Aziz Hazara

Rencontre avec l'artiste, à l'occasion de sa résidence à la Fondation Camargo

Aziz Hazara est né pendant la guerre. Il a quatre ans quand les talibans prennent le pouvoir. Lui et sa famille n’ont jamais quitté le pays.
Comment construire des narrations individuelles pour raconter la guerre ? Comment se situer dans l’Histoire ? Ce sont les questions qui traversent le travail de ce jeune artiste exposé internationalement. Il s’attache plus précisément aujourd’hui à l’impact des modes de surveillance sur une communauté, à la mise en place d’un régime sécuritaire en temps de guerre et à la façon dont les évènements sont archivés.

Aziz Hazara est accueilli en résidence à la Fondation Camargo. Cette rencontre s’inscrit en prémisse de la recherche qu’il y mènera.
Une proposition en parallèle de Kharmohra, l’Afghanistan au risque de l’art, exposition du 22 novembre 2019 au 1er mars 2020 au Mucem. Commissariat Guilda Chahverdi. Un focus sur la jeune création afghane.

Le Studio / Friche La Belle de Mai
Le samedi 23 novembre 2019 à 17h
Entrée libre
www.lesrencontresalechelle.com
41 rue jobin
Friche La Belle de Mai
13003 Marseille
04 95 04 95 04

Article paru le mercredi 13 novembre 2019 dans Ventilo n° 437

Les Rencontres à l’Échelle 2019

Un Autre monde

 

Afrique, Moyen-Orient, Maghreb ou Mexique ? Peu importe l’origine de l’art. Cinéma, théâtre ou danse ? Peu importe la discipline. Documentaire, autofiction ou théâtre du réel ? Seule compte la réinvention de soi… À quatorze ans, le festival Les Rencontres à l’Échelle affirme pleinement ce qu’il est : un grand curieux, dans tous les sens du terme.

  Si l’on a pu croire pendant un temps que les Rencontres à l’Échelle se focalisaient sur la création au Maghreb et au Moyen-Orient, on est certain de comprendre avec cette édition qu’il ne faut surtout pas l’y réduire. « Si, comme aime à répéter Julie Kretzschmar qui en est à la tête, ce festival n’aurait pas pu avoir lieu ailleurs qu’à Marseille, du fait de la résonnance qui se trouve à le faire exister ici, de par les populations qui y vivent, il n’a jamais été question de faire de ce festival une niche exclusive conçue en fonction de l’origine des artistes. » Pour être plus précis (si tant est qu’on puisse saisir l’insaisissable papillon de nuit qu’elle est tant elle fourmille le jour), l’intérêt de la programmatrice pour ceux qui portent leur identité en creux de leur art s’avère indéniable. Qu’il s’agisse de l’exotisme post-colonialiste, de l’assignation à être celui qui aurait fui la guerre parce qu’il est syrien (Waël Ali), celle qui a subi l’excision parce que c’est la coutume dans son pays (Fatoumata Bagayoko), celui qui vit à côté d’une frontière et dont on croit qu’il rêve de la traverser (Gabino Rodriguez, Youness Atbane). Quand on est « l’autre », est-on toujours tenu de parler de ce qui nous constitue comme altérité dans l’imaginaire collectif ? Peut-on s’autoriser à parler d’autre chose que ce à quoi les gens attendent de nous ? Dans une programmation si hétéroclite, il est tout bonnement impossible de ne pas trouver son compte sur les trois semaines du festival ; c’est peut-être là que se trouve le trait d’union. Sans course à la « première », ce temps fort consacré au repérage international des artistes qui articulent l’identité à la question politique, et n’en font jamais un vain mot, permet de montrer des productions dans leur forme plus ou moins aboutie, de profiter de l’éclat solide de certains projets (Marion Siéfert) pour proposer aussi des étapes de création, des sorties de résidence (Bibata Ibrahim Maiga), des lectures, des dialogues (Aziz Hazara), des rencontres publiques et partagées entre jeunes artistes et dramaturges confirmés (Youness Anzane, Performances beyond two shores). Et si la programmation s’avère pointue, il ne faut pas penser pour autant qu’elle ne se livre qu’à ceux qui sont dans l’expertise et le secret des temples. Laissez-vous d’abord envoûter par un rêve du cinéaste Pierre Creton à la Baleine, perdez-vous à Klap dans la sensualité du duo irako-libanais composé par Yalda Younes et Khyam Allami au cours d’une danse baignée d’oud et nourrie au flamenco d’Israël Galvan, dansez la nuit sur des sons teintés d’ailleurs (Hadi Zeidan, Soall), prenez votre temps, et perdez-vous en chemin. Si, par définition, il n’assigne pas à résidence, ce cabinet de curiosités 2019 promet de beaux possibles...  

Joanna Selvidès

 

Les Rencontres à l’Échelle : jusqu’au 30/11 à Marseille.

Rens. : 04 91 64 60 00 / www.lesrencontresalechelle.com

Le programme complet des Rencontres à l’Échelle ici