The Deeper You Dig (V.O.)
Le deuil est écrasant dans le déchirant thriller surnaturel Diy the deeper you dig. À la suite d’un accident de la route, la frontière entre les vivants et les morts s’effondre pour une mère, une fille et un inconnu. Une affaire de famille, ce film a été écrit, réalisé et produit par John Adams, Toby Poser et leur fille Zelda. Ils en sont également les acteurs, en plus d’avoir assuré la direction photo et composé la musique du film. Saisissant exemple de débrouillardise, la famille de cinéastes a profité de l’environnement où elle vit dans les montagnes Catskill pour créer une atmosphère glaciale distinctive. La forêt squelettique évoque une ambiance onirique, et alors que le film s’aventure dans l’avant-garde, ses images bleutées nous aspirent dans les remous du subconscient.
Réduit à l’essentiel, le film maintient un style baroque et une attitude foncièrement américaine vis-à-vis du traitement des rêves et des hallucinations. L’aspect intimiste de la production se ressent jusque dans les performances très immédiates et la profondeur des idées. Le poids du silence élève l’expérience alors que nous plongeons de plus en plus profondément dans l’angoisse étouffante. Dans un paysage cinématographique où les choses deviennent de plus en plus massives et bruyantes, Diy the deeper you dig est un puissant antidote. Voici un film qui incarne l’esprit et la sensibilité du cinéma marginal. Diy the deeper you dig dépasse toutes les attentes et ne sera pas oublié de sitôt. Intensément personnel, ce voyage dans l’au-delà vous obsédera en vous faisant revivre votre cauchemar le plus sombre.
Courts-métrages
"Pareti Bianche"", d'Alessandro Sedda et Annalisa Ciacco
"Coraçao Vagabundo", de Frédéric Bayer Azem
"WOMXN, the nightmare of who you know", d'Adrien Gystere Peskine et Eden Tinto Collins
"Stairs to home", de Chloé Duval
"No one will ever believe you", de Frédéric Chalté
"Lipstick", d'Erwan Mitard
"Les nuits de la planète Terre", d'Abderrahim Mekkaoui
Le vendredi 20 septembre 2019 à 20h
5 € (+ adhésion annuelle : 3 €)
www.videodrome2.fr
49 cours Julien
13006 Marseille
04 91 42 75 41
Article paru le mercredi 18 septembre 2019 dans Ventilo n° 433
Cinemabrut au Vidéodrome 2
Brut de formes
L’équipe du Vidéodrome 2 accueille pour la première fois à Marseille le Festival Cinémabrut, pour sa treizième édition. Une manifestation qui met à l’honneur un cinéma autoproduit et malheureusement trop souvent éloigné des circuits classiques de la distribution cinématographique.
Nous l’évoquons régulièrement dans ces colonnes : les nombreuses révolutions qu’a connues ces dernières décennies l’industrie cinématographique ont profondément bouleversé les dispositifs de fabrication des films, et impacté de fait l’urgence même de l’acte créatif. En s’institutionnalisant à outrance, via le diktat des divers dossiers à produire, des chaînes télévisuelles, de la frilosité ambiante, du rendement à tout prix, le cinéma en a oublié l’urgence : celle d’un art ultime qui nécessite tous les sacrifices. Le système se fend de toutes parts, et les professionnels de la profession continuent, imperturbables, d’afficher un béat optimisme. Mais de nombreuses sources de résistance se sont développées à travers le monde, pour continuer à écrire cette histoire, celle d’un cinéma diablement novateur et transgressif, fût-il hors de tous sentiers battus. Ils sont légion, ces films réalisés avec quatre sous, qui ont pourtant à jamais marqué les esprits par leur créativité et leur énergie. Un événement met justement à l’honneur cette idée de cinéma autoproduit, non comme finalité, mais comme partie intégrante de l’œuvre : le Festival Cinémabrut présente pour la première fois, depuis treize ans, son édition au cœur de la cité phocéenne, après Mouans-Sartoux et Paris. Au Vidéodrome 2 du Cours Julien, l’équipe organisatrice nous proposera de découvrir une poignée de films absolument inédits dont la particularité reste la très faible économie de moyens dont ils ont disposé pour voir le jour. Courts et longs métrages se retrouveront ainsi en compétition durant ces trois journées de projections : des Passions bleues, second opus de Juliette Chenais de Busscher, après le sulfureux Le Viol du routier, à Barkomo, des cinéastes maliens Boucary Ombotimbé et Aboubacar Bablé Draba, en passant par Coraçao Vagabundo de Frédéric Bayer Azem, Fatima de Nina Khada ou Carnets 88 de Sylvain Yonnet, autant de découvertes inédites ne peuvent qu’aiguiser notre curiosité ! Sans oublier l’excellent film autobiographique de Rémi Lange, L’Œuf dure, qui prolonge son expérience de journal filmé, de nombreuses années après l’inoubliable Omelette.Emmanuel Vigne