La Cour (The Schoolyard) + De quoi rêvent les libellules ? + La Demeure du Sultan

Trois films respectivement réalisés par Baptiste Bogaert & Noëlle Bastin (France/Belgique - 2017 - 21'), Simon P. R. Bewick (France - 2018 - 17') et Cyril Meroni & Antoine Oppenheim (France - 2018 - 29')

La Cour (The Schoolyard)
Des élèves se déplacent jour après jour aux quatre coins d’une cour d’école, avant de passer la grille qui les sépare de l’extérieur. Dans cette enceinte, l’on y bavarde, taquine, la quiétude est reine. Soudain, la voilà basculer et se perdre quand un bruit sourd du hors champ. Et la boucle de se remettre en route : une nouvelle situation se déplie avec un début qui a précédé le surgissement de ce son. Métaphorique, cette boucle rappelle nos gestes, paroles, instants de vie à chaque fois identiques et toujours renouvelés. (FM).

De quoi rêvent les libellules ?
L’été en banlieue. Entre les tours de grands ensembles, les avions tracent un mince fil cotonneux. Deux jeunes soeurs prennent la fuite. Rêve ? Réalité ? Le film se déroule sous forme d’un conte philosophique, où les voix off viennent ponctuer des réflexions de petits en train de devenir grands. Entre western et fantastique, cette rêverie éveillée marque la traversée du passage de l’enfance à l’adolescence. (FM)

La Demeure du Sultan
Durant une année de résidence au sein du Lycée Thiers à Marseille, les réalisateurs ont suggéré l’invention d’une rêverie poétique autour du rapport intime que les élèves entretiennent avec leur scolarité. Pour préciser : convoqué un par un, un petit groupe d’élèves rencontre la directrice interprétée par une comédienne professionnelle, Sophie Cattini. Son jeu beckettien se mêle avec originalité et décalage à celui des enfants, tout à la fois en proie et en rébellion face à l’autorité, à la discipline, à la norme. Durant ces entretiens, chacun révèle sa propre individualité, ses émotions, plongeant la directrice tout à tour dans l’énervement, l’incrédulité, la compassion. (FM)

Mucem - Auditorium
Le samedi 14 juillet 2018 à 11h
5/6 €
www.fidmarseille.org
7 promenade Robert Laffont
13002 Marseille
04 84 35 13 13

Article paru le mercredi 4 juillet 2018 dans Ventilo n° 413

FIDMarseille 2018

FID back

 

La vingt-neuvième édition du FID, Festival International de Cinéma de Marseille, déploie une nouvelle programmation passionnante dans plus d’une douzaine de lieux de la cité phocéenne, et confirme, s’il était encore nécessaire, sa place incontournable parmi les festivals européens.

  L’un des festivals majeurs en France — dont peut s’enorgueillir d’ailleurs la cité phocéenne — a déroulé le programme de sa vingt-neuvième édition, qui transcende l’idée même de la diffusion cinématographique, devenant acteur d’une utopie historiographique de l’image en mouvement, durant laquelle le récit se crée à l’instant où il se découvre. Au fil des ans, le FID a non seulement (re)donné sens à l’acte même de montrer les films, par l’exigence dont il fait preuve, mais continue d’inscrire les œuvres dans l’environnement industriel de leur fabrication. Il y a là une forme d’acte (d’art ?) originel, un savoureux péché dont le cinéma s’est éloigné, et qui a cependant longtemps fait son essence. Se rendre au FID dépasse bien largement le seul plaisir cinéphilique, mais, prenant le contrepied de Walter Benjamin, achève une boucle en instillant magistralement le hic et nunc au cœur de chaque séance ancrée selon le philosophe dans la reproductibilité de l’image en mouvement. Une édition marquée cette année par trois figures tutélaires devenues sémiologiquement icônes : Isabelle Huppert, invitée du festival, la merveilleuse Edie Sedgwick — qui marqua les heures glorieuses de la Factory d’Andy Warhol — et feu le président du FID, Paul Otchakovsky-Laurens, dont le travail d’éditeur aura marqué en profondeur l’art littéraire. Impossible de dérouler ici une liste à la Prévert des cent cinquante invité.e.s de cette vingt-neuvième édition, mais citons Wang Bing, Luc Moullet, Jean-Pierre Beauviala, Pierre Creton ou Albert Serra, que nous aurons l’occasion de rencontrer au détour d’une projection. Les cent cinquante films présentés se répartiront au sein des diverses compétitions du festival, mais également lors des écrans parallèles et autres séances spéciales, à l’instar des années précédentes. Internationale, Française, Premier Film et GNCR, ces Compétitions proposent presque exclusivement des premières mondiales — l’une des conditions désormais incontournables pour avoir la chance d’être sélectionné au FID —, avec les nouveaux opus de Jorge León, Albert Serra, Peter Sant, Damir Cucic ou Véronique Aubouy, pour ne citer qu’eux. Le premier écran parallèle sera bien évidemment consacré à Isabelle Huppert, avec une vision kaléidoscopique de sa carrière le long de treize films triés sur le volet, dont les excellents Amateur d’Hal Hartley ou Passion de Jean-Luc Godard. De même pour Edie Sedgwick, dont nous aurons l’immense bonheur de (re)voir les Screen Test de Warhol et bien évidemment l’inoxydable The Chelsea Girls. La thématique « Livre d’image » explorera quant à elle les liens éminemment complexes et historiques entre la littérature — ou plus précisément le livre — et le cinéma. Une rencontre en lettre capitale, où il s’agit plus souvent d’écrire l’image que d’imager le texte. Citons par ailleurs « Make / remake », « Histoires(s) de portrait », la sélection musicale « We’re gonna rock him » ou « Les sentiers » comme autres pistes de découvertes cinéphiliques. Entre le FID Campus, le FID Lab ou les diverses tables rondes, cette nouvelle édition du festival laisse également une place importante à la question même du geste cinématographique, dans son long processus de création, pour une édition 2018 derechef pleine de promesses !  

Emmanuel Vigne

 

FIDMarseille : du 10 au 16/07 à Marseille. Rens. : www.fidmarseille.org