The Ephemeral Life of an Octopus

Création (première française) : pièce pour 4 interprètes (40'). Chorégraphie : Léa Tirabasso

Léa Tirabasso crée des ponts entre danse, philosophie et médecine pour explorer la condition humaine sous ses manifestations les plus bizarres. The Ephemeral life of an Octopus est absurde, grotesque, enjoué et libérateur. Il questionne le malheur d’avoir une conscience et l’étrangeté d’avoir un corps : corps sain et vigoureux, souffrant et abîmé, troué et observé, sauvage et animal. Une écriture chorégraphique inspirée par l’étude de l’évolution des cellules cancéreuses et par l’expérience vécue de la maladie. À la fois scientifique, philosophique et viscérale, la pièce examine la dysfonction, le chaos et la vibrante force de vie du corps, de son intérieur et son extérieur.

Distribution

Chorégraphie Léa Tirabasso
Interprètes Catarina Barbosa, Alistair Goldsmith, Joachim Maudet et Rosie Terry Toogood
Musique Johannes Brahms, Nick Cave & the Bad Seeds, Martin Durov
Conseillers scientifiques François Eisinger & Adeola Olai

KLAP, Maison pour la Danse
Le samedi 16 mars 2019 à 20h30
5 €
http://www.kelemenis.fr
5 avenue Rostand
13003 Marseille
04 96 11 11 20

Article paru le mercredi 6 mars 2019 dans Ventilo n° 424

Festival + de genres à Klap

Qui peut le +, peut l’humain

 

Partant du constat navrant du recul de la liberté, qu’il s’agisse de liberté d’expression ou de celle des corps, Michel Kelemenis et son équipe ont décidé de s’engager sur la piste du genre. Petit panorama de tous ces genres, pour tous les goûts.

  À l’aune du printemps et au cœur du mois des fous, ce ne sont pas moins de douze propositions et autant de singulières approches qui vont peupler la jeune maison pour la danse Klap, pour un florilège de formes et de questions que se/nous pose la jeune scène contemporaine internationale. En ouvrant sur la présentation du travail de Mohamed Toukabri, danseur tunisien désormais installé à Bruxelles, et dans son introspection tout aussi délicate que son geste, Klap engage sa manifestation de plain-pied dans ce qui fait l’actualité, et dans une réflexion politique qui nous concerne tous : la migration et le sentiment d’entre-deux mondes qui en découle nécessairement. Le festival prend ensuite un virage à 180 degrés en nous proposant des spectacles plus « physiques », quoique non moins pensés. Avec Animal Triste, la chorégraphe québécoise Mélanie Demers propose un quatuor à l’énergie brute, sans brutalité, où la vigueur et la fougue de la danse qui nous mettent en extase vont se développer sur le plateau en exploitant les reflexes claniques des animaux que nous restons. Avec la troupe portugaise de Marco Da Silva Ferreira, on sera dans une danse très mouvementée, à sept sur le plateau, qui prend pour appui une approche transhistorique de la danse urbaine, de ce qu’il en reste et de ce qui se transmet (Brother). Le travail de Matthieu Hocquemiller (Extime) relève davantage de l’introspection, du post-porn, d’une réflexion mise à nue — dans tous les sens du terme menée entre l’œil de la vidéo et celui du spectateur. Ne se restreignant pas à la forme chorégraphique, mais approfondissant celles que le corps prend naturellement, cette réflexion nous amène à la question centrale de la condition humaine contemporaine : comment notre propre nature peut-elle nous paraître obscène ? Dans le deuxième projet qu’il présentera à la fin du festival, il portera son attention sur les sexualités singulières et ambiguës, dans un dispositif qu’il nomme de façon quelque peu évocatrice Auto-porn Boxes. Dans une esthétique soignée et plus formelle, The Ephemeral Life of an Octopus, de Léa Tirabasso, travail inspiré par la médecine, l’observation et l’expérience du cancer, se révèle sur scène dans un développement de jeux chorégraphiques à quatre, qui se combinent et nous interpellent. + de genres et plus fou aussi, on glissera tout doucement vers des propositions plus ambiguës au cours de la deuxième semaine : Malika Djardi, valeur montante de la danse contemporaine française, sera de la partie dans un duo presque burlesque avec Nestor Garcia Diaz, Horion. À eux deux, ils dégagent une énergie folle où les tutus, les bodies, les masques et les sabots mènent la danse. Autre délire, l’expérience Endo de David Wampach livre une action painting dansée sur rythme électro pour nous plonger dans une sorte de rite chamanique contemporain plutôt jouissif. Pour ceux qui aiment les expériences immersives et moins frontales, il ne faudra pas manquer la veillée performative menée tambour battant par le chorégraphe marseillais Arthur Perole, entouré d’une équipe de performers qui nous feront passer de la Dragroom à une silent party dérangeante, ne dévoilant pas à l’heure où l’on écrit ces lignes toutes les surprises qui se profilent. En fin d’édition, le maître de cérémonie du festival nous offrira un avant-goût de sa prochaine création prévue à l’automne 2019, Coup de grâce, qui lui a été inspirée par les évènements du 13 novembre, à l’heure où lui-même présentait La Barbe Bleue pour la première fois, et qui nous promet un moment fort en émotions. Enfin, la programmation de Queen Size, duo du chorégraphe indien Mandeep Raikhy en clôture de festival, marque également un geste fort puisqu’on est clairement placé ici au cœur de la norme sociale quant à l’homosexualité, dans un dispositif rapproché et sans doute déroutant. Dispositif qui donne ses lettres de noblesse à la danse, d’autant plus quand on sait que cet engagement artistique a eu des conséquences politiques sur la dépénalisation de cette pratique amoureuse dans leur propre pays. Alors, + de danse, + de genres, …+ de vous ?  

JS

 

Festival + de genres : du 13/03 au 4/04 à Klap, Maison pour la Danse (5 avenue Rostand, 3e).

Rens. : 04 96 11 11 20 / www.kelemenis.fr

Le programme complet du festival + de genres ici