Alambic Sonore : Vincent A. Pat Lubin + Shoï Extrasystole

Performance sonore, avec projection de photographies mouvantes de Sophie Carles

OŒuvre au paroxysme de la dualité et de la synesthésie, qui fait entendre les odeurs, les couleurs, les énergies et l’inécoutable, qui permet de visualiser les parfums, les ondes, les interdits et l’amour, qui donne la perception d’effleurer les effluves, les fréquences, les mouvements, la chaleur et la vie, qui laisse le pouvoir de déguster des nuances, des lumières, des sons, des bouillonnements, des connaissances et la mort. Le fruit de cette installation, de cette distillation, qui est la collaboration entre des chimistes, des musiciens, des inventeurs, des artistes, des agriculteurs, des chercheurs, et des alcooliques aboutit à la transformation et à la destruction même du fruit.
Cette distillation clandestine, qui est très sévèrement sanctionné par la loi, est ainsi installée aux yeux de tous. La vulgarisation de toute cette chimie, cette électrochimie, cette agrochimie, cette biochimie employée, démontrant que le plaisir et le bonheur de ces connaissances qu’elle peut procurer n’est caché que par la vulgarité de la désinformation et de l’ignorance.
La diffusion d’un savoir-faire, d’un savoir créer le désir, d’un savoir donner le plaisir est ainsi expliqué en montrant la fabrication de cet outil de destruction des personnes et des savoirs
Le bouillonnement de toute cette alchimie créative s’évaporant ainsi que toute la quintessence produite pour polluer l’atmosphère de ses fragrances merveilleuses et toxiques.

Un chimiste, un agriculteur et un artiste réinventent l’ancestral pour mieux parler de la problématique actuelle de la distillation. On peut voir le processus en route, on sent, on peut toucher et goûter le procédé ainsi qu’entendre l’ébullition.
Œuvre totale qui se transcende en transformant les sons concrets en musique au fil du temps.

L’Alambic sonore est accompagné d’une projection de photographies mouvantes de Sophie Carles. Ces paysages chimiques font écho aux formes et à la fonction de l’alambic.

https://extrasystole-music.blogspot.com/p/alambic-sonore.html

alambic sonore 3 from Shoï Extrasystole on Vimeo.

 

École supérieure d'Art d'Aix-en-Provence Félix Ciccolini
Le vendredi 16 novembre 2018 à 14h
Entrée libre
www.festival-gamerz.com
Rue Emile Tavan
13100 Aix-en-Provence
04 65 40 05 00

Article paru le mercredi 31 octobre 2018 dans Ventilo n° 417

Festival Gamerz

Robot sapiens

 

Entre Aix et Marseille, le festival Gamerz propose, pour sa quatorzième édition, un voyage créatif et consciencieux dans les arts numériques.

  La technologie, nous l’utilisons quasiment tous, comme un élément devenu indispensable à notre confort, sans se soucier de la place qu’elle prend dans nos vies. Le festival Gamerz joue intelligemment de cet état de fait depuis 2003, date de sa fondation par l’association aixoise M2F Créations/Lab Gamerz. Jouant sur la transdisciplinarité, le festival convie des artistes qui font appel à des outils numériques pour mieux s’en emparer et les détourner. Habile choix que celui de changer de rôle à une ère où nous sommes noyés, voire soumis à tout ce que la technologie a à nous offrir. Par-delà le côté artistique et « geekement » audacieux, l’enjeu est ici de marquer une pause dans notre monde hyperconnecté afin de prendre du recul face à cette situation. Une sorte d’autocritique qui nous confronte aux différentes problématiques émergeant de ce phénomène, tout en gardant une certaine légèreté à travers l’autodérision. Cette année, le festival se concentrera sur la notion de « Digitale défiance ». Pour l’artiste Paul Destieu, l’un des fondateurs de la manifestation, il s’agit d’une « mise en lumière sur l’hégémonie drivée par les rhétoriques de l’évolution et du progrès. » La technologie serait mise en avant car très rentable, entraînant chez ses utilisateurs (et les autres) une perte de contrôle de ses outils ainsi qu’un déséquilibre socio-technologique. En partenariat avec la Biennale Chroniques, Gamerz aura lieu simultanément dans quatre lieux différents : la Fondation Vasarely, l’École supérieure d’Art d’Aix, la Bibliothèque et la Galerie des Grands Bains Douches à Marseille. L’entrée se veut libre et gratuite afin de rendre le festival accessible à tous. Elle est ouverte à l’international via une sélection artistique exigeante, se déclinant en expositions, conférences, performances, ateliers participatifs et masterclasses, pour porter un regard critique sur notre société « d’hyper contrôle » orchestrée par et pour le profit économique. Parmi les artistes, on retrouvera Julien Clauss, Caroline Delieutraz, ErikM, Géraud Soulhiol et Quentin Destieu. Tous proposent un point de vue différent face aux enjeux grandissants du numérique et présenteront des œuvres aussi atypiques que dénonciatrices qui nous renverront à notre propre reflet. Fruit d’une collaboration entre des chimistes, des musiciens, des inventeurs, des artistes, des agriculteurs et des chercheurs, la surprenante exposition-performance Alambic sonore à l’École supérieure d’Art d’Aix donne forme à ce qui ne se touche pas. Les odeurs, les ondes, les mouvements, la chaleur, les nuances s’incarnent à travers l’imaginaire et le son grâce à cette distillation clandestine qui allie chimie, art et savoir-faire. Entrant elle aussi dans le champ des problématiques soulevées par le festival, il faudra regarder au-delà de la performance pour y puiser sa source de réflexion. Paul Destieu nous rappelle alors qu’il est important d’avoir recours à des alternatives face au système actuel fermé et verrouillant : le recyclage de matériaux déjà existants, l’utilisation d’open sources, le réinvestissement du temps à une époque où tout va trop vite… Le but étant de nous réapproprier l’autonomie qu’il nous manque et nous distinguer des machines via de nouvelles fabriques numériques qui défendent des utopies alternatives et égalitaires. « Rien ne discrédite aujourd’hui plus promptement un homme que d’être soupçonné de critiquer les machines », écrivait Günther Anders dans L’Obsolescence de l’homme en 1956. Un constat réaliste, mais qu’il est encore possible de renverser en restant alerte au quotidien et à l’écoute de ce que l’art a à nous dire là-dessus. Le festival Gamerz relève ainsi le pari d’ouvrir des fenêtres de liberté dans une dynamique de réflexion, de partage et de discussions où l’intelligence collective sera mise en lumière.  

Saïda Boulkaddid

 

Festival Gamerz : du 8/11 au 15/12 à Aix-en-Provence et Marseille.

Rens. : 04 88 05 05 67 / www.festival-gamerz.com

Le programme complet du Festival Gamerz ici