Laurent Pernot - Je cherche un endroit où personne ne meurt jamais

Techniques diverses. Exposition initialement prévue pour la biennale Chroniques

Pour la deuxième édition de Chroniques, le Musée du Pavillon de Vendôme s’associe à la Biennale des Imaginaires Numériques et ouvre ses salons à Laurent Pernot, artiste pluridisciplinaire.

Les œuvres réunies à l’occasion de l’exposition gravitent autour du temps. Certaines le traquent, d’autres cherchent à l’éconduire.

Si le temps est l’une des rares choses sur lesquelles l’humain n’aura jamais d’emprise, il recèle aussi un secret dont les anges et les morts sont les gardiens suprêmes. Un secret que même les sculptures et les astres ignorent, et sans lequel le temps lui-aussi demeure une énigme. Les prophètes s’y sont trompés et les églises l’ont sonné en vain. Seuls, peut-être, les philosophes et les poètes s’en sont approchés : l’éternité. 

Au temps d’Aristote l’éther était la matière de l’éternité, qui correspondait au monde du ciel, englobant tous les corps célestes. Puis, plus proche de la Terre et de la nature, Spinoza envisageait l’éternité comme la présence en acte et dans sa plénitude, la philosophe Simone Weil la confondait même avec la beauté. Plus proche de nous encore, elle pourrait, selon Emanuele Coccia, jaillir précisément de la substance de nos corps : « chacun des vivants exprime la vie de la planète entière, passée, présente, et future »1.

Mais que disent les photographies, les fleurs ou les vagues sur l’éternité ? Que disent encore les histoires légendaires du Pavillon de Vendôme, ses atlantes ou ses décors baroques ? Parmi les œuvres existantes et les créations imaginées spécifiquement pour le musée, les temporalités se multiplient, les mémoires s’agrègent et les pièges visuels se jouent de nos perceptions : les images sont évanescentes, la glace et le feu sont illusoires, les sculptures périssables… La stabilité n’est qu’apparente, l’entropie sommeille et l’éternité semble se dérober. Mais au fond, ne serait-elle pas là, simplement partout, si présente qu’on ne saurait la voir, dans la seule attente d’un regard éclairé pour s’y laisser contempler ?

1 Emanuele Coccia, Métamorphoses, éditions Payot & Rivages, 2020

Commissariat : Christel Roy et Mathieu Vabre

 

Pour ceux qui ne peuvent faire le déplacement, une visite en ligne est disponible.

Laurent Pernot est né en 1980, il vit et travaille actuellement à Paris. Diplômé de l’Université Paris 8 et du Fresnoy studio national, il façonne une œuvre polymorphe qui explore la mémoire à travers l’expérience du flux du temps, de l’impermanence des choses, de l’apparition et de la disparition. Ses recherchent empruntent souvent à l’histoire, à la poésie, à la philosophie et aux sciences, dans une approche qui interroge la nature et la fragilité du vivant. 

Son travail a notamment été exposé à la Fondation Miro de Barcelone, à la Sketch Gallery de Londres, à l’Espace Culturel Louis Vuitton à Paris, au Palais de Tokyo, à la Maison Rouge, au Grand Palais, à la Biennale de São Paulo, au Centre Pompidou, au MMOMA de Moscou, au musée Delacroix, au Mac-Val et au Voyage à Nantes. Ses oeuvres sont présentes dans des collections de musées, de fondations et de privés du monde entier.

Pavillon de Vendôme
Jusqu'au 6/06 - Tlj (sf mar) 10h-12h30 & 13h30-18h
0/3,70 € (gratuit le 1er dimanche du mois)
http://www.aixenprovence.fr/
13 rue de la Molle / 32 rue Célony
13100 Aix-en-Provence
04 42 91 88 75