La Corde du Diable

Documentaire de Sophie Bruneau (Belgique/France - 2014 - 1h28). Projection suivie d'une rencontre avec la réalisatrice.

C’est l’histoire d’un outil universel et familier : le fil barbelé. Elle remonte aux premiers colons, à l’esprit de Conquête et à la chasse au sauvage. Elle s’ancre dans l’espace-temps de l’Ouest américain. C’est l’histoire d’un petit outil agricole qui bascule en histoire politique et s’emballe avec le train du capitalisme. C’est l’histoire de l’évolution des techniques de surveillance et de contrôle. L’inversion d’un rapport entre l’Homme et l’animal. C’est l’histoire du monde de la clôture et de la clôture du monde.

Bibliothèque L'Alcazar
Le vendredi 22 novembre 2019 à 17h30
Entrée libre
http://www.moisdudoc.com
58 cours Belsunce
13001 Marseille
04 91 55 90 00

Article paru le mercredi 30 octobre 2019 dans Ventilo n° 436

Le Mois du Film Documentaire

Sang neuf sur les docs

 

Pour sa vingtième édition, le Mois du Film Documentaire met en lumière un genre cinématographique qui s’est désormais taillé une part considérable en salle. Tour d’horizon régional de cette manifestation hexagonale.

  Dans le champ du documentaire, deux approches se détachent. D’une part, la stricte analyse de l’œuvre. Sur ce point, nous pouvons affirmer que les termes documentaires ou fictions n’ont de sens phénoménologique qu’au regard d’une proposition filmique, et ne peuvent ainsi être différenciés. Dans les deux cas, il s’agit de points de vues, de subjectivité, de partis pris cinématographiques, qu’importe si l’écriture tend à se rapprocher ou non d’une vérité qui de toute manière n’existe pas. D’autre part, nous pouvons aborder le documentaire comme genre à part entière, qui s’insère alors au sein d’une classification industrielle, voire marchande. Et sur ce dernier point, force est de constater que la production prend une part toujours plus importante dans le calendrier des sorties hexagonales. C’est en soit une bonne nouvelle, car l’écriture documentaire laisse une large place aux questions de temporalité, d’explorations des sujets, de diversités de points de vue, de réflexions, d’altérité, contrairement aux autres médias. Avec le Mois du Film Documentaire, novembre est, depuis près de vingt ans, l’occasion d’une considérable mise en lumière de la production documentaire, dans les salles et autres lieux culturels : en promouvant ainsi la création, c’est une multiplication des regards sur le monde, notre monde, qui est ici développée. La Région Sud ne fait pas exception à cette dynamique : tous les départements, donc des dizaines de structures, s’accordent à diffuser un nombre considérable d’œuvres, qui ont particulièrement marqué l’actualité cinématographique de ces derniers mois. À commencer par les films bouleversants que sont Pour Sama de Waad Al-Kateab, Hedy Lamarr : from extase to Wifi d’Alexandra Dean, Fuocoammare, par-delà Lampedusa de Gianfranco Rosi, Des hommes de Jean-Robert Viallet, Château Pékin de Boris Pétric, Ouaga Girls de Theresa Traore Dahlberg, Après l’ombre de Stéphane Mercurio ou Samouni Road de Stefano Savona, tous à l’affiche de cette vaste programmation régionale. Il serait vain d’en faire un inventaire à la Prévert, mais il reste incontestable que l’exigence cinématographique est ici de mise. Y compris dans la poignée d’œuvres du répertoire, à l’instar du Lettres de Sibérie de Chris Marker, ou, plus récemment, du Nostalgie de la lumière de Patricio Guzmàn. Une manifestation qui s’ouvre avec le dernier opus de Jérémy Perrin et Hélène Robert, Brise-lames, et qui reflète sans conteste la bonne santé du genre documentaire en salle.  

Emmanuel Vigne

 

Le Mois du Film Documentaire : du 31/10 au 30/11.

Rens. : www.moisdudoc.com

Le programme complet du Mois du Film Documentaire ici