Beluga Crash Blues + Du moteur à explosion 

Deux documentaires expérimentaux de Dominic Gagnon (Canada - 1997/2000 - 1h)

Beluga Crash Blues
Des hommes, vus de loin, animés par la dynamique du travail. La machine n’est plus une extension des corps, de leur force. L’homme est désormais animé par la machine. L’aliénation de l’humanité est accomplie. «Je ne veux pas avoir d’interactions avec mes sujets. Je ne suis pas à l’aise d’aller voir le monde, de leur demander de participer à un projet de film. J’aime bien l’appellation de ‘collaborateur objectif’. » (DG)

Du moteur à explosion 
Des courses automobiles, des avions et des aéroports, des hommes et des femmes en attente, un aigle au vol, un bison dans le brouillard. De la musique soutenue et du silence. Un montage analogique, sans mots, orchestre l’ensemble. La rencontre entre sonorités électroniques et images figées dans le vide crée un rythme anxiogène et hypnotique. Devant ce monde suspendu, on capte toute la nécessité de la distance qui caractérise le cinéma de Gagnon ; et aussi notre regard. On voudrait faire partie de cette réalité, qu’on observe et juge de loin. On voudrait la changer. Mais l’"homo faber" n’est plus qu’une expression du passé. Maintenant la machine dirige l’humanité et impose la vitesse et l’inquiétude. Dans la libre association des images, le langage du corps dit plus que la parole. Les regards vers un hors-champ invisible, les champs sans contre-champs, disent bien que nous sommes perdus, encerclés par des besoins qui nous dépassent, par les lois du marché, par l’idéologie du contrôle, par la suprématie des machines dans le rapport temps- travail-profit. Il n’y a pas de douleur. Juste une anesthésie de l’esprit.

Videodrome 2
Le jeudi 25 octobre 2018 à 17h
5 € (+ adhésion annuelle : 3 €)
http://www.festivalmuff.com/
49 cours Julien
13006 Marseille
04 91 42 75 41

Article paru le mercredi 17 octobre 2018 dans Ventilo n° 416

MUFF – Marseille Underground Film & Music Festival

Hors circuits

 

Le MUFF, Marseille Underground Film and Music Festival, revient pour la troisième année au sein de quatre lieux incontournables de la cité phocéenne, afin de nous offrir une programmation cinématographique et musicale hors normes, dans tous les sens du terme. Un voyage aux confins de l’expérimentation artistique qui secoue enfin le ronron ambiant.

  Nous l’évoquons souvent dans ces colonnes, la création cinématographique, sous toutes ses formes, ne se limite nullement — loin s’en faut — aux seuls films sélectionnés par l’industrie dominante, dont les salles hexagonales se font seules l’écho : il existe de par le monde une immense production parallèle, riche, vivante, étrange et passionnante, où les langages cinématographiques continuent de (se) réinventer, qui ne trouvent pourtant comme voie de diffusion que les chemins des festivals ou autres lieux alternatifs. Qu’importe, ces films existent bel et bien, et c’est sans cesse un réel plaisir de découvrir ces œuvres qui ne finissent pas de jurer face à l’atonie générale. Les plus radicales d’entre elles se retrouvent chaque année, depuis trois éditions, au sein de la programmation du MUFF, le Marseille Underground Film and Music Festival qui, au Videodrome 2, à l’Embobineuse, à La Baleine et à Data, nous ouvriront les portes d’un mélange animé du bizarre, du poétique, du pornographique, du romantique, du laid ou de l’occulte de l’image en mouvement. Soit le travail de plus d’une vingtaine de cinéastes internationaux, scandé par de nombreux concerts ou performances, à l’instar d’Yves-Marie Mahé pour Le Rock expérimental des Instants Chavirés, la carte blanche à la London Community Video Archive ou l’érotisme expérimental de Barbara Hammer. Suivront pêle-mêle Terror Nullius de Soda_Jerk, fable politique vengeresse offrant une mythologie non écrite du nationalisme australien, en première française, un focus sur l’incroyable cinéaste soudanais Gadalla Gubara (avec Tajouj et Les Misérables), les détournements vidéos du Canadien Dominic Gagnon ou le pornographique Queen Bee Empire de Samuel Shanahoy. Sans omettre l’hypnotique Kuso de Steve Ellison, aka Flying Lotus, ou la sélection de courts-métrages concoctée par le MUFF. Au rayon musical et propositions performatives, citons l’artiste Susu Laroche, Chicaloyoh, la musicienne Meryll Ampe, Bed Dataries ou l’expérimentation sonique d’?Alos. Nul doute que le choc de ces rendez-vous transformera à jamais votre rapport au son et à l’image.  

Emmanuel Vigne

 

MUFF – Marseille Underground Film & Music Festival : du 24 au 28/10 à Marseille.

Rens. www.festivalmuff.com

Le programme complet du MUFF ici