Marseille Street Art Show

4e édition. Parcours de fresque, suite à la résidence de 8 artistes : Romain Froquet, Ruben Carrasco, Théo Lopez, Amose, Joachim Romain, Zësar Bahamonte, Mahn Kloix et GoddoG

8 street artistes dont 3 issus du festival IPAF (International Painting Art Festival) se succèdent actuellement pour réaliser des fresques monumentales sur 5000m² de façades du marché aux puces, venant compléter ainsi les créations des précédentes éditions.

En s’associant avec le festival IPAF, le Marseille Street Art Show donne cette année encore une dimension internationale et multiculturelle à son événement. 

Le festival IPAF qui concentre son attention sur les oeuvres murales, est né en 2014. Il avait initialement comme objectif de dresser le portrait et de célébrer les rêves et les aspirations des habitants de l’île de Hollbox au Mexique. Il s’exporte désormais. Sa dernière édition a eu lieu à Cape Town en Afrique du Sud en 2017.

Amose (France - collectif IPAF)
Amose est né en 1979 à Croix, dans le Nord de la France. Il vit et travaille à Lille. Il débute ses études artistiques en 1996 dans la section illustration de l’Institut St Luc en Belgique puis aux Beaux-Arts. 
Amose travaille le corps humain. Il l’étire, l’allonge, le déforme. En lui rajoutant des formes, des motifs, des traits débordants et s’entremêlant, Amose déconstruit le corps humain. Mais c’est aussi ce qui rend son travail dynamique et parfois même abstrait. Il s’aide de stickers, papiers anciens, morceaux de bois et de tapisserie. 
Il puise son inspiration chez divers artistes : Vitché et Vasko, artistes brésiliens, ou encore Schiele, Klimt, Nate Williams, James Gallagher. Amose travaille aussi bien les techniques de la sérigraphie, la peinture traditionnelle, l’aérosol ainsi que l’illustration. Amose possède un atelier commun à Lille avec Eroné, Sfer, Nada, Spyre et forme ainsi le collectif Mercurocrom.

Zësar Bahamonte (Espagne - collectif IPAF)
Originaire de Séville, Zësar s’adonne au dessin dès sa plus tendre enfance en s’inspirant des environnements ambiants et d’un imaginaire foisonnant. Imprégné par le graffiti local, il commence à s’approprier l’espace urbain à son adolescence, pour ne plus le quitter et y créer des œuvres à l’envergure grandissante. Les rues se peuplent alors de ses personnages, empreints par un positivisme salvateur en contradiction avec un monde qui, selon lui, perd chaque jour un peu plus en humanité. 
Formes légères et couleurs vibrantes participent à son discours et laissent apparaître des scènes de danse, de musique et de communion sincère entre les êtres sur les murs de nombreuses capitales (Bruxelles, Buenos Aires, Mexico, Bogotà,…) mais aussi d’autres villes, comme Milan, Barcelone et aujourd’hui Marseille.

Ruben Carrasco (Mexique - collectif IPAF)
Ruben Carrasco est né et a grandi au Mexique. Il a été sensibilisé à l’art par sa mère. Sa formation artistique débute au Mexique à l'Institut des arts visuels. Il étudie ensuite à l'Université Anahuac à Cancun, au Mexique, puis à l'Université McGill et au Collège Dawson à Montréal, au Canada. 
Il travaille ensuite comme tatoueur, décorateur, muraliste, photographe, graphiste et artiste numérique. 
En voyageur du monde, Ruben a vécu en Europe et en Amérique travaillant et exposant dans divers pays. 
Il vit actuellement à Montréal où il collabore avec le Consulat Général du Mexique en tant que membre du jury du comité d'évaluation des expositions d'art pour "Espacio México". 
Ruben a fondé le collectif d'artistes international "5 Wolves No Pigs" et a co-fondé les festivals d'art FIAP et IPAF.

Romain Froquet (France - collectif 9e Concept)
Romain Froquet est un artiste peintre et dessinateur né en 1982 à Villeurbanne (France). Il s’installe à Paris en 2000 et intègre le collectif 9e Concept qui va lui permettre de se révéler artistiquement. Romain Froquet vit et travaille actuellement à Paris depuis une quinzaine d’années. 
L’art ethnique et l’univers urbain alimentent son inspiration. Les références fleurissent dans ses oeuvres d’art, notamment Arshile Gorky, Pollock, De Kooning… Romain Froquet offre une richesse de styles et de références. Par un processus répétitif et un travail de la ligne, il compose un langage pictural bien singulier, reflet de son subconscient. 
L’artiste expérimente différents supports : toiles, papiers, cartons, briques, porcelaine… ainsi que de nouveaux lieux de création. Ses outils de prédilection sont le pinceau et l’encre de chine. 
Il connait une carrière internationale par des expositions et des résidences artistiques en France ou en Inde, aux Etats-Unis et en Russie. 
Au sein du collectif 9e concept, Romain Froquet a aussi endossé des fonctions allant de graphiste à directeur artistique. Il a travaillé sur des projets de collaboration avec des marques, comme Desperados en 2010 ou Rossignol en 2013. En Juillet 2015, il intervient pour effectuer deux peintures au plafond du Printemps Haussmann à Paris.

GoddoG (France)
GoddoG est le pseudonyme d’un artiste urbain autodidacte de la scène avignonnaise, né en 1983 à Châlons-en-Champagne. Entré dans la peinture via le graffiti, il s’éloigne aujourd’hui de son graphisme originel, notamment de ses personnages mystiques. Ses formes deviennent abstraites, géométriques, organiques, toujours précises et riches en composition. L’artiste s’inspire de ses voyages, rêves et lectures, son style et sa démarche avançant avec le temps, sans œillères. 
L'univers de Goddog se situe aux frontières de l'art urbain, de l'abstraction et de la figuration libre. Des fresques à grande échelle aux toiles exposées en galeries, lignes et formes dévoilent des mondes imaginaires géométriques où se dissimulent paysages, visages et symboles. La répétition de canevas emblématiques dans ses oeuvres, les apparente par leur récurrence à des totems contemporains. 
Sans volonté mystique affichée, le travail de Goddog est truffé d'évocations symboliques, ethniques et oniriques.

Mahn Kloix (France)
Mahn Kloix est né à Paris en 1980. Il vit et travaille à Marseille depuis cinq ans. 
Artiste engagé, Mahn Kloix élabore ses idées artistiques à Marseille, avant de les coller sur les murs du monde entier. 
Après une formation aux Gobelins, il fut un temps graphiste, avant de trouver sa forme d’expression libre à travers le street art. Ayant grandi au sein d’une famille militante, le street artiste a toujours gardé intactes ses racines et partage depuis son sens social et politique à travers ses oeuvres. 
Son projet Small is big, commencé en 2014, se poursuit encore à l’heure actuelle. Mahn Kloix part parcourir les pays qui ont marqué les esprits par des soulèvements et événements majeurs, puis appose sur les murs des portraits de grandes figures ou d’anonymes de Tunis à Athènes en passant par New-York et Paris. 
Ainsi, les Femen, Julian Assange ou Mummy Brigitte qui apporte son aide aux migrants de Calais, ont inspiré Mahn Kloix qui espère à son tour interpeler et faire réagir les passants.

Théo Lopez (France - collectif 9e Concept)
Graphiste de formation, Théo Lopez s’est investi très jeune dans une démarche artistique. En 2008, sa rencontre avec le collectif 9e Concept l’incite à prendre un virage pictural décisif. Entouré d’artistes confirmés et mu par une curiosité grandissante grâce à ses nombreux voyages en Russie, en Israël ou aux Etats-Unis, il étend sa vision au-delà de ses aspirations originelles. À 27 ans, il partage son univers si singulier à travers un œil aiguisé. 
Inspiré d'abord par des influences tribales et spirituelles, Théo Lopez bascule aujourd'hui dans l'abstrait. À l'instar des constructivistes russes, de l'abstraction lyrique européenne, de l'expressionnisme abstrait américain ou encore de ses contemporains graffuturistes, il élabore une poésie dans le travail de la matière, de la ligne et de la couleur. 
L'expérimentation fait partie intégrante du processus créatif de l'artiste. La création d’une oeuvre oscille ainsi constamment entre deux concepts opposés mais complémentaires : réflexion et spontanéité. Son premier travail, spontané et intuitif, se forme d'écritures aléatoires courbes et de gestuelles qu’il structure ensuite avec des lignes droites et des formes géométriques.

Joachim Romain
Né en 1973, vivant et travaillant à Paris, Joachim Romain investit les concepts de temporalité, d’environnement urbain et de consommation de masse. Dans la lignée du Nouveau Réalisme et du Pop Art, il transforme le paysage médiatique dans lequel nous sommes conditionnés. 
Depuis son premier soloshow en 2002 à Montmartre, il nous fait prendre conscience de la place que prend la surenchère de l’information dans notre quotidien pour en laisser apparaître, par un geste vengeur, une critique de notre société de consommation. L’accumulation, l’érosion, l’usure sont autant de marqueurs de temps que l’artiste utilise dans son travail comme un ennoblissement. 
Ayant pour médium de prédilection l’affiche publicitaire, Joachim Romain est très sensible aux questions environnementales et au recyclage, et réalise ses pièces à partir de matériaux récupérés, transformés puis sublimés. 
Son travail se décline en plusieurs séries, variant supports et techniques : la série Affichage Libre, qui utilise les affiches des rues s’accumulant en couches épaisses sur les murs des capitales, est la représentation d’une production sans limite. C’est à partir de cette matière qu’il conçoit des sculptures urbaines et via lesquelles il questionne la question de la temporalité de l’affiche et du retour au végétal. 
La série Hommes Lacérés traite quant à elle du portrait. L’artiste explique lui-même : « Le portrait sujet emblématique de l’exercice photographique et mon attirance pour les clichés de la rue fusionnent, et il en ressort des portraits d’hommes, des icônes artistiques, politiques et publicitaires. Le temps et la rue ont eu raison de leur plastique, et il ne reste d’eux que des hommes lacérés. »
Joachim Romain travaille également des portraits d’anonymes cherchant l’universalité des émotions. 
Enfin ses Installations Urbaines permettent d’offrir à la ville des parenthèses artistiques.


Galerie Saint Laurent
Jeu-sam 10h-18h + dim 10h-13h (7j/7, 24h/24 en plein air)
Entrée libre
www.galeriesaintlaurent.com
Marché aux Puces, Hall des Antiquaires
130 chemin de la Madrague-ville
13015 Marseille
09 83 98 24 16
06 76 91 42 61

Article paru le mercredi 13 juin 2018 dans Ventilo n° 412

Marseille Street Art Show à la Galerie Saint-Laurent

Monument’art

 

Le Marseille Street Art Show réinvestit le Marché aux Puces pour une nouvelle édition toujours plus folle et démesurée, pilotée par la Galerie Saint-Laurent. Pendant deux mois, des street artistes du monde entier exposent des productions inédites et recouvrent les derniers bouts de murs vides des Puces.

  C’était un retour attendu, celui d’un festival qui s’affranchit des manières et se pose là où la place suffit à ses ambitions. Le Marseille Street Art Show s’installe au Marché aux Puces pour une quatrième édition et comble les derniers espaces muraux vides. Cette année encore, le festival prend une nouvelle dimension en s’associant avec l’International Painting Art Festival (IPAF), bénéficiant ainsi de la présence de mastodontes du milieu du graffiti comme Amose, Zesar Bahamonte ou bien Ruben Carrasco. À ces têtes d’affiches viennent s’ajouter Romain Froquet, GoddoG, Mahn Kloix, Théo Lopez et Joachim Romain. Au total, ce sont donc huit artistes qui ont réalisé presque autant de fresques entourant celles des anciennes éditions, toujours présentes. Cette année, la Galerie Saint-Laurent a vu les choses en grand puisque plus de 5 000 mètres carrés de murs ont été recouverts, plus que lors de l’ensemble des trois premières éditions. Le postulat de ce festival est clair : rendre le lieu attractif au tourisme et aux amateurs de street art. Même si le Cours Julien reste la référence locale absolue, le Marché aux Puces se positionne comme un concurrent en devenir. La déambulation nous fait admirer des réalisations toujours plus monumentales et travaillées les unes que les autres. Chaque artiste appose sa signature graphique et propose des œuvres d’une grande richesse plastique. Le Marseille Street Art Show est un lieu d’expérimentation : si Amose nous livre une production qui prône la déconstruction et le dynamisme du corps en l’arborant de diverses matières plastiques, le travail de Théo Lopez se révèle plus marqué par la mise en avant du geste, sa spontanéité et sa fluidité. D’autres artistes utilisent l’espace mural pour transmettre un message : lorsque Zesar Bahamonte dessine un immense musicien, c’est pour apporter un « positivisme salvateur » dans un monde qu’il juge en perte d’humanité. Et si Joachim Romain nous délivre une production formée par l’association de matériaux récupérés, il nous rappelle implicitement le temps qui passe et nous alerte sur l’accumulation et l’érosion des matières urbaines. Cependant, une œuvre se détache dans cette édition : le cerf de Ruben Carrasco. Ce dessin monumental de plus de quatre-vingts mètres de long trône tout en haut d’un bâtiment, surplombant toutes les autres compositions et impressionnant les visiteurs, à s’en tordre le cou. Ce travail représente ce qui lui tient à cœur : la relation entre l’urbain et la nature. L’artiste nous questionne aussi à l’intérieur de la Galerie Saint-Laurent en proposant une critique de la violence et des armes. Chaque artiste possédant une identité forte et singulière, en résulte des œuvres hétéroclites, mais qui se font paradoxalement écho. De fait, si le Marseille Street Art Show n’en est qu’à sa quatrième édition, il n’en demeure pas moins reconnu internationalement et se positionne comme « le plus grand site européen de street art ». À ce jour, plus de 9 000 m2 de surface ont été recouverts, faisant du Marché aux Puces une véritable galerie à ciel ouvert. Si « l’art peut s’afficher et s’exposer partout », comme l’affirme Catherine Coudert, directrice de la Galerie Saint-Laurent, elle rêve de rendre le Marché aux Puces similaire aux plus grands lieux de street art dans le monde, à l’instar de 5Pointz (New York City) ou Shoreditch (Londres). Reste que le street art pose encore et toujours la question de son appartenance au domaine artistique : ces œuvres sont-elles destinées à la rue ou bien au marché de l’art ? Avec cette exposition, la directrice marche sur un fil fragile mais affirme son ambition : elle fera du Marché aux Puces « un lieu de visite incontournable pour les passionnés d’art urbain. »  

Théo Renoux

 

Marseille Street Art Show : jusqu’au 29/07 à la Galerie Saint-Laurent (130 chemin de la Madrague-Ville, 15e). Rens. : www.galeriesaintlaurent.com