Habiter / Déshabiter : l’incruste du crustacé ou la tactique du Bernard l’Hermite 

Cette exposition collective réunit les œuvres de quatre plasticiens qui interrogent la question de l’habitat à travers des pratiques aussi diverses que la peinture, la photographie, le dessin, l’installation ou encore la vidéo. Ils se sont emparés de la figure emblématique et totémique du Bernard l’Hermite, pour en dégager plusieurs axes de réflexions en échos avec les tactiques de survie qui sont les siennes : habiter/ déshabiter.

Nathalie Contenay

Nathalie Contenay attribue à la photographie l’épaisseur que sa nature même lui interdit, un dedans sa carapace constitutivement lisse et impénétrable. Et le jeu d'ombres et de lumières qui s’y conçoit, met la photographie comme en mouvement ; un temps s’y écoule. Les architectures intérieures et extérieures jouent la réversibilité, entre le béton et le velours, la gangue et la pulpe, la coquille et le pagure. Le regard, indiscret, se fait Bernard l’Hermite, il ne fait plus qu'affleurer l'image mais, il entrebâille les portes et s'y love à la recherche de ce qui pourrait se trouver derrière les murs et les cloisons chimériques.

France Gobbo

En parcourant l’espace du paysage urbain, France Gobbo avance, dans ses œuvres, à la manière d’un Bernard l’Hermite ; toujours à la recherche de nouveaux lieux à habiter mais à déshabiter aussi. Ces lieux qui vont de l’espace de la toile à l’espace d’exposition lui permettent de mener des expérimentations plastiques autour du principe d’appropriation de lieux partagés. Ainsi, le pictural vient donner une liste non exhaustive de réponses plastiques à la question “Comment investir singulièrement un espace commun ?”
www.francegobbo.fr

Pascal Laborde

Dans son débordement graphique, le dessin saccage littéralement l'image : des photographies d'intérieurs, des pages de magasines de décorations, salons bourgeois, lofts et autres vestibules au design soigné. Pascal Laborde y installe l'informe, boue, sillon, flaque, tas, creux qui font tache au cœur de l’idéal photographique, évoquant le sublime romantique de la catastrophe. Le détournement qui s'y opère interroge le statut de l'image au sens où le dessin vivant assaille et pervertit l’idéal glacé ; dessiner dans l'image d'un autre tel un Bernard l'Hermite s'invitant dans la coquille d'un autre. Une scène d'intérieur se défait au profit d'un paysage qui la ronge, l'occupe et la parasite : Habitat précaire ou ruine moderne.

Olivier Nord

Sur le principe du Bernard l'Hermite qui pour protéger son « ventre mou » investit des habitats providentiellement laissés vacants, Olivier Nord questionne ici la « tactique » de ce crustacé, sans domicile fixe. Il nous nous met face à nos façons d'habiter, non seulement une architecture, un paysage, mais aussi et surtout, une planète… un monde enfin regardé comme limité et non plus infini. De cette contrainte peut naître, aussi et c’est un principe viscéralement constructif l’invention et la création,.

A partir de ses interrogations, Olivier Nord invoque et propose une forme d’économie et de sobriété nomade, induite par le mode de vie de cet animal et imagine des réponses poétiques et plastiques, déclinées à partir de son univers pictural.

SIK#12 Proposition vidéographique 3³ (14mn)

Ce film montre trois personnage partageant la solitude et la beauté sauvage des paysages du Frioul, ainsi qu’un frugal crustacé .  Entre l’errance et la quête d’un refuge, trois puissance trois : trois acteurs, trois caméras, trois metteurs en scène.

SIK International est la réunion de trois artistes multimédias basés à Marseille, Paris, et Madrid : David Perchey, Pascal Laborde et Ludovic Pedrocchi. Œuvrant dans les possibles qu’offrent les champs de l’art, SIK International propose des solutions ludiques à travers des performances, des expositions et des propositions vidéographiques.