L'aventure de la criminologie + Pourquoi il n'y a pas de mafia à Marseille

Conférences respectivement données par Loïck Villerbu (professeur de psychopathologie clinique et fondateur de l’Institut de Criminologie et Sciences Humaines de Rennes) et Cesare Mattina (sociologue), suivie d’un échange avec Simon Rico, journaliste

19h - L'aventure de la criminologie

La criminologie en France ? Une histoire de famille qui se déchire et une mort sans cesse annoncée, une renaissance assurée en cycle continu… Des amalgames permanents entre science, politique, idéologies. Des savoirs universitaires en marge des urgences et inventions des pratiques professionnelles…. Criminologie confisquée, séquestrée, éparpillée, déchiquetée et vilipendée… Ce qui ferait science et discipline se présente comme un mauvais objet.

Une occasion encore de réfléchir sur les marges de toutes constructions disciplinaires et de ce qui se lie à leur insu. Toute la criminalité s’y retrouve, en allusions, dans ce procès d’existence fait à la criminologie : inceste, néonaticide, infanticide, euthanasie, violences de toute espèce... Les exemples abondent dans l’actualité universitaire, des morts et naissances de diplômes, des usurpations, etc. Mais aussi naissance de la victimologie, enfant inattendu et qui s’est imposé dans le renouvellement des approches professionnelles.La mise en récits des savoirs identifiés en criminologie en rend compte à partir de quatre grandes étapes de recomposition des savoirs sur la construction des effets des violences agies et subies. C’est ce savoir en marge qui fera l’objet de l’exposé.

20h - Pourquoi il n'y a pas de mafia à Marseille

Contrairement aux clichés entretenus par de nombreux acteurs de la vie publique (journalistes, hommes politiques, acteurs judiciaires, etc.), on ne peut pas affirmer l’existence d’une mafia à Marseille. Dans son exposé, basé sur un raisonnement socio-historique croisant ses lectures de sciences sociales principalement italiennes sur le phénomène mafieux avec celles sur l’histoire de Marseille, Cesare Mattina montrera qu’à aucun moment de l’histoire politique et économique de cette ville, les trois caractéristiques essentielles d’une mafia n’ont été conjointement réunies, à savoir :

  • l’existence d’entreprises criminelles de type capitaliste opérant à la fois à l’échelle locale et internationale (observable dans les années de la French Connection, entre l’après-deuxième guerre mondiale et les années 1970)

  •  l’exercice d’une autorité de type politico-institutionnel partiellement légitimée par les pouvoirs publics (observable dans les années 1930 et, dans une moindre mesure, dans les années 1950-1970)

  • l’enracinement social dans des territoires où des secteurs significatifs de la société locale acquiescent à l’autorité des groupes mafieux (jamais réellement vérifié).

TNM La Criée
Le lundi 28 octobre 2019 à 19h
6/13 €. Réservation conseillée au 04 96 17 80 00
www.semainedelapopphilosophie.fr
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
04 91 54 70 54

Article paru le mercredi 16 octobre 2019 dans Ventilo n° 435

Semaine de la Pop Philosophie 2019

CriminoLogique

 

De la folie d’un meurtrier à la beauté de la terreur chez Hitchcock, en passant par l’image du gangsta américain, le crime renvoie à différents imaginaires. Comment analyser tout qu’il incarne et ce à quoi il renvoie ? C’est ce que les Rencontres Place Publique se proposent de faire pour la onzième édition de la Semaine de la Pop Philosophie, placée sous le signe de « la philosophie, la sociologie et l’esthétique du crime ». Un joli clin d’œil à une ville connue pour ses règlements de compte…

  Qu’il s’agisse de l’image de la cité phocéenne (« Pourquoi il n’y a pas de mafia à Marseille? », avec le sociologue Cesare Mattina, le 28 à la Criée) ou celle du psychopathe (« La figure de l’assassin : le criminel est-il différent de nous ? », avec le procureur Jacques Dallest, le 26 au Mucem), la Semaine de la Pop Philosophie se propose de dresser un portrait du crime en considérant la place qu’il occupe aujourd’hui dans notre culture. Les rencontres et débat remettent ici la question au goût du jour en lui apportant des éclaircissements et en forgeant de nouveaux concepts philosophiques issus de la pop culture. Le crime fait-il figure d’art ? L’évènement nous plongera au cœur des musées via une exploration des chefs d’œuvre mondiaux qui le mettent en scène (« Scènes de crime au Musée » avec le criminologue Christos Markogiannakis, le 2 novembre au FRAC). Le cinéma ne sera bien sûr pas en reste, entre projections (Justin de Marseille de Maurice Tourneur, le 1er novembre aux Variétés) et débats autour de La Corde d’Hitchcock, Scarface et Don Corleone, ou encore de l’emblème du gangster américain. De Marseille aux États-Unis, le criminel fascine. Sa réputation parcourt le monde, tantôt répudié, tantôt admiré et érigé comme un monument historique. Alors, comment réagir à la violence qu’il peut infliger à notre quotidien ? C’est ce que se chargera de traiter la rencontre avec le journaliste et essayiste Jean-Marie Pottier sur le thème « 11 septembre, la musique face à la terreur » (le 1er à la Maison Hantée). Nous naviguerons ainsi à travers les notions philosophiques en faisant escale sur le fantasme universel, l’adulation générale et le vécu particulier. Pas besoin, donc, d’être philosophe pour prendre la parole. Pas besoin non plus d’être un criminel. C’est tout l’esprit de la Semaine de la Pop Philosophique qui s’esquisse en arrière-plan : faire de la philosophie une discipline accessible, actuelle et concrète — ou du moins plus que ce qu’elle n’est envisagée. Alors, à qui profite le crime ? À la philosophie, bien sûr.  

Nina Cornée

 

Semaine de la Pop Philosophie : du 26/10 au 2/11 à Marseille.

Rens. : 04 91 90 08 55 / www.semainedelapopphilosophie.fr

Le programme complet de la Semaine de la Pop Philosophie ici