Affleurements

Expo sur les liens entre création contemporaine et archéologie : œuvres de Amalie Smith, Sammy Baloji, Cristina Lucas et Francisco Tropa

Quels sont les liens entre création contemporaine et archéologie ? C’est l’une des questions soulevées par l’exposition Affleurements, qui présente les travaux de quatre artistes – Amalie Smith, Sammy Baloji, Cristina Lucas et Francisco Tropa – accueillis en résidence au sein de quatre institutions culturelles européennes dans le cadre du projet Excavating Contemporary Archaeology.
 
À Anvers (AIR, Belgique), à Nicosie (POINT, Chypre), à Aarhus (Kunsthal, Danemark), comme à Marseille (Mucem, France), chacun de ces artistes a pu, durant plusieurs semaines, s’inspirer des contextes culturels locaux, travailler avec des collégiens et produire de nouvelles créations selon des méthodes qui ne sont pas sans rappeler celles de l’archéologie.
 
En effet, à la manière de l’archéologue, ces artistes interrogent la surface visible du monde pour y faire affleurer les traces du passé – qu’elles témoignent d’un moment historique qu’il est parfois douloureux d’évoquer ou de la mémoire mythique d’une humanité questionnant ses origines. En contrepoint, certains questionnent notre devenir dans une sorte de récit d’anticipation, inventant une nouvelle forme d’archéologie du futur.

—Commissariat :
Hélia Paukner, conservatrice du patrimoine, responsable du secteur Art contemporain au Mucem.

Excavating Contemporary Archaeology est un projet de coopération européenne qui vise à explorer la richesse et la diversité du patrimoine culturel européen. Il rassemble pour une durée de deux ans (2018-2020) quatre institutions partenaires : la Kunsthal à Aarhus (Danemark), POINT à Nicosie (Chypre), AIR à Anvers (Belgique) et le Mucem.
 
L’objectif est de questionner les liens existants entre l’archéologie, entendue au sens large des traces laissées par le passé, et la création artistique contemporaine. Les quatre partenaires ont mis en place des programmes de résidences, permettant à des artistes contemporains d’explorer la diversité des patrimoines culturels. Le projet suggère ainsi une nouvelle approche du patrimoine culturel, de l’histoire et de la notion d’identité, à l’attention du grand public et notamment des jeunes générations.
 
Le projet Excavating Contemporary Archaeology est cofinancé par le programme Europe Créative et 2018, Année européenne du patrimoine culturel.

CCR - Centre de Conservation et de Ressources du Mucem
Lun-ven 9h-12h30 sur RDV à reservationccr@mucem.org & 14h-17h
Entrée libre
www.mucem.org
1 rue Clovis Hugues
13003 Marseille

Article paru le mercredi 14 octobre 2020 dans Ventilo n° 446

*SUSPENDU* Affleurements au Centre de Conservation et de Ressources du Mucem

Artchéologie

 

Le Centre de Conservation et de Ressources du Mucem propose l’exposition très épurée Affleurements, entre archives et documentation, qui met en lien archéologie et création artistique contemporaine dans un esprit d’ouverture et d’interdisciplinarité.

  La visite du Centre de Conservation et de Ressources du Mucem (CCR) permet de découvrir l’endroit où sont entreposées et conservées toutes les œuvres du musée, de la base des projets aux expositions en elles-mêmes. Elle permet surtout de comprendre que ce lieu est dédié aux sciences humaines, aux arts populaires et à l’ethnologie, ces grandes thématiques chères au musée, dont l’exposition actuelle est représentative. L’exposition Affleurements s’intègre dans le projet de coopération européenne Excavating Comtemporary Archaeology, qui met en avant la question des traces historiques, de la richesse des patrimoines culturels comme vecteurs de transmission, d’inspiration pour l’imaginaire de l’artiste. La démarche se fait alors scientifique, à l’instar du travail de chercheur, comme l’explique Hélia Paukner, commissaire de l’exposition. Les quatre artistes, Amalie Smith, Sammy Baloji, Cristina Lucas et Francisco Tropa, puisent dans le passé pour créer un nouveau réel. Un autre monde, pas toujours heureux, comme en témoigne l’œuvre de Sammy Bajoli. Il nous montre un passé douloureux, comme l’exploitation des richesses de son Congo natal par les colons, à travers de nombreuses lettres mises sous verre, qui évoquent les trafics humains et matériels de cette période. Avec son installation Waves, l’artiste espagnole Cristina Lucas marque quant à elle une ligne de rupture : celle de la rencontre impossible entre deux poètes sur l’île de Chypre — l’un grec, l’autre turc — malgré la similitude de leur environnement, comme si la mémoire collective était plus forte que le réel, comme si le passé avait encore une portée politique, comme si l’histoire avait des conséquences sur la création. À travers son intérêt pour l’argile, Amalie Smith s’attache pour sa part à montrer l’évolution des paysages comme une marque du temps qui passe, où l’on peut à la fois retrouver les origines de civilisation ou s’en inventer de nouvelles. Enfin, Francisco Tropa, qui a travaillé avec des élèves de cinquième du collège Louis Armand autour d’œuvres du Mucem, recrée un monde poétique grâce à leurs dessins, dont les couches colorées rappellent les strates des archéologues. L’exposition si petite soit-elle (une salle et demie), va au-delà de la création et de l’imaginaire artistiques ; elle questionne les mythes pour comprendre l’humanité et valoriser les œuvres pour transmettre au public une idée de la richesse des patrimoines culturels.  

Cécile Mathieu

 

Affleurements : jusqu’au 8/01/2021 au Centre de Conservation et de Ressources du Mucem (1 rue Clovis Hugues, 3e).

Rens. : www.mucem.org