La Provence de Giono

Peintures des XIXe et XXe siècles : Auguste Aiguier, Marius Barthalot, Paul Guigou, Théodore Jourdan, Emile Loubon, Adolphe Monticelli…

Le Musée Regards de Provence met à l’honneur La Provence de Giono dans le cadre du cinquantenaire de la disparition de Jean Giono. C’est l’occasion d’une grande rétrospective Giono au Mucem et de l’exposition Lucien Jacques. Le sourcier de Giono au Musée Regards de Provence, en coproduction avec le Mucem. Un grand nombre des ouvrages de Giono ont pour cadre le monde paysan provençal. Selon lui, la nature y est belle, mais aussi cruelle, destructrice et purificatrice : l'Homme en fait partie, mais elle n'est pas l'Homme.
Cette exposition, dont l’ensemble des œuvres est issu de la collection de la Fondation Regards de Provence, réunit près de 70 toiles des XIXe et XXe siècles. Elle propose un voyage dans le temps à travers la campagne provençale et met en lumière le pays natal de Giono par la beauté et le réalisme des œuvres des peintres de l’École des Paysagistes de Marseille.

Au XIXe siècle, malgré les progrès de l’industrialisation, la France reste essentiellement rurale et tout particulièrement la Provence. Est-ce pour cette raison que les représentations de la campagne et de la vie agricole semblent être au coeur des préoccupations des peintres et des écrivains provençaux ? Ce qui est certain, c’est que le monde rural est alors très proche en Provence. Il n’est que de voir l’exemple de la ville de Marseille constituée de tous ces villages qui se trouvaient à sa périphérie dans la campagne, pour comprendre que le monde rural, du moins dans cette période, n'est jamais très éloigné des villes ou des bourgs.
C’est autour de ce thème de la ruralité que se regroupent peintres et poètes et il convient de souligner à ce sujet les liens qui s'établissent si fréquemment entre les artistes peintres et écrivains. C’est ainsi qu’Émile Loubon et Frédéric Mistral ont été bien souvent rapprochés ; ils illustrent tous deux ce que l’on appelle « la Renaissance Provençale » ; ils contribuèrent chacun à révéler la Provence en la représentant sous ses traits les plus caractéristiques qui ne sont d’ailleurs pas les plus flatteurs, car Loubon peint des paysages arides qui ne pouvaient que surprendre le public parisien qui lui reproche sa palette «grise». Avec l’écart d'une génération, Loubon et Mistral oeuvrent pour la même cause, ils aiment et défendent le même pays, mais leurs tempéraments sont fort opposés.
Les écrivains décrivent volontiers les hommes tandis que les peintres mettent l’accent sur les paysages ; les écrivains recherchent les détails, les termes précis du terroir, les peintres – préfèrent brosser les grandes lignes et les vastes horizons du paysage.
Marseille, les Bouches du Rhône, le Var, le Vaucluse, leurs paysages, leurs villages emblématiques et les campagnes avoisinantes sont autant de lieux qui fascinent par leur particularité, leur lumière, leurs coloris et par la joie, la sympathie et l’accent des provençaux qui les animent. Au milieu du XIXe siècle, les artistes commencent à peindre sur le motif donnant une autre vision de la nature et des scènes de la vie quotidienne.
Au fil des toiles, nous croisons la Provence vivante ou sauvage qui est représentée par Auguste Aiguier, Marius Barthalot, Paul Guigou, Théodore Jourdan, Emile Loubon, Adolphe Monticelli… Des sites paisibles et sereins où la nature domine par sa splendeur, sa pureté et sa force et où l’homme et ses animaux s’y unissent au quotidien. Les artistes amoureux de la nature comme Honoré Boze, Joseph Cabasson, Paul Guigou ou François Simon,…, recherchent et retracent la sérénité, la majesté de ses paysages et s’émerveillent devant ces scènes pastorales, comme les lavandières, la transhumance, la chasse et les ramasseuses de lavande ou de bois. Ils composent dans leurs peintures des ambiances réalistes, naturalistes marquées d’un certain romantisme.
L’École Provençale ne transforme pas la vision de la peinture, elle se limite à peindre une terre qui n’est pas touchée au même titre que d’autres régions par l’industrie, qui paraît par là même éloignée du monde moderne malgré l’arrivée du PLM ; et avec une certaine candeur, qu’ils soient régionalistes ou non, les peintures évoquent ce qui est immuable, intemporel, un paysage pour un temps épargné par les bouleversements de l’ère moderne.

* Extraits de textes de l’historienne d’art, Paule Brahic, issus du catalogue La Provence rurale de 1850 à 1900, vue par ses peintres, ses félibres et ses poètes

Musée Regards de Provence
Mar-dim 13h30-18h
2/5,50 €
www.museeregardsdeprovence.com
Boulevard du Littoral
Allée Regards de Provence
13002 Marseille
04 96 17 40 40