Hélène Jayet - Colored Only

Photos

S’intéresser au cheveu noir peut paraître anecdotique, mais permet d’évoquer l’histoire, la mémoire, les questions identitaires. Les cheveux sont ici un outil et/ou un prétexte pour débattre des questions liées à l’identité et aux origines. Faire le choix d’une coupe afro par exemple s’apparente à faire son coming-out, car le cheveu crépu a été lourdement stigmatisé et marginalisé. C’est presque un acte militant pour certains, qui reste teinté d’un esprit de rébellion lié à l’histoire. Pour le festival Massilia Afropea Hélène Jayet installera son studio photo pour immortaliser les coiffures aux cheveux only crépus ou frisés. Résul- tat ébouriffant !

« La série Colored Only n’est pas une collection d’images documentaires sur "le cheveu afro". Dans ce studio, les modèles sont poussés à la performance, à la pose royale et souveraine : "Lève le menton", ne cesse de répéter Hélène Jayet. Le regard tourné vers la gauche – le sens du passé – les modèles sont photographiés de pro l et de trois quarts. Je repense à ces médailles gravées qu’on voit dans les musées, preuves de la permanence d’une certaine histoire les portraits d’Hélène Jayet sont un peu comme ces médailles. Ils xent un désir de notabilité et d’historicité....» par Célia Sadai, journaliste et chercheure en littérature et en sciences de l’information et de la communication, pour Afriscope et Africultures.

Hélène Jayet est née en 1977 à Châtillon sur Seine. Après avoir obtenu un diplôme national d'arts plastiques aux Beaux-arts de Montpellier, elle complète sa formation à l'école de photographie Image ouverte, à la PAO à l'école Multimédia et enfin au photojournalisme à l'Emi-Cfd. Après plus de 10 ans à Paris, elle s'installe à Montpellier et partage pendant 2 ans l'expérience du groupe au sein du Collectif Transit. Ses images traitent de l'intime, de l'histoire, de la mémoire et des questions identitaires. Elle mène un travail autour de l'adoption depuis plusieurs années et arpente le quartier de Château d'eau dans le 10e arrondissement de Paris en quête des coiffures les plus folles

Friche La Belle de Mai
Sam 15h-22h + dim 15h-21h
Entrée libre
http://www.mp2018.com/evenements/massilia-afropea/
41 rue Jobin
13003 Marseille
04 95 04 95 95

Article paru le mercredi 13 juin 2018 dans Ventilo n° 412

Massilia Afropéa

Estime Team

 

Pour sa seconde édition, Massilia Afropéa, le festival transdisciplinaire imaginé par la metteuse en scène afrodescendante Eva Doumbia, se déploie sur six jours à la Savine et à la Friche La Belle de Mai, mettant à l’honneur une scène afropéenne vibrante et éloquente.

  Ce festival entreprend de combler un vide dans le paysage culturel français en « mettant au centre les narrations et les récits ignorés ». L’ensemble des projets sélectionnés témoigne d’une diversité foisonnante, mais aussi d’inspirations et de problématiques communes aux artistes afropéen.ne.s, qui se manifestent à travers leurs références littéraires ou les formes choisies. Plus qu’un événement culturel, Massilia Afropéa se veut un moment dédié à la valorisation des minorités, de leur héritage culturel et du métissage. Le choix de la Savine n’a rien d’anodin : c’est là que fut assassiné Ibrahim Ali, 17 ans, le 21 janvier 1995 par des colleurs d’affiche du FN. Deux concerts-événements en son hommage ont été pensés par son ami Soly B, du groupe de rap B.Vice, avec Imhotep, le 21 juin pour la fête de la musique à la Savine, et en clôture du festival le 24 à la Friche. La rappeuse Casey sera elle aussi de la partie et donnera en plus une masterclass le 22 à la Savine. Côté théâtre/performances/lectures, neuf rendez-vous attendent le public, parmi lesquels la recréation d’On ne badine pas avec l’amour par Eva Doumbia, qui fait dialoguer Musset avec les banlieues ; le texte de Carlyle Brown La Compagnie Africaine présente Richard III lu par un groupe composé de jeunes gens de la Savine, de comédiens et d’élèves de l’ERACM, dirigés par Gerty Dambury, suivi d’une discussion menée par l’universitaire Maboula Soumahoro ; le spectacle de transe Bonbon alcoolisé de Myriam Mihindou ; Carte Noire nommée Désir, la nouvelle création de Rébecca Chaillon avec Aurore Déon, sur la construction du désir chez les femmes noires... Au programme des projections/rencontres, l’écrivaine, journaliste et réalisatrice Rokhaya Diallo viendra accompagnée de la photographe Brigitte Sombié pour présenter l’exposition créée à partir de leur livre Afro!, qui compulse 110 portraits de Parisien.ne.s d’origine africaine portant leur cheveux naturels, non défrisés, suivant la mouvance « nappy » (« natural and happy »). Vers la tendresse, de la réalisatrice Alice Diop, qui a obtenu le César du meilleur court-métrage en 2017, dévoile une face intime de jeunes hommes de banlieue. Une conversation sur l’estime de soi sera animée par la philosophe Nadia Yala Kisukidi à la Savine, précédant une table sur les événements afropéens comme facteurs d’estime de soi à la Friche, en présence des collectifs Boucles d’Ebène, Les Rosas et Ethnofashion Tendances. Rayon beauté/mode/food, à l’instar de la pièce d’Eva Doumbia Moi et mon cheveu, le cheveu crépu et naturel est encore à l’honneur avec le projet Colored Only, de l’artiste Hélène Jayet, qui propose d’immortaliser des modèles aux coiffures crépues ou frisées, photographié.e.s de profil ou de trois quarts, façon médaille gravée, ou camée.

Barbara Chossis

 

Massilia Afropéa : du 19/06 au 22/06 à la Savine (15e) et les 23 & 24/06 à la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).

Rens. www.mp2018.com