Talal Derki

Master class avec le réalisateur, modérée par Katia Saleh (réalisatrice et productrice)

Dans son précédent film Retour à Homs (2013), Talal Derki suivait deux jeunes dissidents anti-Assad entrés dans la résistance armée après les bombardements sur la ville. Avec Of Fathers and Sons, il revient au nord de son pays, dans la province d’Irbid contrôlée par le Front al-Nosra, branche locale d’al-Qaïda, pour suivre Abu Osama, l’un des fondateurs du mouvement et père aimant pour ses huit garçons. Se faisant passer pour « photographe de guerre » et sympathisant des djihadistes et de leur idéologie, Derki filme le quotidien de cette famille syrienne au moment où les deux fils aînés, 13 et 12 ans, sont en voie de devenir des soldats de Dieu. Il s’efforce, par le petit bout de la lorgnette du cinéma direct, de comprendre, sans jugement ni complaisance, ce qui pousse certains à vouloir vivre sous la charia et l’imposer, au besoin par la force, à leurs semblables

Organisée en partenariat avec l’Institut de Recherches et d’Etudes sur les Mondes Arabes et Musulmans-IREMAM, l’Ecole des Hautes Etudes en Sciences Sociales-EHESS et l’Université Aix-Marseille

Cinéma Le Miroir
Le vendredi 5 avril 2019 à 9h30
Entrée libre
www.lesrencontresdaflam.fr 
2 rue de la Charité
13002 Marseille
09 50 38 41 68

Article paru le mercredi 20 mars 2019 dans Ventilo n° 425

Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam

L’ami de la famille

 

Du 1er au 7 avril, les Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam mettront de nouveau à l’honneur les cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient, dans divers lieux de diffusion de Marseille et sa région. Une occasion toujours exceptionnelle de découvrir une création dynamique.

  Certes, de nombreuses cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient trouvent leurs origines à l’aube du cinéma — on songe à l’Égypte, qui proposa ses premières projections un an après celles de La Ciotat. Or, plus de cent vingt ans plus tard, c’est bel et bien dans cette région du monde que le geste filmique conserve une éternelle jeunesse, toujours réinventée. À cela, diverses raisons, dont sans doute les modes de production, certes complexes, qui ont fait éviter aux œuvres du Maghreb et du Moyen-Orient l’écueil d’un mécanisme industriel cinématographique formaté. Les films qui nous parviennent aujourd’hui encore développent en grand majorité un regard saillant sur les sujets qu’ils abordent, empreint d’un sentiment d’urgence que le cinéma se doit de conserver. La cité phocéenne devient chaque année le témoin de la grande diversité des cinématographies du Maghreb et du Moyen-Orient, avec les excellentes rencontres proposées par l’équipe d’Aflam : pour sa sixième édition, la manifestation déploie une programmation passionnante, multipliant les angles de vues sur de nombreux pays du pourtour sud de la Méditerranée, avec, cette année, un fil conducteur universel et cependant prégnant dans les œuvres du Maghreb et du Moyen-Orient : la complexité des liens familiaux. Comme en témoigne le film d’ouverture, Le Déjeuner, huis clos familial dans lequel se reflète la société libanaise, que viendra présenter son réalisateur Lucien Bourjeily. Suivront alors une trentaine de films à découvrir sans réserve, parfois accompagnés des cinéastes, à l’instar de Benzine de la réalisatrice tunisienne Sarra Abidi (séance présentée par Films Femmes Méditerranée), Mon cher enfant de Mohamed Ben Attia (l’une des belles surprises en salles de cette fin d’année passée), Of fathers and sons de Talal Derki, dont on avait aimé Retour à Homs et qui animera lors de ces rencontres une précieuse master class, Baghdad Station de Mohamed Jabarah Al-Daradji, La Traversée d’Ameen Nayfeh ou Le Convive d’Hakim Mastour. Citons par ailleurs la projection du formidable court-métrage de Romuald Rodrigues Andrade, Trace ta route, tourné à Vitrolles, où l’on retrouve au générique le jeune Idir Azougli, qui nous avait épatés dans Shéhérazade. Sans oublier, déjà encensé dans ces colonnes, le saisissant Amal, que le réalisateur Mohamed Siam accompagnera au Mucem, à l’Alhambra et au Méliès de Port-de-Bouc. Deux temps forts s’imposent en points d’orgue de cette programmation : l’hommage, d’une part, à l’un des plus grands cinéastes égyptiens, Youssef Chahine, dont un pan de l’œuvre considérable a fait dernièrement l’objet d’une restauration en version numérique. De Gare centrale à Un jour… le Nil, sans oublier sa tétralogie autobiographique — dont Alexandrie encore et toujours —, le cinéaste a tissé une œuvre d’une formidable intelligence à redécouvrir sans tarder ! Enfin, les Rencontres Internationales de Cinéma d’Aflam mettent chaque année à l’honneur, dans la section Au-delà des frontières, un pays voisin : pour cette nouvelle édition, le choix s’est porté sur le cinéma contemporain serbe, avec cinq films programmés. Si l’on ajoute à ces propositions les cafés-cinés, tables rondes ou ateliers, ces rencontres restent derechef l’un des temps forts cinématographiques de l’année développés dans la cité phocéenne.  

Emmanuel Vigne

 

Rencontres Internationales de Cinéma : du 1er au 7/04 à Marseille et en région Sud-PACA.

Rens. : www.lesrencontresdaflam.fr 

Le programme complet des Rencontres Internationales de Cinéma ici