Jean-François Debienne - Traces d'usines

Photos. Commissariat : Jean-Pierre Cramoisan (poète)

Un jour, je suis allé dans le quartier des Riaux, au bout de l’Estaque, à Marseille, avec quelques contacts en poche et mon inséparable appareil photo. Après un long trajet en bus du centre ville, du terminus du 35. J’ai monté les premiers escaliers et parcouru les ruelles, croisant l’impasses des usines, puis la montée des usines et même, plus loin, le chemin de la Nerthe. Autant de paysages des films de Guédiguian en tête ! J’ai rencontré des gens, des femmes, qui avaient des choses à dire sur la vie de leurs maris ou de leurs parents et grands-parents qui avaient travaillé dans les usines, là-haut….
Après une première série de photos, Femmes d’usines, en mars 2019, je suis revenu au début de l’été 2019, car j’avais aussi rencontré une architecture, des friches, des rues, une femme centenaire, Marie Brau, qui m’avait montré de vieilles photos de Kulhmann et d’anciens salariés, d’autres usines.
Que de souvenirs en eux, mais où étaient-elles, ces usines ?
À la recherche de traces, tel un arpenteur, j’ai parcouru d’autres chemins, d’autres ruelles, j’ai à nouveau écouté d’autres histoires, d’autres récits avec ce questionnement toujours présent que pouvait avoir un Don MacCullin, ce formidable photographe des fabriques et du monde ouvrier en Grande-Bretagne : « Comment révéler avec des photographies ce qui reste, mais aussi ce qui n’existe plus, ce qui est invisible ? »
Du temps s’était écoulé depuis les premières installations sur les collines, beaucoup de temps… mais le temps n’est pas une ligne droite où se succèdent le passé, le présent et le futur, il est plutôt une série de récits qui cohabitent.
En réalisant cette deuxième série, Traces d’usines, j’ai voulu mettre en images quelques-uns de ces récits,  mais surtout rendre hommage, au travers de ces quelques photos en noir et blanc, à ce passé industriel, à ces ouvriers, à cette mémoire, d’une vie souvent dure mais  fraternelle et foisonnante. J’ai voulu poser un regard, juste un regard sur une mémoire ouvrière sur fond bleu azur, dans ce quartier du nom d’un ruisseau, toujours là, bien vivant, avec ses habitants, ses histoires, ses architectures et même sa poésie.
Tout un patrimoine !

— Jean François Debienne


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Longchamp Palace
Jusqu'au 21/02 - Tlj 9h-20h
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