Olivier Derousseau - La subtile mémoire des humains du rivage

À l'occasion de la huitième et dernière séquence d'expositions du projet "Les Archives Invisibles", porté par le département Éducation et Médiation de Manifesta 13 à Marseille dans le cadre du Tiers Programme, le cinéaste Olivier Derousseau est invité à "raconter" les archives de Film Flamme-Polygone étoilé, collectif de cinéastes à l'origine du centre de création cinématographique éponyme basé dans le quartier de la Joliette à Marseille.

Les Archives Invisibles est un programme d'expositions et d'événements qui vise, depuis décembre 2019, à mettre en lumière les mémoires non institutionnelles d'initiatives civiles marseillaises à travers le regard d'un·e artiste invité·e. Cherchant à remettre en question les discours « dominants » produits sur la ville, ces Archives Invisibles  ont à cœur de dévoiler les histoires de résilience et de synergies citoyennes nées et localisées dans des quartiers de la ville.


Archive Invisible #8 : La subtile mémoire des humains du rivage

    À l'origine de Film flamme, ce sont des artistes de diverses disciplines artistiques qui choisissent le cinéma comme langue commune, entre eux·elles et avec le public, considérant qu’il s’agit là d’une langue universelle que tout le monde parle et comprend. Comme l’exprime Pasolini : « C’est la langue naturelle de l’action humaine ».
    
Le titre de cette huitième et dernière séquence d'expositions du projet Les Archives Invisibles est emprunté à une série de films 16mm réalisés entre 1997 et 2016 lors d'ateliers de création initiés par le collectif Film flamme à destination d'habitant·e·s du quartier du Panier à Marseille. L’ensemble des films de trois minutes, assemblés dans l’ordre du tournage, constituent une œuvre collective et anonyme.

Derrière La subtile mémoire des humains du rivage, il y a une volonté de prolonger l’esprit de l’Éducation Populaire mais aussi d’en renverser la proposition hiérarchisante. Cette langue commune est « déjà là », il n’est pas de « formation » à apporter, pas « d’apprentissage » technique laborieux à transmettre, et surtout pas de scénario à écrire ou de pensée à « traduire en image » selon les canons qui déterminent habituellement ces pratiques. Au contraire, les artistes qui proposent ces gestes doivent, après la première rencontre et la transmission des outils de l’écriture, savoir se retirer, créer un espace vide.

Aujourd’hui de jeunes réalisateur·rice·s, au sein du Polygone étoilé, un outil de création unique en Europe, élaborent ce que peut être le devenir de ce geste dans le temps présent et ses techniques digitales, prolongeant la pensée d’une technique au service de l’émancipation individuelle et collective.

Film flamme – Polygone étoilé
Film flamme est une association de cinéastes et d’artistes créée en 1996 à Marseille. En 2001, le collectif crée le Polygone Étoilé, un centre de création cinématographique situé dans le quartier de la Joliette. Le lieu propose un ensemble technique qui mêle image chimique et électronique, ainsi qu’une salle de projection de 76 places et un espace convivial à l’étage où se tiennent régulièrement rencontres et débats. Dès ses débuts, le collectif développe des ateliers publics de création et des résidences de cinéastes.
 
Olivier Derousseau
Olivier Derousseau est travailleur social, ouvrier technicien et cinéaste ; membre du collectif Encore Heureux... et de la revue Les nouveaux cahiers pour la folie. Il vient de terminer puis de présenter au FID de Marseille un film intitulé Northern Range, récompensé d’une mention spéciale au prix de la compétition Internationale. Olivier s’apprête à reprendre Et la terre se transmet comme la langue de Mahmoud Darwich, en compagnie de Stéphanie Béghain et Marc Pérènnes, au théâtre de Gennevilliers. Représentations prévues en mai 2021.