Je ne reverrai plus le monde

Lecture par Nicolas Bouchaud du texte d'Ahmed Altan

Le 10 septembre 2016, le journaliste turc Ahmet Altan est arrêté et accusé d’avoir pris part au putsch manqué du 15 juillet 2016. Inculpé, entre autres, “d’appartenance à une organisation terroriste” et de “tentative de renverser l’ordre prévu par la Constitution de la République de Turquie”, il est condamné à la perpétuité aggravée le 16 février 2018, confirmée en appel par la Cour constitutionnelle en mai 2019. Mais la Cour suprême turque vient de casser sa condamnation à perpétuité. Pour autant, elle a rejeté sa demande de remise en liberté.

Ahmet Altan est romancier, essayiste et journaliste. Il est condamné à la perpétuité aggravée à 69 ans suite à la vague d’arrestations qui prend place en 2016 en Turquie. Depuis sa cellule, il parvient à nous transmettre dix-neuf textes admirables et poignants, ces allers-retours entre réflexions, méditations et sensations expriment le quotidien du prisonnier mais ils disent aussi combien l’écriture est pour lui salvatrice. Il s’en remet à la force des mots qui seule lui permet de survivre, il livre son quotidien d’homme écartelé entre le bilan de sa vie et son avenir absent. Un livre exceptionnel de résistance et de résilience.

C’est Nicolas Bouchaud, puissante figure du théâtre français, qui portera ce texte brûlant. Très impliqué dans divers projets, on l’a vu cette année dans le film d’Olivier Assayas, Doubles vies. En 2019, il reçoit le prix du meilleur comédien du Syndicat de la critique pour Démons de Fedor Dostoïevski, mise en scène de Sylvain Creuzevault et pour Un ennemi du peuple d’Ibsen, mise en scène de Jean-François Sivadier. Il est à l’origine de nombreux projets de grande qualité, il crée notamment en 2011 au Festival d’Avignon la pièce Mademoiselle Julie de Strindberg, mise en scène de Frédéric Fisbach avec Juliette Binoche.

“Je peux écrire n’importe où, le bruit et l’agitation ne m’ont jamais dérangé. D’ailleurs, une fois que je suis plongé dans l’écriture, tout ce qui m’entoure disparaît. Je romps le contact avec le monde extérieur et m’enferme dans une pièce invisible où personne ne peut entrer que moi. J’oublie absolument tout en dehors du sujet qui m’occupe. L’une des plus grandes libertés qui puissent être accordées à l’homme : oublier. Prison, cellule, murs, portes, verrous, questions, hommes – tout et tous s’effacent au seuil de cette frontière qu’il leur est strictement défendu de franchir.”
– Ahmet Altan

Abbaye de Montmajour
Le vendredi 21 août 2020 à 19h
5/10 €
http://www.abbaye-montmajour.fr/
Route de Fontvieille
13200 Arles
04 90 54 64 17