Sombra Luminosa + Reddishblue Memories + Down Claiborne (V.O.)

Trois films respectivement réalisés par Francisco Queimadela & Mariana Caló (Portugal - 2018 - 22'), Iván Argote (France - 2017 - 12') et Moira Tierney (Irlande/États-Unis - 2018 - 50')

Sombra Luminosa
Le duo Mariana Caló / Francisco Queimadela (The Mesh And The Circle, FID 2015) poursuit son travail sur la matérialité de l’oeuvre d’art. Né d’une résidence au Centre international des Arts José de Guimarães, Luminous Shadow s’empare d’objets issus de plusieurs collections, mais aussi de catalogues, conférences ou conversations enregistrées sur place, pour les livrer à une joyeuse manipulation – littérale, qui produit un réagencement radical du langage filmique comme de notre regard sur ces oeuvres. (CG)

Reddishblue Memories
Ivan Argote est sculpteur, en quoi il s’emploie et parvient toujours, étonnement à chaque occurrence, à faire sourdre une troisième dimension en sus de celles de l’image. C’est sa propre main, dans une tradition ancienne, qui lui sert ici d’instrument à en faire la très agile démonstration. Aucun formalisme pourtant ici, cette réflexion sur les outils, sa main mais l’emploi des couleurs au cinéma aussi, se fait dans le fil d’une rhétorique bien connue : celle des Cinétracts. (JPR)

Down Claiborne
Au sein de la topographie de La Nouvelle Orléans, un élément important est cette autoroute qui découpe en deux l’un des plus vieux quartiers noirs de la ville, le Tremé. La communauté locale récupère son quartier au moyen de peintures murales et des activités liées au Mardi Gras Indians. Ces pratiques offre une vision alternative de l’histoire des États-Unis, référant aux divers étapes de la lutte pour les droits civils, y compris la tradition Maroon unissant les esclaves fugueurs et les Amérindiens. Les deux pratiques opèrent au sein de la « profession d’hybridation » postcoloniale, telle que définie par le poète haïtien René Depestre.

Videodrome 2
Le jeudi 12 juillet 2018 à 17h45
5/6 €
www.fidmarseille.org
49 cours Julien
13006 Marseille
04 91 42 75 41

Article paru le mercredi 4 juillet 2018 dans Ventilo n° 413

FIDMarseille 2018

FID back

 

La vingt-neuvième édition du FID, Festival International de Cinéma de Marseille, déploie une nouvelle programmation passionnante dans plus d’une douzaine de lieux de la cité phocéenne, et confirme, s’il était encore nécessaire, sa place incontournable parmi les festivals européens.

  L’un des festivals majeurs en France — dont peut s’enorgueillir d’ailleurs la cité phocéenne — a déroulé le programme de sa vingt-neuvième édition, qui transcende l’idée même de la diffusion cinématographique, devenant acteur d’une utopie historiographique de l’image en mouvement, durant laquelle le récit se crée à l’instant où il se découvre. Au fil des ans, le FID a non seulement (re)donné sens à l’acte même de montrer les films, par l’exigence dont il fait preuve, mais continue d’inscrire les œuvres dans l’environnement industriel de leur fabrication. Il y a là une forme d’acte (d’art ?) originel, un savoureux péché dont le cinéma s’est éloigné, et qui a cependant longtemps fait son essence. Se rendre au FID dépasse bien largement le seul plaisir cinéphilique, mais, prenant le contrepied de Walter Benjamin, achève une boucle en instillant magistralement le hic et nunc au cœur de chaque séance ancrée selon le philosophe dans la reproductibilité de l’image en mouvement. Une édition marquée cette année par trois figures tutélaires devenues sémiologiquement icônes : Isabelle Huppert, invitée du festival, la merveilleuse Edie Sedgwick — qui marqua les heures glorieuses de la Factory d’Andy Warhol — et feu le président du FID, Paul Otchakovsky-Laurens, dont le travail d’éditeur aura marqué en profondeur l’art littéraire. Impossible de dérouler ici une liste à la Prévert des cent cinquante invité.e.s de cette vingt-neuvième édition, mais citons Wang Bing, Luc Moullet, Jean-Pierre Beauviala, Pierre Creton ou Albert Serra, que nous aurons l’occasion de rencontrer au détour d’une projection. Les cent cinquante films présentés se répartiront au sein des diverses compétitions du festival, mais également lors des écrans parallèles et autres séances spéciales, à l’instar des années précédentes. Internationale, Française, Premier Film et GNCR, ces Compétitions proposent presque exclusivement des premières mondiales — l’une des conditions désormais incontournables pour avoir la chance d’être sélectionné au FID —, avec les nouveaux opus de Jorge León, Albert Serra, Peter Sant, Damir Cucic ou Véronique Aubouy, pour ne citer qu’eux. Le premier écran parallèle sera bien évidemment consacré à Isabelle Huppert, avec une vision kaléidoscopique de sa carrière le long de treize films triés sur le volet, dont les excellents Amateur d’Hal Hartley ou Passion de Jean-Luc Godard. De même pour Edie Sedgwick, dont nous aurons l’immense bonheur de (re)voir les Screen Test de Warhol et bien évidemment l’inoxydable The Chelsea Girls. La thématique « Livre d’image » explorera quant à elle les liens éminemment complexes et historiques entre la littérature — ou plus précisément le livre — et le cinéma. Une rencontre en lettre capitale, où il s’agit plus souvent d’écrire l’image que d’imager le texte. Citons par ailleurs « Make / remake », « Histoires(s) de portrait », la sélection musicale « We’re gonna rock him » ou « Les sentiers » comme autres pistes de découvertes cinéphiliques. Entre le FID Campus, le FID Lab ou les diverses tables rondes, cette nouvelle édition du festival laisse également une place importante à la question même du geste cinématographique, dans son long processus de création, pour une édition 2018 derechef pleine de promesses !  

Emmanuel Vigne

 

FIDMarseille : du 10 au 16/07 à Marseille. Rens. : www.fidmarseille.org