Jean-Christophe Béchet - Eureka - USA

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Près de mille kilomètres (939 km pour être précis) séparent le village d’Eureka dans le Nevada de la ville d’Eureka en Californie. La route qui les relie recouvre en partie le tracé du fameux Pony Express, ce service de distribution du courrier qui fut en service entre 1860 et 1861. De nombreux westerns racontent l‘épopée de ce voyage à haut risque qui traversait les grandes plaines de l’Ouest, les Rocheuses et les réserves indiennes. Aujourd’hui, on arrive à Eureka (Nevada) par la route US 50, une route de 4800 km appelée « The Loneliest Road in America » (La Route La Plus Solitaire d’Amérique ). Située en altitude (1975 m), Eureka (Nevada) est un village de 600 habitants.

Pour atteindre Eureka (Californie), il faut quitter la US 50 à Reno et bifurquer vers le nord pour rejoindre la route 101 qui longe la côte du Pacifique. Situé dans la baie de Humboldt, Eureka (Californie) est une ville d’environ 27 000 habitants. En grec ancien, Eureka signifie « j’ai trouvé » . Aux Etats-Unis, c’était le cri de victoire des chercheurs d’or quand ils découvraient un nouveau filon.

Au printemps 2016, j’ai voyagé entre ces deux Eureka, du Nevada vers la Californie, en prenant quelques chemins de traverse. Le pays était en pleine campagne électorale. Entre ces deux Eureka, j’ai été confronté à cette Amérique qui vit loin de New York et de la Silicon Valley. Celle des petites cités désertes, des magasins fermés, des « dinners » aux menus immuables. Je croyais alors improbable l’élection d’un businessman grossier et caricatural malgré l’omniprésence des panneaux de ses supporters. Comment imaginer qu’un même peuple allait voter pour Trump après avoir élu Barack Obama ? Sauf qu’il ne s’agissait pas du même peuple, je rencontrai de nouveau, comme dans « American Puzzle », deux Amériques, celle des « hameaux » et celle des « villes ». Quelques mois plus tard, la première allait prendre sa revanche sur la seconde. Oui, en avril 2016, entre Eureka et Eureka, j’ai « trouvé » l’Amérique de Donald Trump…

— JCB

https://www.jcbechet.com/?page_id=4113

Leica Store
Mar-sam 10h-19h
Entrée libre
https://www.facebook.com/LeicaStoreMarseille/
47 rue Grignan
13006 Marseille
04 91 63 32 50

Article paru le mercredi 15 juillet 2020 dans Ventilo n° 443

Jean-Christophe Béchet – Eureka – USA au Leica Store

États uniques

 

Le photographe marseillais Jean-Christophe Béchet inaugure le nouveau Leica Store rue Grignan avec l’exposition Eureka, associant les extraits de deux séries réalisées en 2016 dans l’Ouest américain. Un road movie en deux teintes, entre une Amérique des campagnes pré-(pro-)Trump et le silence des paysages en noir et blanc.

  Jean-Christophe Béchet est un héritier de la photographie de rue, dans laquelle l’image se confronte au réel. L’homme arpente les lieux, les campagnes, photographie ce qui l’anime, porté par les mélodies des images qui s’imposent à lui. En 2016, durant la période pré-électorale, lorsqu’il paraît encore impossible qu’un businessman égocentrique prenne les rênes d’une des plus grandes puissances mondiales, Jean-Christophe Béchet pose un regard aimant et inquiet sur ce territoire de plus en plus cabossé. Il décide d’entreprendre un voyage de plus de mille kilomètres, sur la route la plus solitaire des États-Unis : d’Eureka, Nevada, à Eureka, Californie… Tel le refrain idéal d’une chanson, l’ambiance américaine aux couleurs si évidentes nous plonge dans un western actuel où les revendications politiques s’expriment du rétroviseur de la voiture à la pancarte d’un restaurant, jusqu’au T-shirt du gérant... Make America Great Again résonne en trame de fond derrière le calme et la douceur des images, rappelant les grands coloristes américains des années 60’s. C’est en quittant les villes que l’on va retrouver la grandeur des « petits paysages américains », nom de cette seconde série qui questionne avec subtilité les habitudes de représentations. Les chutes du Niagara, la Monument Valley, le Grand Canyon se retrouvent si souvent représentés sur d’immenses affiches fameusement kitsh, presque outrancières, que l’on ne les reconnaîtrait pas autrement. Jean-Christophe Béchet en présente un parfait contrepoint, une subtile opposition entre le cadre et la grandeur des lieux, portée par des photographies argentiques en noir et blanc, aux contrastes hypnotiques, tirées de façon artisanale : une réalité plus sensible, hors du temps. « La photographie, c’est comme un rythme, une mélodie, une atmosphère où l’on se laisse porter par l’image en suspens. » Jean-Christophe Béchet nous livre ici une histoire américaine à écouter sur fond de Bruce Springsteen et de Keith Jarrett.  

EL

 

Jean-Christophe Béchet – Eureka – USA : jusqu’au 2/01/2021 au Leica Store (47 rue Grignan, 6e).

Rens. : www.facebook.com/LeicaStoreMarseille/

Pour en (sa)voir plus : https://www.jcbechet.com