Caída del Cielo

La révolution flamenca est en route, Rocío Molina en est son étendard. Du grand art par un petit bout de femme, championne et iconoclaste sévillane.
Rocío Molina est la chorégraphe la plus rock’n’roll du flamenco actuel, art de plus en plus libéré par rapport à la tradition pure. Dans Caída del Cielo, elle « tombe du ciel » pour pousser son audace plus loin que jamais, en assumant pleinement une féminité expressionniste et même sauvage, à l’opposé des codes de la séduction établis par les hommes. Entourée de quatre musiciens aussi inspirés et virtuoses en rock qu’en flamenco, elle se déchaîne pour élargir le regard sur la femme. Le flamenco n’accepte ni les roulades au sol, ni qu’on danse pieds nus ? RocÍo Molina le fait ! Lentement elle sort de sa robe de flamenco traditionnelle, blanche et immaculée, sublime cocon mais handicapante. Et elle ose ! En passant par la nudité d’Ève, elle assume d’autres identités féminines : torera, lutteuse, déesse dionysiaque ou vengeresse, toutes propulsées par des joutes de zapateados et braceos qui rappellent qu’avant d’être iconoclaste, Rocío Molina est aussi une incollable virtuose, l’une des meilleures entre toutes.

Née en Andalousie, Rocío Molina commence à danser à l’âge de trois ans et sera l’élève de María Pagès, l’une des plus grandes du flamenco. À 22 ans, elle signe sa première chorégraphie. En seulement dix ans, elle crée une dizaine de spectacles et fait éclater les frontières artistiques du genre. De 2002 à 2016, elle reçoit douze prix d’interprétation, de chorégraphie ou de mérite, dont le National Dance Award britannique. Elle est aujourd’hui artiste associée à Chaillot-Théâtre National de la Danse, à Paris.