Depuis Noailles
Suite aux effondrements survenus dans la rue d’Aubagne le 5 novembre 2018, Zoème expose du 24 janvier au 3 mars une série de travaux ayant pour axe les questions de l’habitat et de l’habiter.
L’exposition s’articulera autour du travail photographique réalisé par Franck Pourcel en 2006-2007 dans le quartier de Noailles, qui avait donné lieu à la publication du livre De Gré ou de force – Noailles à l’heure de la réhabilitation (Éditions P’tits papiers, 2007).
Parmi les photographies, on pourra lire certains des témoignages qui apparaissent dans ce livre, recueillis auprès d'habitants et d'habitués du quartier entre 2005 et 2007 par la sociologue Marie Sengel.
Ouvrant sur une sorte d’espace imaginaire qui invite à repenser notre être-au-monde, une série de dessins et de peintures réalisés par Alberto Ruce, Giuseppe Güttan, Mahn Kloix et Sebastián Sarti, artistes de l’Atelier 72, accompagneront les photographies et les textes.
Pour mieux ancrer l’exposition dans l’actualité de la ville, et pour engager une réflexion sur les modalités d’organisation et de participation citoyenne à la vie politique, on montrera une vidéo filmée par Samira Ariyane lors de la réunion qui s’est tenue au 11 rue de l’Arc le 7 novembre.
Article paru le mercredi 6 fvrier 2019 dans Ventilo n° 422
Depuis Noailles à Zoème
De la vie à Noailles
À la galerie librairie Zoème, l’exposition chorale Autour de Noailles mêle photographies et dessins en hommage aux victimes du drame de la rue d’Aubagne. Une participation à la dynamique collective initiée après le 5 novembre, pour militer pour la vie et la dignité des habitants du quartier de Noailles.
Émus et révoltés par l’effondrement des immeubles survenu le 5 novembre dernier, les membres de l’association Zoème ont ressenti le devoir de documenter la vie du quartier de Noailles, avec la volonté de susciter une prise de position du plus grand nombre en faveur de la solidarité et de la lutte contre l’insalubrité. Pour cela, la galerie a fait appel au photographe Franck Pourcel, à la sociologue Marie Sengel et aux dessinateurs Giuseppe Güttan, Alberto Ruce, Mahn Kloix et Sebastián Sarti afin de représenter Noailles et son mode de vie dans une exposition intimiste. Construite selon un parcours chronologique, l’exposition montre le résultat d’enquête sociologique réalisée par Marie Sengel sur Noailles, et le travail photographique de Franck Pourcel à Noailles entre 2005 et 2009. Les témoignages et images récoltés concernent à la fois les espaces publics du quartier, en noir et blanc, et le chez soi coloré des habitants. Ces traces sont le fruit de mois d’immersion dans le quartier et de rencontres qui ont permis de traduire le plus fidèlement la vie quotidienne des habitants. Les photos et les écrits exposés ont en partie été publiés au sein de l’ouvrage De gré ou de force. Noailles à l’heure de la réhabilitation, paru en 2008 aux éditions P’tits Papiers. Bien que dix ans aient passé depuis l’enquête, les témoignages des habitants d’alors raisonnent de manière terrifiante avec l’actualité morbide du quartier en 2019. L’exposition s’enrichit d’œuvres graphiques récentes de dessinateurs eux aussi mobilisés pour le quartier. Les planches de Giuseppe Güttan représentent des scènes éternelles de vie dans les quartiers anciens des villes méditerranéennes, des croquis de Mahn Kloix nous racontent le quartier de Noailles. La fin du parcours d’exposition s’ouvre sur l’espoir, et la lutte : les dessins de Sebastián Sarti questionnent notre façon d’habiter le monde à l’heure du néo-libéralisme urbain, tandis que les tableaux lumineux d’Alberto Ruce reflètent le travail manuel de l’homme sur son environnement comme résilience collective. Une conversation entre Marie Sengel et Damien Brochier (fondateur des collectifs Un centre ville pour tous et Noailles entre Ombre et Lumière) se tiendra le jeudi 7 février à 19h30, au cours de laquelle ils nous raconteront leur histoire de Noailles et leur perception de l’évolution du quartier. Cette rencontre est intégrée à l’agenda fourni de la libraire galerie Zoème, qui se veut un lieu d’expérimentation ouvert, où se rencontrent musiciens, penseurs, photographes, artistes du coin et d’ailleurs. Spécialisée dans la poésie et l’urbain, et plus précisément dans la photographie documentaire, la librairie-galerie confie ses expositions aux artistes photographes qu’accompagne Soraya Amrane depuis une vingtaine d’années, poursuivant ainsi le travail entamé par l’Atelier De Visu. Suite à la fermeture de la galerie du Cours Julien en 2013, Zoème a vu le jour quatre ans plus tard pour accueillir à nouveau expositions et ouvrages dédiés à la photographie, ainsi qu’une maison d’édition, tout en s’ouvrant à la poésie et à d’autres formes artistiques.Florence Pondaven