Mémoires de la Retirada

Documentaire de Sylvie Sagnes et Véronique Moulinié (France - 2012 - 35')

Véronique Moulinié et Sylvie Sagnes, ethnologues au CNRS, mènent des recherches sur les notions de mémoire et d’identité. Début 1939, la guerre d’ Espagne entraîne le départ de milliers de réfugiés républicains qui franchissent la frontière des Pyrénées vers la France, c’ est la Retirada. Dans ce film, les chercheuses proposent une analyse ethnologique de la mémoire de cet exode et en étudient les variations et leurs articulations. En filmant les lieux, les moments, dans l’intimité des familles ou dans l’espace public, elles expliquent comment cette mémoire se construit actuellement dans le sud-ouest de la France, quels en sont les acteurs (associations de descendants, institutions locales…), quels rapports elle entretient avec les lieux (col des Pyrénées, emplacement des anciens camps…), quelles manifestations sont initiées (Camin de la Retirada, érection de monuments…) et quels en sont les supports (écritures, sculptures…). 80 ans après, ce ne sont plus les acteurs de cette histoire qui en portent la mémoire, mais leurs descendants. Ces derniers entretiennent le souvenir de cet épisode douloureux, non sans modifier les contours de la mémoire héritée de leurs parents. Pour la première génération, il s’agissait d’une mémoire de la lutte armée avec pour emblème le soldat ; pour la deuxième génération, c’est la mémoire de l’exode, de l’internement et de la victime. De même, chez les enfants et les petits-enfants, la mémoire des engagements politiques évolue. Hier conflictuelle, elle fait place aujourd’hui à une mémoire unanime fondée sur des valeurs humanistes.

Faculté de Lettres d'Aix-en-Provence (site Schuman)
Le mardi 12 novembre 2019 à 15h15
Entrée libre
www.cinehorizontes.com
29 avenue Robert Schuman
13100 Aix-en-Provence
04 42 95 30 30

Article paru le mercredi 13 novembre 2019 dans Ventilo n° 437

CineHorizontes 2019

Ibère au point

 

Au moment d’atteindre sa majorité, et alors que l’on célèbre les quatre-vingts ans de la fin de la guerre civile en Espagne, le festival CineHorizontes déroule une programmation particulièrement riche, visant à nous immerger dans le meilleur de la production ibérique.

  Si le cinéma espagnol peine de moins en moins à franchir la frontière pyrénéenne pour s’afficher sur les écrans hexagonaux, le festival porté par l’association Horizontes Del Sur reste le meilleur moyen, pour les spectateurs curieux, de s’immerger au cœur de son exaltante vitalité. À commencer par celle de son cinéma d’animation, dont la qualité technique lui vaut désormais une reconnaissance à l’international, et à qui sera dédié tout un week-end au cinéma Les Variétés. L’occasion notamment de (re)voir le fascinant Another Day of Life de Raul de la Fuente et Damian Nenow, plongée historique saisissante dans la guerre civile angolaise à l’aube de l’indépendance du pays. La guerre civile, espagnole cette fois, sera bien sûr à l’affiche alors que l’on commémore cette année les quatre-vingts ans de la fin du conflit. Le festival lui consacre une journée d’études, ponctuée de documentaires évoquant l’exil républicain après l’arrivée de Franco au pouvoir (Ceux qui sont restés de Florence Lloret et Michel André, La Nueve d’Alberto Marquard…). Proposant un panorama quasi exhaustif de la production transpyrénéenne récente, souvent inédite en France, le festival se démarque aussi et surtout par son cortège d’invités de prestige. Le parrain de cette dix-huitième édition, le fascinant acteur Antonio de la Torre, viendra ainsi présenter trois films, dans lesquels il dévoile tout son magnétisme : la comédie futuriste Tempo Después de José Luis Cuerda (présenté en avant-première au Prado pour l’ouverture du festival), La Noche de 12 anos d’Alvaro Brechner et le thriller El Reino de Rodrigo Sorogoyen. D’autres grands noms de la cinématographie hispanique figurent parmi la liste des invités, à l’instar du réalisateur Fernando Trueba (Calle 54, Chico y Rita…) — à qui l’Eden Théâtre de La Ciotat attribuera un fauteuil avec une plaque à son nom — ou du duo Isaki Lacuesta & Isa Campo, passés maîtres dans l’art de la réalité fictionnelle. Côté films, on assistera à un feu d’artifice de longs et courts-métrages, essaimés au sein de la compétition officielle ou des sélections spéciales, comme la « Journée Belle Jeunesse » ou une incursion argentine avec le documentaire d’Asif Kapadia consacré à Diego Maradona. Encore un festival dense cette année (avec une cinquantaine de projections), qui sera difficile à suivre dans son intégralité, mais dont la passionnante programmation nous fera regretter de ne pas voir s’épanouir plus souvent le cinéma ibérique sur nos écrans le reste de l’année.  

CC

 

CineHorizontes : du 14 au 22/11 à Marseille et en Provence.

Rens. : www.cinehorizontes.com

Le programme complet du festival CineHorizontes ici