Juan Conca - Images Flamencas

Photos

"L'art de la photographie, c'est l'art du vivant. Voir ta photo, c'est te sentir toi-même. Avec elle, tu te racontes ta propre histoire et tu peux sentir ce que les autres sentent en te voyant. Merci Juan, parce que tu me fais voir ce que j’ai besoin de ma vie. Et tu me rends heureuse."
La Lupi (2015)

​"La photographie a été mon premier métier, à l’âge de 18 ans.
Par la suite, pour raisons familiales, j’ai dû m’orienter vers d’autres horizons professionnels.
Durant les premières années, j’ai continué en parallèle la photo sportive : ski, autos, canoë, raft ….
C’est à la naissance de ma fille en 2003, que j’ai découvert la photo numérique.
Lorsqu’elle s’est mise à la danse flamenca en 2009 en même temps que sa mère, je me suis intéressé à cet art et que j’ai commencé à photographier des tablaos et des évènements
autour du flamenco. Peu à peu, par le hasard des rencontres, j’en suis venu à suivre des événements importants dans ce domaine.
Ma façon de photographier a plus à voir avec le reportage qu’avec le studio et en dehors des contraintes techniques très spécifiques de la photographie de spectacle, en danse et en particulier en Flamenco, la gageure est de pouvoir saisir l'instant du geste, sa force, son intensité, sa douceur ou sa grâce.
Par choix, je n’ai jamais fait d’exposition traditionnelle. Je montre mes images numériques sur un site web (15000 visiteurs uniques par an) ou sur des réseaux sociaux.
Une 'exposition numérique' évolutive composée de plusieurs centaines d’images a été projetée à l’occasion de divers évènements sur des écran géant
."
Juan Conca

Centre Solea
Lun-sam 15h-18h
Entrée libre
https://www.festivalflamenco-azul.com/
68 rue Sainte
13001 Marseille
06 14 55 54 52

Article paru le mercredi 17 avril 2019 dans Ventilo n° 427

Festival Flamenco Azul

Flamme fatale

 

Avec son inscription au patrimoine culturel immatériel de l’humanité en novembre 2010, le flamenco a dépassé sa réputation de simple danse folklorique. Confirmation avec la première édition de la manifestation internationale qui lui est dédiée à Marseille, Flamenco Azul, un évènement « populaire, savant et solidaire ».

  Quand l’on demande à Maria Pérez, directrice du Centre Solea qui co-organise le festival, comment définir le flamenco, elle ne commence pas par parler de chant (canto), de musique (musica) et de danse (baile), pourtant les trois piliers de cet art. Cette passionnée, professeure d’espagnol et de flamenco, évoque plutôt « l’expression du peuple andalou qui a donné une réponse artistique puissante et affirmée à la souffrance des gitans, mais aussi des juifs et Arabes au 15e siècle en Espagne. » À cette époque, le pays entre dans un monde moderne avec le démarrage de la conquête de l’Amérique Latine par Christophe Colomb, mais aussi les « trois seules options données par les rois catholiques aux habitants : partir, se convertir ou mourir », selon Kurt Grötsch, directeur du Musée du Flamenco à Séville. Unies face à la persécution, les cultures métissées de l’Andalousie d’alors vont commencer par chanter puis danser. Le flamenco traditionnel que l’on connaît aujourd’hui prendra véritablement son essor au 19e siècle. Les origines du mot « flamenco » font encore l’objet de controverses. Si l’on s’accorde sur la contribution majeure de l’ethnie gitane andalouse, le terme proviendrait pour les uns de felah-menkoub, qui signifie « paysan errant » en arabe, pour d’autres d’un poignard utilisé au théâtre au 18e siècle, à moins que ce ne soit du flamant rose ou de l’influence de la Flandre sur la musique polyphonique espagnole du 16e siècle (flamand se dit flamenco en espagnol). Ces racines possibles traduisent, chacune, une dimension du flamenco : la noblesse de la simplicité (les valeurs de la terre pour le paysan), la percussion (entre claquements de mains, palmas, frappes de pieds au sol, zapateado, et cordes de guitare pincées par le musicien, le tocador en andalou), l’animalité et l’ouverture sur le monde. Maria se révèle ici un guide précieux. Le flamenco est « une danse de caractère, d’autorité, où la frappe au sol ne réussit que pour celui ou celle qui est en connexion avec ses émotions. L’interprète doit ainsi être authentique et en vérité avec lui-même. » Ce qui explique probablement la proximité avec une performance théâtrale ou l’émotion sincère d’une œuvre littéraire. Le poète espagnol Frederico Garcia Lorca a d’ailleurs été l’un des plus grands promoteurs du flamenco à travers la notion intraduisible du duende, en tant qu’engagement quasi surnaturel de l’artiste qui ne triche pas avec ses émotions, la lutte d’un corps avec un autre qui l’habite et dont la victoire passe par une inspiration franche. Centré sur lui-même, l’artiste n’en est pas moins connecté à son environnement. La base rythmique de la danse se retrouvant dans les arts mitoyens du théâtre et du chant, la polyvalence artistique s’avère incontournable chez le danseur. C’est en 1993 que Marc Bamoudrou propose à son épouse Maria Pérez de créer ensemble un lieu dédié au flamenco, le Centre Solea. Dès l’entrée poussée et quelques marches gravies, le ton (rouge) est donné par les couleurs vives qui ornementent murs et mobilier, et par les jambons séchés suspendus au plafond. Tout ici rappelle la chaleur d’une maison andalouse. Cela tombe bien, nous sommes précisément à la Casa Flamenca Solea. Pour Maria, « l’espace ressemble à une peña ; soit un regroupement de personnes qui partagent une même passion. » À travers cours, master-classes, voyages d’étude et soirées dédiées au flamenco autour d’une scène (tablao), l’ambiance intimiste et conviviale se cultive. Une grande part de responsabilité revient au public, qui est en empathie avec l’artiste. C’est en cela que « le flamenco pratiqué ici se rapproche le plus d’une forme pure, tribale et non d’un tablao entouré de touristes comme dans certaines villes espagnoles aujourd’hui. »   Une nouvelle étape est franchie aujourd’hui avec le premier festival de flamenco à Marseille, Flamenco Azul, une grande ambition pour le Centre Solea. Tout commence en 1997, lors de la célébration de l’obtention du label de la Escuela de Flamenco de Andalucia (EFA) en présence de son directeur Luis Guillermo Cortes. Ce dernier motive alors Maria et Marc pour organiser une manifestation d’envergure dédiée au flamenco. L’étincelle se fera par la rencontre avec Claude Freissinier, fondateur et responsable de développement de l’association Arts et Musiques en Provence, qui partage avec les activités du Centre Solea l’importance de la proximité avec la population. Ce festival est d’ailleurs présenté comme étant d’abord « populaire », avec des concerts et spectacles ouverts à tous et à toutes, « savant », pour évoquer les stages, conférences et master-classes qui intègrent la programmation, et « solidaire », pour ses à-côtés — animations, expositions, films ou encore une performance artistique avec de jeunes trisomiques et le Ballet National de Marseille. Le flamenco devient alors « un prétexte pour créer du lien entre nous tous. » Le chiffre 3 doit certainement porter chance car il se décline dans les dimensions susmentionnées et également dans une temporalité en trois actes (18-22 avril, 26-28 avril, et 2-5 mai), peut-être car le berceau du flamenco se situe dans le triangle Séville-Cadix-Xeres. Entre tradition, modernité et prises de risque, la programmation du festival démontre que le flamenco relève à la fois d’un héritage et d’une constante évolution. Il absorbe ce qu’il rencontre sur le chemin du temps en se rappelant aux uns ou en se réinventant pour les autres. Et en restant toujours authentique.  

Guillaume Arias

 

Flamenco Azul : du 18/04 au 5/05 à Marseille, Aix-en-Provence et Toulon.

Rens. : 06 07 65 48 54 / 06 14 55 54 52

www.centresolea.org

www.festivalflamenco-azul.com

Le programme complet du festival Flamenco Azul ici