Par Hasard, Vol. 1

Œuvres de Victor Hugo, Edgar Degas, Marcel Duchamp, Man Ray, Max Ernst, Jackson Pollock, César, Niki de Saint Phalle, Jean Arp, Kurt Schwitters, Brassaï, Salvador Dalí, Óscar Dominguez, Jean Dubuffet, Jacques de la Villeglé, François Dufrêne, Arman, Yves Klein, Gerhard Richter, Ellsworth Kelly, François Morellet, Aurélie Nemours, Robert Filiou... Commissariat : Xavier Rey & Guillaume Theulière

De la tache à la ligne pure, de l'automatisme au mathématisme, l'exposition déroule une typologie chronologique du hasard comme processus créatif à travers les plus importants courants et artistes de la seconde moitié du XIXe siècle à nos jours : Victor Hugo, Edgar Degas, Marcel Duchamp, Man Ray, Max Ernst, Jackson Pollock, César, Niki de Saint Phalle, Jean Arp, Kurt Schwitters, Brassaï, Salvador Dalí, Óscar Dominguez, Jean Dubuffet, Jacques de la Villeglé, François Dufrêne, Arman, Yves Klein, Gerhard Richter, Ellsworth Kelly, François Morellet, Aurélie Nemours, Robert Filiou...

Du hasard au sublime

Il est la tache d'encre de Victor Hugo, l'hésitation d'une impression d'un monotype de Degas, un coup de dés de Mallarmé, qui jamais n'abolira le hasard. L'ivresse d'une œuvre d'art. A l'inverse de l'enseignement artistique, l’intervention du hasard dans le processus créatif de l’œuvre permet à l'artiste de se libérer des règles de la représentation. L'accidentel, l'aléatoire, la trouvaille vertueuse, les sculptures involontaires, les coulures, les compressions, font émerger un répertoire de formes libres menant au sublime dans l'incertitude du geste.

Se substituant à l'incarnation de dieu, le tremblement hasardeux devient l'une des composantes symptomatiques de la modernité. Cette magie de l'aléa devient le sujet même d'une œuvre idéale, géniale, peinte sans
aucune intervention de la pensée.

Le hasard révèle le rôle démiurgique de l'artiste alchimiste, guidé par la sérendipité des réactions chimiques de la matière. À l’opposé des « anartistes », certains inventent des protocoles, confiant leurs sens aux pouvoirs anonymes de la méthode mathématique. Ils utilisent le concept de l'aléatoire comme un cadre scientifique au travers duquel ils se soustraient à la gestuelle du peintre, créatrice d'une géométrie toujours incertaine, voire bancale.

De la tache à la ligne pure, de l'automatisme au mathématisme, l'exposition déroule une typologie chronologique du hasard comme processus créatif à travers les plus importants courants et artistes de la seconde moitié du XIXème siècle à nos jours.

Parcours de l'exposition

Organisé de manière chronologique, le parcours du Centre de la Vieille Charité s'attachera à faire émerger différentes techniques ainsi expérimentées par les artistes de 1850 à 1980 : monotypes de Degas, taches de Victor Hugo, stoppages étalon de Marcel Duchamp, papiers déchirés de Hans Arp, tableaux Merz de Kurt Schwitters, élevage de poussière et rayogrammes de Man Ray, cadavres exquis et dessins communiqués surréalistes, sculptures involontaires de Brassaï et Salvador Dalí, frottages de Max Ernst, décalcomanies d'Óscar Domínguez, dripping de Jackson Pollock, phénomènes de Jean Dubuffet, affiches lacérées de Jacques de la Villeglé et François Dufrêne.

Cette rétrospective se poursuivra avec les compressions de César, poubelles d'Arman, tableaux pièges de Daniel Spoerri, cosmogonies et anthropométries d'Yves Klein, tirs de Niki de Saint Phalle, jeux Fluxus, nuanciers de Gerhard Richter, spectres colorés d'Elsworth Kelly, lignes réparties au hasard de François Morellet, et nombres et hasard d'Aurélie Nemours.

Cette première partie de l’exposition s’achèvera dans la Chapelle de Pierre Puget avec la présentation de l’installation de Robert Filliou Eins, Un, One... composée de 16000 dés de couleur, posés sur la même face, en écho au poème de Stéphane Mallarmé, « Un coup de dés jamais n’abolira le hasard ».

Par Hasard, vol. 2 - Friche la Belle de Mai

Le parcours se poursuit à la Friche la Belle de Mai à travers des œuvres contemporaines de 1980 à nos jours provenant du MAC, FRAC-PACA, Fonds communal d'art contemporain de Marseille, CIRVA, de collections particulières, de galeries ainsi que de productions d’œuvres inédites d’artistes travaillant à Marseille ou en résidence à la Friche la Belle de Mai.


Centre de la Vieille Charité
Mar-dim 9h30-18h
8/12 €. Tarif couplé : 14 €
http://www.musees.marseille.fr/
2 rue de la Charité
13002 Marseille
04 91 14 58 80

Article paru le mercredi 30 octobre 2019 dans Ventilo n° 436

Par hasard au Centre de la Vieille Charité et à la Friche La Belle de Mai

Saint hasard

 

« Il n’y a pas de hasard, il n’y a que des rendez-vous », écrivait Paul Éluard. Le hasard, c’est la thématique choisie pour la nouvelle exposition organisée par la Ville de Marseille et la Réunion des Musées Nationaux - Grand Palais.

  Organisée en deux parcours et de manière chronologique, l’un à la Vieille Charité, l’autre à la Friche la Belle de Mai, l’exposition nous permet de découvrir les mouvements et les expérimentations des artistes de la moitié du XIXe siècle jusqu’à nos jours. Le premier parcours s’attache à nous faire (re)découvrir des grands noms tels que Edgar Degas et ses expérimentations graphiques, Marcel Duchamp et ses ready-made, Nikki de Saint Phalle et ses tirs ou encore César et ses compressions. Le spectateur est ainsi emmené à développer son imagination et sa curiosité, notamment au contact des surréalistes, et c’est avec plaisir que l’on vient admirer la série des cadavres exquis, jeu de dessin collaboratif et de hasard auquel l’on s’est tous déjà essayé plus jeune. Le second parcours met quant à lui en lumière les œuvres d’artistes plus contemporains, parmi lesquels Timothée Talard, qui joue sur les brisures et les éclats des miroirs, Étienne Rey et son installation pour reproduire le mouvement des vagues, Mourad Messoubeur et ses recherches sur les processus aléatoires de moisissures, ou encore Sophie Calle et ses séries de photographies dont le thème est la rencontre avec un inconnu. Le spectateur est ici invité à prendre conscience de ce qui nous entoure, que ce soit les éléments, l’être humain, ou les objets matériels. À la différence de la Vieille Charité, dont la visite est découpée par le passage de différentes salles, le spectateur est ici libre de se promener dans un seul et même espace. C’est au travers de toutes ces expérimentations, aux moyens de différents supports, différentes techniques, différentes matières, couplées à l’intervention du hasard que ces artistes ont pu satisfaire leurs besoins et leurs recherches de modernité tout en s’affranchissant des codes et des règles déjà existants. L’exposition réconcilie ainsi les obsédés du contrôle en nous faisant réfléchir sur la part d’incertitude, de contingence et de hasard de la vie qui, loin d’avoir une connotation négative, peut être signe de renouveau artistique et créatif et invite au lâcher prise.  

Fanny Bonfils

 

Par hasard : jusqu’au 23/02/2020 au Centre de la Vieille Charité (2 rue de la Charité, 2e) et à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).

Rens. : www.grandpalais.fr / http://culture.marseille.fr / www.lafriche.org