Cette année le 20e Carnaval indépendant de la Plaine, Noailles, les Réformés et des autres quartiers de Marseille qui le rejoindront, sera plus libre, plus fort et plus joyeux que jamais, car il est grand temps que petits et grands sortent des épreuves, des colères et des peines rencontrées cet hiver sur ses terres originelles.
Ce fut d’abord la longue et âpre bataille pour la survie de La Plaine, finalement amputée en octobre d’une centaine de tilleuls, frênes et autres arbres à soie ou de Judée et de leur ombre si chère à ses résidents et usagers. Le cœur battant du quartier avec son marché tri hebdomadaire est depuis lors vide, sanglé d’une muraille sinistre pour cacher les méfaits du pouvoir.
Et puis en novembre ce fut le drame de la rue d’Aubagne : les morts sous les décombres et plus d’un millier d’habitants brutalement exilés, souvent très loin de chez eux. Face à leur désarroi, une municipalité muette regardait ailleurs : la faute à la pluie, ont-ils osé dire.
Alors cette année, la fête sera lancée le dimanche 10 mars à 14H depuis la place Carli, au pied de la Plaine et à trois pas de Noailles : ce sera le traditionnel procès du Caramentran, évidemment coupable de toutes ces turpitudes.
Puis le cortège en délire, avec ses batucadas, ses fanfares et ses joueurs de tambourins, ira à la rencontre des quartiers voisins, à son image, populaires et solidaires. Et tous ensemble, ils accompagneront l’affreux Bonhomme Hiver jusqu’à son supplice bien mérité. Cette année le Carnaval passera par La Plaine, Noailles et le cours Belsunce pour rejoindre, à la Porte d’Aix, son inéluctable bûcher, escorté de milliers de bourreaux en délire.
Plus que jamais, notre Carnaval sera festif, jouissif et familial. Plus que jamais on y dansera, chantera et ce jour-là, les adultes auront tous des cœurs de minots, car Carnaval apportera l’éclaircie tant attendue après cet hiver exceptionnellement dur aux Marseillais.
Enfin sachez que le Carnaval indépendant ne cherche en aucun cas la bagarre. Il revendique seulement sa liberté de défiler, de se masquer, d’exister. Et si par malheur des « déguisés pas désirés » et trop zélés voulaient créer de leur côté un Carnaval de l’Evêché, libre à eux, mais aucune violence ne viendra des carnavaliers.
Enfariner tous ceux et celles qui ne seront pas déguisées, cette année encore, sera notre seule brutalité … Aïoli !
Jordan Saïsset