OPJ Cyganek et Julie Poulain

Sculptures des deux artistes en dialogue avec les installations de 4 artistes de la génération Buy-Sellf : Guillaume Constantin, Nicolas Milhé, Laurent Perbos et Guillaume Poulain. Expo proposée par Voyons Voir

Pour leur troisième année de partenariat, le Moulin de Vernègues et l'association voyons voir inaugurent un format inédit. Les œuvres de OPJ Cyganek & Julie Poulain, issues de leur résidence sur site au printemps, dialogueront plusieurs mois durant avec les installations de quatre artistes de la génération Buy-Sellf : Guillaume Constantin, Nicolas Milhé, Laurent Perbos et Guillaume Poulain, invités à interagir avec les espaces intérieurs et extérieurs du Moulin. 

Disséminées en différents points de l'hôtel telles des hologrammes liés entre eux par une fiction, les sculptures imaginées par le duo joueront avec le registre habituel de l’hôtellerie. Une partie de ces formes sera performative et s'activera lors de la semaine d'accrochage et lors du vernissage de l'exposition. Toutes inviteront avec poésie et malice à repenser l'étiquette, le protocole et les gestes en vigueur dans un établissement de standing, suscitant du même fait la redécouverte de cet écrin patrimonial.  


Moulin de Vernègues
Tlj 9h-18h
Entrée libre
http://voyonsvoir.org/
Domaine de Pont Royal
RN7
13370 Mallemort
04 90 59 12 00

Article paru le mercredi 4 juillet 2018 dans Ventilo n° 413

Les résidences de Voyons Voir

Mignonne, allons voir si l’art ose

 

« Ici c’est encore autre chose ((Titre générique donné à la saison 2018 de résidences de Voyons Voir)) », nous promet cette année encore de belles promenades en campagne comme à la ville sur les pas des artistes invités par Voyons Voir | art contemporain et territoire.

  Aujourd’hui plus que jamais, l’association Voyons Voir œuvre à la mise en valeur de notre patrimoine par le truchement du regard des artistes contemporains qui, prenant le temps d’observer comment les hommes vivent durant leur résidence, peuvent rendre compte de leur époque avec les outils idoines. Voyons Voir inaugurait sa saison 2018 pendant le Printemps de l’Art Contemporain à Marseille, avec la restitution de la résidence de Lara Almarcegui à la Tuilerie Monier ((Projet soutenu par la DRAC dans le dispositif « Art et mondes du travail »)). En mai dernier, l’artiste partait à la découverte des territoires environnant la tuilerie, les quartiers nord, s’intéressant particulièrement à la transformation des terrains de Rio Tinto à l’Estaque à propos desquels elle publiera un guide en 2019. Le visiteur de Voyons Voir parcourra lui aussi les chemins patrimoniaux questionnant le territoire, allant de Saint-Chamas à Eyguières en passant par Puyloubier, La Roque-d’Anthéron, Mallemort, Rousset, et jusque dans le Var, à la découverte des œuvres d’art pensées à l’issue des neuf résidences menées par l’association qui fête cette année ses dix ans. Comme à l’accoutumée, la programmation de Voyons Voir se décline en deux temps : celui de l’été avec des expositions à voir durant les vacances et le temps fort de la rentrée autour des Journées du Patrimoine. Mais inutile d’attendre jusqu’en septembre pour s’octroyer une virée vers Saint-Chamas au domaine viticole de Suriane, pour y goûter les vins de Marie Laure et découvrir les œuvres de Julie Navarro dispersées sur le domaine qui surplombe l’Étang de Berre. L’artiste puise sur place les matières et l’énergie d’une nature dédiée à l’eau et au vin, des ceps de vignes avec lesquels elle écrit sur l’eau, rajoutant sa patte ici et là avec des œuvres qui se confondent avec leur écrin paysagé. Au Moulin de Vernègues à Mallemort, le duo OPJ Cyganek & Poulain aura su s’immiscer dans la vie de l’hôtel, attentif à son personnel dont il a observé les gestes et écouté les histoires. À l’issue de cette immersion, les deux artistes restitueront par la performance et l’installation leur regard sur ce beau domaine. À leurs cotés se déploieront les œuvres de Laurent Perbos, Nicolas Milhé, Guillaume Constantin et Guillaume Poulain, artistes liés fut un temps au collectif Buy-Sellf, créé en 1999 autour du catalogue de vente par correspondance d’œuvres d’art qui a « promu, diffusé et fédéré toute une génération d’artistes », dixit Paul Bernard. Aujourd’hui, ce lien se manifeste dans le recours au détournement d’objets du quotidien ou par la production de formes évoquant le réel mais dans des matériaux improbables, à l’instar des faux cailloux de Guillaume Constantin, des palmiers à base de frites de piscine de Laurent Perbos ou des dauphins gonflables de Guillaume Poulain. Les quatre artistes ont en commun le plaisir des formes et celui du jeu avec nos représentations collectives, mais également une certaine dose d’humour, voire d’ironie, sans aucune naïveté, comme en témoignent les drapeaux revisités de Nicolas Milhé, qui pratique volontiers l’égratignure politique. Un peu plus tard, à la Bastide de Richeaume à Puyloubier, Manu Li Wanxu aura déployé ses recherches autour de la cabane sous la bienveillance et les conseils de Pierre Oudart, nouveau directeur de l’École d’Art de Marseille. Enfin, parmi les premiers rendez-vous lancés par Voyons Voir, retenons l’exposition Du tumulte au silence, une poétique de l’eau à Eyguières. Dans le cadre des capitales provençales de la culture, l’association invite l’artiste Perrine Lacroix, qui entrera en résidence début juillet et dont on découvrira le travail en septembre. En guise de prémisses, cette exposition autour du paysage et de l’eau réunira les œuvres de Camille Lorin, Rachel Poignant, Sylvie Maurice, Agathe Larpent, Florence Paradeis et Jean-Louis Garnell… Parallèlement, Ugo Schiavi, Étienne Rey et Charlotte Pringuey-Cessac entreront respectivement en résidence à Saint-Chamas, à l’Abbaye de Silvacane et à Châteauvert, ainsi que Milena Walter et la commissaire Aurélie Barnier au Domaine du Défend à Rousset : une nouvelle vague d’expositions à découvrir non plus sous la chaleur du mois de juillet mais dans la douceur de septembre… Voyons Voir poursuit sa mission de diffusion de l’art contemporain dans des lieux non dévolus, propose un cheminement intellectuel et physique, offre une découverte des trésors cachés de notre patrimoine tout autant que de l’art actuel. Les résidences permettent aux artistes un temps d’immersion précieux et souvent riche de rencontres et d’échanges, sans être soumises à une obligation de résultat quantifiable. Car l’art demeure l’un des derniers bastions où le nombre n’a pas de raison d’être ; le regard de l’artiste peut suffire et nul n’est en droit d’attendre de « retour sur investissement » dans le contexte d’une résidence d’artiste… Il faudra donc être vigilant quant aux conclusions rendues par Thierry Tuot, chargé par Emmanuel Macron d’établir « une cartographie des résidences, publiques et privées », afin de « partager un diagnostic complet » des « forces » et « faiblesses ». Conclusions qui l’amèneront ensuite à « un système national de sélection et d’orientation des artistes », mais aussi, « le cas échéant, [à] la réorientation, la création ou la suppression de résidences en fonction des objectifs stratégiques du soutien de l’État», s’inquiétait Roxana Azimi dans Le Monde du 27 juin dernier.  

Céline Ghisleri

 

« Ici c’est encore autre chose » : jusqu’au 2/12 à Marseille, Mallemort, Saint-Chamas, Puyloubier, Rousset, Eyguières, La Roque-d’Anthéron et Châteauvert. Rens. : www.voyonsvoir.org

Le programme complet des expositions d’été de Voyons Voir ici