont réalisatrices, performeuses, auteures, paysannes et citoyennes. Elles sont femmes et elles aussi elles résistent, surtout elles. Cette année, une place toute particulière est faite à la lutte des femmes afghanes. "Routes et déroutes" par nécessité d’accueillir ces êtres là. De recueillir les cris de détresse qu’engendre l’exil forcé. De cueillir ces "elles" et ces "ils" jetés sur les chemins d’une histoire con squée.

À Martigues
Du 17 novembre au 30 novembre 2018
Tarifs variables suivant les événements et les lieux
Rens. 04 42 07 05 36
www.routesetderoutes.com
13117 Martigues

Article paru le mercredi 14 novembre 2018 dans Ventilo n° 418

Routes et déroutes, résistances afghanes

Feuilles de routes

 

Entre Martigues et Port-de-Bouc, la manifestation « Routes et déroutes, résistances afghanes », initiée par l’équipe de la Maison des Jeunes et de la Culture de Martigues, investira divers lieux du territoire, pour un panorama passionnant consacré à l’un des plus fascinants pays d’Asie, et à son peuple tout entier.

  Si le sujet est de toutes les voix médiatiques et politiques, souvent jusqu’à l’absurde et à la caricature, la question d’un accueil digne et humaniste de celles et ceux qui ont dû fuir leurs terres, échappant aux drames de conflits meurtriers, se pose concrètement, chaque jour, sur nos territoires. Gênés aux entournures — pour d’obscures raisons électorales ? — par la prise en charge fondamentale de femmes, d’enfants, d’hommes dont même la sémantique obscurcit l’horizon lorsque l’on mélange les mots de migrants, réfugiés, exilés, les pouvoirs publics peinent à apporter les réponses qui s’imposent, et l’on constate que le champ associatif reste le plus actif, le plus efficace en ce domaine. À quelques encablures de la cité phocéenne, les villes de Martigues et Port-de-Bouc s’inscrivent, inversement, dans une réelle dynamique d’accueil et de soutien à celles et ceux qui ont traversé des continents, dans l’espoir de poursuivre leur récit de vie, dans la mesure du possible. À commencer par la formidable équipe de la MJC de Martigues, dont le travail et l’intelligence humaine sont exemplaires. Parallèlement à cette implication quotidienne et stakhanoviste, la structure propose un événement culturel d’envergure — Routes et déroutes —, croisement de disciplines artistiques et de réflexions, rencontres propices à s’interroger sur l’exil, les migrations et la guerre, bien loin de la praxis indigeste des mass médias. Après s’être penchée sur la Syrie et le Soudan, l’équipe de la MJC met en lumière l’Afghanistan et le peuple afghan, dont la richesse de l’histoire est infiniment considérable : « Routes et déroutes, résistances afghanes » associera ainsi de nombreux partenaires des deux villes — la MJC, bien évidemment, mais également la médiathèque Boris Vian, les cinémas Jean Renoir et Méliès, la cinémathèque Gnidzaz —, pour une série de rendez-vous de haut vol. À commencer par la grande journée d’ouverture, le 17 novembre, à la MJC, qui, parmi un déroulé particulièrement riche, mêlera la conférence « L’Afghanistan, quelle Histoire ! » de Karim Pakzad, le vernissage de l’exposition Échos d’un autre Afghanistan réunissant les photographies des trois artistes Asghar Noor Mohammadi, Najiba Noori et Barialai Khoshal, et, pour clôturer la journée, le concert de musique pop folklorique afghane par le groupe Maowj. Nous retrouverons par ailleurs l’équipe de la MJC pour deux autres propositions : la rencontre, le jeudi 22 novembre, sous le signe de la bande dessinée autour de l’ouvrage Kaboul Requiem, Un thé avec les Talibans, animée par Yann Madé, en présence des auteurs Nicolas Wild et Sean Langan, suivie de la projection du film Welcome to Paristan en présence du réalisateur Mohamad Reza Sahibdad ; et la soirée de clôture, le 30 novembre, qui mettra l’accent sur la condition féminine en Afghanistan, autour de la rencontre avec l’artiste performeuse Kubra Khademi. Autre temps fort, la Médiathèque Boris Vian propose quant à elle l’exposition photographique Simplement afghanes, en partenariat avec Afghanistan Libre, et la rencontre avec l’auteure Chekeba Hachemi, pour son ouvrage L’Insolente de Kaboul, qui sera suivie au Méliès de la projection du film de Roya Saddat, A Letter to the President. Le cinéma qui a, dans cet événement, une place capitale, avec la séance, au Renoir, du magnifique Sonita, accompagnée d’un entretien filmé avec la réalisatrice Okhsareh Ghaem Maghami, et les rendez-vous de la cinémathèque Gnidzaz autour des films Afghanistan, un État impossible d’Atiq Rahimi, La Nuit remue de Bijan Anquetil et l’incontournable Nothingwood de Sonia Kronlund.  

Emmanuel Vigne

 

Routes et déroutes, résistances afghanes : du 17 au 30/11 à Martigues et Port-de-Bouc.

Rens. : 04 42 07 05 36 / www.routesetderoutes.com

Le programme complet du cycle « Routes et déroutes, résistances afghanes » ici