iFeel2
Dans un jardin artificiel, sorte d'Eden psychédélique et bleuté où végète un homme-buisson et résonnent des accords de guitares électro-hypnotiques, un homme et une femme, torses nus et jeans moulants, entament un duo fusionnel à distance. Figures intenses et abstraites, à la fois rock et primitives, Marco Berrettini et Marie-Caroline Hominal incarnent-ils une certaine idée du Désir ? Une vision fantasmatique de l'Infini ? Un aperçu angoissant de l'Altérité ? Leur élégante transe, en tout cas, est déclinée selon une structure minimaliste et répétitive faite de résidus de danses sociales, effectuées en miroir. Une chorégraphie sophistiquée à base de mouvements bruts qui rappelle l'intérêt de Marco Berrettini pour l'ethnologie et l'anthropologie, disciplines qu'il a étudiées à l'Université de Francfort en parallèle d'un parcours artistique insolite.
Champion allemand de danse disco à l'âge de 15 ans (en 1978), auteur de pièces aux titres plus ou moins potaches à l'instar du Père Noël lubriqueou de Sturmwetter prépare l'an d'Emil (Emil Sturmwetter étant son double fictif), ce chorégraphe allemand d'origine italienne installé en Suisse, jadis élève de Pina Bausch, s'illustre, dans iFeel2, en tant que chorégraphe, performer mais aussi musicien, puisque c'est son groupe, Summer Music, qui signe le paysage sonore de ce trip existentiel.
Les 17 et 18 oct. : mer 21h - jeu 19h
3/8/12 €
www.marseille-objectif-danse.org
41 rue Jobin
Friche de la Belle de Mai
13003 Marseille
04 95 04 95 95
Article paru le mercredi 17 octobre 2018 dans Ventilo n° 416
Ouverture de la saison de Marseille Objectif DansE
Marseille Objectif DansE continue de se battre avec les moyens du bord pour nous proposer une programmation radicale, dans laquelle les artistes engagés travaillent une épure de la danse. Pour commencer cette saison, deux pièces à l’opposé l’une de l’autre. La première, Ifeel2 de Marco Berrettini, est un pas de deux pour un homme et une femme, où le regard en miroir appelle la question de l’essence et de ce qui constitue les sexes opposés. Dans une végétation luxuriante, un continuum s’installe dans le désir de ne pas perdre l’autre et de tenir la distance comme un défi au temps qui passe et au corps qui vieillit. Ifeel 2, c’est une marche vers l’avenir sans début, ni fin, quelque chose entre la théorie de l’évolution de Darwin et Adam et Eve. Chez Olga Mesa, la danse n’est pas une fin en soi, elle est le support d’une transversalité de l’image qui invite la présence du cinéma. La famille, le sexe, le souvenir, tout s’entremêle dans une question sur l’identité et le temps qui passe. C’est d’ailleurs le point commun de ces deux pièces. Des artistes qui se sont donnés à la danse jeunes et qui, par la force de l’âge, remettent en jeu tout ce qu’il leur reste, parce que l’on rêve de mourir debout.KGB