Peggy Ahwesh & Jonathan Vinel 

Trois courts machinimas : She Puppet de Peggy Ahwesh (2001), Martin Pleure (2017) &
Notre amour est assez puissant de Jonathan Vinel (2014)

She Puppet

En travaillant sur des séquences collectées après des mois de jeu sur Tomb Raider, Peggy Ahwesh transforme le jeu vidéo en une réflexion sur l’identité et sur la mortalité. En bradant les règles du jeu au nom de l’Art, elle met en avant l’esthétique cinématographique de Tomb Raider, et dévie la mission préprogrammée de son héroïne, Lara Croft. Peggy Ahwesh reconnaît qu’une relation intime s’est installée entre ce personnage de fiction et elle-même en tant que joueuse. Au-delà de l’implicite critique féministe sur le problème lié à l’identité féminine, elle étend le dilemme de la prise au piège de Lara Croft à celui de l’individu pris au piège dans un monde de plus en plus artificiel.

Martin Pleure

Entièrement réalisé à partir des images du jeu vidéo GTA (Grand Theft Auto), Jonathan Vinel nous plonge dans un univers froid et sombre entièrement constitué d’images digitales. En utilisant la fonction “réalisation” que propose ce célèbre jeu vidéo bien connu des gamers, ce cinéaste a réussi à composer un “vrai” film de cinéma.
C’est en jouant à ce jeu que Jonathan Vinel a eu l’idée de l’histoire de ce court métrage : tous les amis de Martin ont subitement disparu, alors il va partir à leur recherche. Errant dans les rues de Los Angeles, Martin va déambuler dans cette ville virtuelle pour les retrouver. En se servant des fonctions que propose ce jeu vidéo, le personnage de Martin va se battre contre des inconnus et la police, distribuer des coups de poings (gratuits) sur des passants, se promener sur une plage ou dans bars de nuit, tirer des roquettes sur des éoliennes pour mener sa quête obsessionnelle : “Je vous cherche partout, je vous cherche tout le temps”. La solitude et la déception sont grandes pour Martin qui aurait préféré “les tuer de ses propres mains” plutôt que de ne pas savoir où ils se trouvent.
Le dialogue intérieur de Martin, exprimé en voix-off, nous accompagne dans cette quête. Martin cherche à comprendre pourquoi Gaël, Luna ou Angel ont disparu : a-t’il commis une erreur ? a-t’il fait quelque chose de mal ? quoi qu’il en soit il veut comprendre …
C’est finalement une vraie déclaration d’amour que fait le jeune Martin à ses amis disparus en se souvenant des moments passés ensemble. Bons, mauvais ou tristes, ces moments avaient l’avantage d’être vécus et partagés en groupe.
Que vous soyez adepte de ce jeu vidéo ou que vous n’en connaissiez rien, c’est un conte philosophique auquel le personnage de Jonathan Vinel nous invite pour simplement nous rappeler qu’on ne peut vivre sans les autres et que c’est à travers leur présence, leur regard et leur existence que la vie a du sens… une belle réflexion existentielle à travers les images d’un jeu vidéo.

Notre amour est assez puissant

Reprenant l’esthétique d’un jeu vidéo FPS (First Person Shooter), Notre amour est assez puissant mélange une histoire d’amour et les déambulations sanguinaires d’un soldat.

Videodrome 2
Le mercredi 28 octobre 2020 à 19h
Prix libre, conseillé : 5 € (+ adhésion annuelle : 5 €)
www.videodrome2.fr
49 cours Julien
13006 Marseille
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