Catalogue © Pascal Peuch

Identité Remarquable | Catalogue

Les trois bruissent

 

Le trio post punk Catalogue fait vivre le rock sur scène et donne une seconde jeunesse à la K7 avec son troisième album, Modern Delusion.

 

 

C’est presque devenu une tradition. En nous accueillant, Éric, le guitariste du groupe marseillais Catalogue, nous offre deux cassettes. Celle d’Exek, un groupe que l’on a loupé lors de leur passage dans le sud ; et celle, bien sûr, de leur dernier album. « Tu verras, je t’ai laissé l’étiquette. Avant, il y avait du Michel Sardou dessus », rigole-t-il. Dans un coin du salon, une guitare et un ampli. Dans l’autre, une platine vinyle. Et au mur, un tableau réalisé avec des dizaines de K7.

Pour l’anecdote, si, à la fin d’un concert, on ne leur avait pas demandé s’ils n’avaient pas une cassette, peut-être que Catalogue n’aurait jamais sorti une compilation de leurs morceaux sur ce support chez Ganache Records. En tout cas, pour la sortie de leur troisième album, Modern Delusion, dans le sillage d’une « release party » fin janvier à l’Intermédiaire pour le vinyle, ils organisent, pour la sortie de la cassette, un « goûter violent au C4. Ce sera le dimanche 26 février en fin d’après-midi ! »

Une sortie en grande pompe mais Éric et Emma (chanteuse et guitariste du groupe) nous assurent ne pas vouloir « saturer l’espace marseillais. Après, on partira en tournée. » De fait, Catalogue est peut-être le groupe que l’on a le plus croisé. À la fois sur scène, dans nombre de salles, comme dans le public. Il faut dire que ce sont un peu, avec Conger Conger, des « vétérans. Oui, on peut utiliser ce terme. Cela fait dix ans qu’on existe », rappellent-ils. Elle est prof, lui instit’ : « Et ça nous arrive de croiser nos élèves », sourient-ils. Éric d’ajouter : « J’ai même déjà vu une gamine que j’avais eue quand elle était en maternelle ! Mais là, ça fait vraiment ancien combattant ! »

Catalogue, c’est avant tout la rencontre entre Éric, qui jouait de la basse dans Electrolux, et Emma, venue de Paris et du groupe Human Toys. Et qui a rapidement troqué la batterie pour une boîte à rythme, donnant à Catalogue une sonorité cold wave qui fait la singularité de ce groupe post punk qui n’aime rien tant que la scène. « Notre bassiste de l’époque, Bruno, c’était une machine de guerre. À peine formés, il nous a trouvé une tournée aux États-Unis. En quinze jours, on a fait treize concerts ! De la Floride au Texas en passant par l’Oklahoma… Il y a un vrai réseau de salles là-bas. Un peu comme ici. »

Si Catalogue a pas mal bourlingué — « On a joué dans les pays de l’Est, au Japon… » — pour eux, Marseille, « c’est un peu l’Eldorado. » Par le nombre de salles, qu’ils connaissent parfaitement : historiquement (feue) la Machine à Coudre, mais aussi l’Intermédiaire, la Salle Gueule, le Molotov, feu l’Asile 404… Et par la diversité des groupes : « Il y a des jeunes formations super intéressantes. Avenoir, Technopolice, Cheap Entertainment ou encore Sovox, Crache… Notre dernière claque ? C’est le groupe de noise Idiopathique, alors que ce n’est pas forcément la musique que l’on écoute d’ordinaire. » D’ailleurs, pour la « release party » à l’Intermédiaire, Catalogue devait jouer avec QB, un duo explosif guitare-batterie made in Saint-Pétersbourg. Et Emma de souligner « La solidarité entre les groupes ! On n’arrête pas de se refiler les plans pour jouer. » Elle-même est investie au sein de Phocéa Rocks, la structure à l’origine de la Rue du Rock.

Le gros morceau, là, c’est la sortie de ce troisième album : « On l’a fait durant le confinement. Juste avant, on devait partir en tournée en Australie. Et nous voilà bloqués ici ! Alors, on a transformé une pièce en studio, laissé les instruments branchés et, en profitant de ses autorisations de déplacement bidon que l’on s’octroyait, on n’a pas arrêté de composer et de jouer ! »

Précision d’Éric : « Les précédents albums, on les a enregistrés très vite, en quelques jours en studio. Là, on a pris notre temps. Et c’est Emma qui s’est occupée du mixage. » Celle-ci ajoutant : « C’est aussi le premier album auquel participe pleinement Raphaël, notre bassiste. » Éric rebondit « Sur cet album, il chante. Et lui qui écoute plein de styles de musique différents nous apporte des tempos plus lents. Ce qu’on ne s’autorisait pas jusque-là. Parce qu’on a toujours peur que le public trouve ça mou. »

Catalogue n’a rien perdu de son énergie, en témoigne le titre de l’album, Modern Delusion : « C’est un clin d’œil à ce groupe de Zagreb que l’on adore et ça dit notre sentiment à l’égard de l’époque », nous explique le duo. Le morceau 2030, dans lequel Emma tourne en dérision le projet macronien, est emblématique, et elle y est aussi à l’aise en anglais qu’en français lorsqu’il s’agit de se faire mordante. Avec Ageing, certes, le temps passe mais, en atteste la superbe reprise de Kids of the Black Hole d’Adolescents, pas question pour Catalogue de se ranger. D’ailleurs, au lendemain de l’interview, devinez où l’on a retrouvé le duo ? À la manif contre la réforme des retraites !

 

Sébastien Boistel

 

Catalogue : le 26/02 au C4 / Cat’s Commodities (76 rue des trois frères Barthélémy, 6e).

Rens. : www.facebook.com/Catalogue.Band