La Grande Ours 

Création : trio par la Cie Des Corps Parlants (50'). Chorégraphie : Mathilde Monfreux

Quête initiatique dans laquelle la danse est une purge et le lieu de réorganisation des désirs, La grande Ours prend sa source dans un travail de corps à corps et de récit. Les danseurs en présence sont engagés dans une danse très physique, secouée, trépidante, traversée de mouvements organiques, de sauts, de reprises, de rebonds. Il émane une énergie vitalisante de l’emprunt à l’univers du rock et à la musique noise composée par David Merlo. L’in uence de l’auteure féministeaméricaine Kathy Acker, sous-tend, par l’aspect poétique, insolent et naïf de son écriture, des passes acrobatiques et des étreintes chorégraphiques vigoureuses. Partant de l’hypothèse que le capitalisme est un sort qui nous est jeté, le conte évoque la transformation d’un ours où se danse notre propre désenvoûtement.

http://www.mathildemonfreux.com/

KLAP, Maison pour la Danse
Le samedi 6 octobre 2018 à 20h30
5 €
http://www.kelemenis.fr
5 avenue Rostand
13003 Marseille
04 96 11 11 20

Article paru le jeudi 20 septembre 2018 dans Ventilo n° 414

Festival Question de Danse

Demande à la poussière

 

Sous la direction de Michel Kelemenis, Klap organise la treizième édition du festival Question de Danse. Un incontournable de la rentrée qui donne la parole aux jeunes compagnies et aux premières créations.

  Question de Danse, c’est un désir de toucher le corps de l’autre pour se sentir soi-même exister. On s’interpelle, on se pince, on marche ensemble. Le pied se décale et vient inverser le pas pour ramener le partenaire dans la diagonale inverse. À la manière d’un dessin dans le sable, les trajectoires se dessinent et s’annulent. La proximité provoque une hystérie du toucher. L’autre devient une marche vers la lumière, un point de vue panoramique, là où l’on peut voir de nouveaux horizons au-delà de la colline. Il existe une politique de la danse qui refuse le patronage de la dramaturgie. Une danse qui s’abstient de parler pour aller chercher de nouveaux espaces dans la dimension du souffle. Le groupe se raréfie jusqu’au duo, l’essentiel devient une appréhension du vide et de l’espace vital, une sphère privée se construit dans le lien de toi à moi. Cette danse qui réinvente à l’infini un geste déjà travaillé construit une figuration libre, où le motif est un prétexte et l’envie de passer un moment à deux un aboutissement, une célébration. Il y a évidemment une forme d’intimité qui rend cette danse discrète et fragile, loin du concept de la compagnie et de la force de persuasion du groupe qui absorbe l’espace. Cette intimité est-elle un retour à l’origine ou le désir d’un autre avenir ? La danse se réinvente dans une suite de questions où chaque proposition trouve un agencement dans une ouverture sur le réel. L’abstraction dans la peinture n’a jamais été aussi proche d’une forme de danse qui existe coûte que coûte. À la manière d’un dessin marouflé sur la toile, de petites idées prennent forme dans l’immensité du théâtre. Le faire devient un enjeu essentiel, repoussant le protocole et le point de vue à l’arrière-plan. Le spontané devient un combat qui se cherche des alliés. La structure se réduit à sa plus simple expression pour mieux résister au Big Bang du troisième millénaire. De ces propositions en ordre dispersé, une émotion palpable prend forme, un réseau se construit, un mouvement prend de l’ampleur et un lendemain voit le jour.  

Karim Grandi-Baupain

 

Festival Question de Danse : du 29/09 au 19/10 à Marseille. Rens. : 04 96 11 11 20 / www.kelemenis.fr

Le programme complet du festival Question de danse ici