Marta et Karina, en discrète compagnie
Marta et Karina vendent du sexe pour s’assurer un avenir meilleur. Dans leur chambre à coucher, les hommes défilent. Une passe dure rarement plus d’un quart d’heure. L’attente du prochain client est bien plus longue. Pas de changement d’habit, un tissu rapidement tiré sur la fenêtre, un drap jeté sur le lit : les négociations et les passes sont comme une parenthèse au sein des activités quotidiennes. Le téléphone qui reçoit les appels des clients est toujours allumé, la frontière entre la vie "normale" et la prostitution est ténue, périlleuse, mais elle existe. C’est dans cet interstice, juste avant et juste après la passe, que le film s’installe. Au fil des clients, des bonnes et des mauvaises rencontres, Marta et Karina nous racontent - non sans humour ni contradictions - l’intimité de leurs choix, leur regard sur les hommes et la prostitution.
Se dessinent alors des trajectoires de vie loin des stéréotypes habituels, qui interrogent notre regard sur la sexualité commerciale.
Le dimanche 9 décembre 2018 à 11h
Entrée libre
www.mucem.org
7 promenade Robert Laffont
13002 Marseille
04 84 35 13 13
Article paru le mercredi 28 novembre 2018 dans Ventilo n° 419
Festival international Jean Rouch « Hors les murs » au Mucem
La ligne Rouch
Le Mucem accueille derechef le formidable Festival International Jean Rouch de Paris. Au menu, neuf films mêlant cinéma documentaire et ethnographie, avec un accent mis sur la question du nucléaire, à découvrir sans tarder !
Depuis trente-sept ans, le Festival International Jean Rouch explore, à Paris, les liens indéfectibles qu’entretiennent cinéma et anthropologie. Sous l’égide de l’un des plus grands cinéastes de l’histoire, disparu en 2004, et dont l’œuvre documentaire ne cesse d’instiller encore aujourd’hui la création contemporaine, cette manifestation internationalement reconnue nous rappelle à quel point le cinéma a, dès ses origines, exploré les rapports entre l’homme et ses sociétés, à travers leurs réalités sociales, culturelles et leurs relations à leur environnement. Une dynamique de l’image en mouvement qui fut développée dès les premières aventures des pionniers du cinéma. Bonne nouvelle pour les Phocéens qui sont dans l’impossibilité d’assister à ce fameux rendez-vous francilien : un hors les murs du Festival International Jean Rouch se délocalise à Marseille, à l’auditorium du Mucem, pour quatre jours de projections et neuf séances uniques concoctées en collaboration avec le Comité du Film Ethnographique. À commencer par la projection du film de Florian Geyer Plaquages, qui nous plonge au cœur d’un club de rugby lyonnais, préparant les futurs joueurs professionnels, la séance de Mirr de Mehdi Sahebi, qui suit le parcours, au Cambodge, de Binchey, agriculteur traditionnel de la province du Mondolkiri, expulsé de ses terres, ou le formidable film de Quentin Ravelli, Bricks, état des lieux sans appel de la crise immobilière espagnole. Une matinée spéciale, le vendredi 7 décembre à 10h, est consacrée à la carte blanche donnée aux étudiants des Beaux-Arts de Marseille, en présence de réalisateurs et enseignants. Une thématique au sein de cette proposition — Autour du nucléaire —, permettra d’accueillir le sociologue Pierre Fournier autour de trois films : La Colère dans le vent d’Amina Weira, le sublime La Terre abandonnée de Gilles Laurent, qui, malgré une sortie discrète, nous avait marqués, et enfin un film surprise, le samedi 8 décembre à 20h30. Rajoutons les deux séances de Marta et Karina, en discrète compagnie de Philippe Crnogorac ou Seeing voices (Voir la voix) de Dariusz Kowalski, et nous avons là un court mais pertinent panorama du magnifique Festival International Jean Rouch.Emmanuel Vigne