La connerie, un moteur de l'Histoire + Faut-il détester les intellos ?

Deux conférences respectivement données par Jean-François Dortier (fondateur des magazines Sciences Humaines et Le Cercle Psy) et Sarah Al-Matary (maître de conférences en littérature à l’université Lyon 2 et auteure de La Haine des clercs. L’anti-intellectualisme en France), en dialogue avec Jean-Marie Durand (journaliste)

 La connerie, un moteur de l'Histoire  

"Quelle sont les force motrices de l’histoire ? Les réponses ne manquent pas. Tour à tour ont été invoqué :  le rôle des grands hommes, la lutte de classe, la force des idées, idées, le progrès technique, la violence et la guerre ou encore le rôle de  l’imaginaire.  

Mais c’est sans compter sur une autre facteur clé : la sottise humaine. Celle-ci se manifeste de multiples manières : les idéologies néfastes, les choix désastreux, les passions aveuglantes (haine, colère et ressentiment) ou tout simplement le fait d’avancer dans le brouillard et de s’engager collectivement dans une direction en pensant aller dans une autre. 

Faire de la connerie le moteur de l’histoire : telle est l’hypothèse que l’on va explorer dans cette  conférence. Simple provocation ? Pas vraiment. Disons plutôt une hypothèse de travail à ne pas négliger. 

Pour tester cette hypothèse, on ira à la rencontre des premiers hommes qui ont édifié des mégalithes, on s’interrogera sur la dynamique des révolutions, et des guerres, sur la récurrences des crises, on s’interrogera sur la capacité des humains à se duper eux-mêmes et à s’engager dans des projets utopiques qui tournent souvent au désastre.  

Winston Churchill l’avait dit à sa façon : « La part de bêtise est toujours plus grande que celle de la malice dans les affaires humaines."

— Jean-François Dortier

​Faut-il détester les intellos ? 

Depuis la Révolution, l’histoire de France est jalonnée de conflits dont l’intellectuel et ses avatars sont la cible. Cette « haine des clercs » s’exprime pourtant toujours au nom de l’intelligence, et les anti-intellectualistes – qui en ont une définition particulière – peuvent difficilement être tenus pour de simples « cons » : à gauche comme à droite, beaucoup sont d’ailleurs eux-mêmes des intellectuels... Comment expliquer que cette hostilité se soit manifestée avec autant de violence dans notre pays, et qu’elle perdure ? Quelles leçons tirer du passé ? 

— Sarah Al-Matary 

Mucem - Auditorium
Le jeudi 14 octobre 2021 à 19h
Entrée libre. Réservation conseillée à resa.popphilo@gmail.com
www.semainedelapopphilosophie.fr
7 promenade Robert Laffont
13002 Marseille
04 84 35 13 13

Article paru le mercredi 29 septembre 2021 dans Ventilo n° 451

Semaine de la Pop Philosophie

Cons prometteurs

 

Pour sa treizième édition, la Semaine de la Pop Philosophie s’empare, sous la houlette du psychologue et journaliste Jean-François Marmion, de « cette mauvaise fée aux mille visages [qui] s’est penchée sur le berceau de l’humanité (…), [qui] suivra notre espèce jusqu’à la tombe, et la creusera peut-être » : la connerie.

    Mesure-t-on le degré de connerie d’un peuple à ses choix démocratiques ? La connerie a-t-elle des vertus cathartiques ? La connerie fait-elle l’histoire ? L’humain est-il fondamentalement con ? La connerie peut-elle être intelligente ? Autant de questions politiques, psychanalytiques, archéologiques, anthropologiques, sociologiques, cinématographiques, ontologiques… (bref, le programme est riche et il y en a pour tous les goûts) soulevées par cette treizième saison de la Semaine de la Pop Philosophie. Autant de questions qui se posent à l’heure où les réseaux sociaux et les médias fabriquent davantage des moutons (défis TikTok, BFMtv…) que de la diversité ; où le peuple états-uniens est capable d’élire un animateur de télévision et où les sondages de l’élection présidentielle française à venir annoncent plus de 30 % d’intentions de vote à l’extrême droite ; où les voitures continuent de rouler, les grandes chaines industrielles de tourner, les centrales nucléaires de produire, dans une situation climatique cataclysmique. Auteur de Psychologie de la connerie et Histoire universelle de la connerie, le psychologue Jean-François Marmion est le conseiller scientifique de cette semaine pop philosophique qui se tiendra de la Criée au Mucem en passant par Coco Velten, le Muséum d’Histoire naturelle, le FRAC PACA ou les cinémas Variétés et César. Adrien Dénouette avec « Petit traité de félicité ignorante » et Morgan Labar avec « La gloire de la bêtise : régression et superficialité dans les arts depuis la fin des années 1980 » proposent l’un et l’autre, d’une certaine manière, de s’interroger sur la dimension cathartique de la connerie. Les deux réflexions se complètent et la première, plus politique, considère l’idiotie des contenus pop culturels (Nicki Minaj, par exemple) non pas comme sidérante et vecteur de « passivité consumériste », mais plutôt comme « le signe de la bonne santé démocratique dune société ». Martin Legros (philosophe et rédacteur en chef de Philosophie Magazine) s’intéressera pour sa part à un contenu culturel populaire français : les caméras cachées de François Damiens allias François L’Embrouille, la figure du con par excellence. Mais le con joué ne subit pas sa connerie, il la crée. De même que les artistes pensant la connerie dans leurs œuvres, qui donneront matière à réflexion à Morgan Labar. À ce propos, Frédéric Pagès distingue le con du déconnant : « L’imbécilité est une chose sérieuse », comme Maurizio Ferraris titre sa conférence, contrairement à l’humour, qui n’est pas sérieux, mais intelligent. Trois autres conférences soumettent la connerie à l’épreuve du temps : « La connerie, un moteur de l’histoire » de Jean-François Dortier, « Une histoire globale de la connerie est possible indispensable » de Laurent Testot et « La préhistoire de la connerie » de Jean-Paul Demoule. « Cest bien la connerie, en effet, qui a permis à un primate, parmi 181 autres, de prendre possession de la planète au point dagir sur son climat et denclencher la sixième extinction massive des espèces ? », s’interroge faussement ce dernier. Deux projections sont également au programme : Dumb & Dumber (1994) des frères Farrelly au Variétés le 12 (suite au « Petit traité de félicité ignorante » d’Adrien Dénouette) ainsi que Lenny (1974) de Bob Fosse le 14 au César, suite à la conférence de Marie Treps, « Un mal, des mots. La France est-elle devenue raciste ? ». Enfin, avis à tous les cons et à tous les intellos, puisque poser des questions et la névrose nous/vous unissent : la philosophe praticienne Sophie Geoffrion propose « de décortiquer ensemble vos interrogations plus ou moins connes » le samedi 16 à la Maison Hantée. Il n’y a que les cons pour se rendre à un tel rendez-vous ! Sûrement un coup de Sarah Al-Matary (« Faut-il détester les intellos ? ») ou de Maxime Rovere, qui se dit prêt à « anéantir » les cons « les plus dangereux » !  

Romane Charbonnel

 

Semaine de la Pop Philosophie : du 11 au 16/10 à Marseille.

Rens. : www.semainedelapopphilosophie.fr

Le programme complet de la Semaine de la Pop Philosophie ici