The Valley of Astonishment © Pascal Victor / ArtComARt

The Valley of Astonishment de Peter Brook au Théâtre du Gymnase

La grande illusion

 

Avec The Valley of Astonishment, le mage Peter Brook nous conduit à travers les méandres du cerveau humain et livre un spectacle enchanteur de simplicité.

 

A l’aide de trois fois rien — quelques chaises, une table à roulettes, un porte-manteau, deux musiciens et trois acteurs — et en à peine plus d’une heure, le maître anglais de l’espace vide administre une nouvelle leçon de théâtre.
Il est question de secrets, de mémoire, de musique, de couleurs et de neurones dans cette fable moderne qui s’ouvre sur l’évocation du mythique phœnix. Puis, nous suivons les pas de Sammy Costas, petit bout de femme reporter, sacrée « phénomène » par le département de sciences cognitives d’un laboratoire de neuropsychologie. Son talent, elle le doit à sa qualité de synesthète : les ponts qu’elle jette entre ses sens lui confèrent une puissance mnémonique incroyable et donc une mémoire exceptionnelle, a priori infinie.
Au creux de cette « Vallée de l’étonnement », d’autres témoignages d’artistes dotés de synesthésie ponctuent harmonieusement l’histoire de Sammy qui, devenue l’une des principales attractions du Magic Show, connaîtra les joies (être aimée) et les affres (comment oublier ?) liés à son don.
Ce Magic show, représenté dans une mise en abyme qui tombe sous le sens, met le public à contribution, provoquant une joyeuse connivence. Quelques répliques saillent alors : « L’art c’est mentir et mentir c’est un art », ou encore « L’artiste doit convaincre le monde de la vérité de son mensonge ». Il faut croire que Peter Brook nous aura bien bernés.
De cette pièce limpide et poétique, on retient l’apparente facilité avec laquelle les différentes scènes s’enchaînent, l’économie de moyens qui fait confiance aux facultés d’imagination des spectateurs et, surtout, la généreuse aisance et la belle présence des acteurs et des musiciens. Une fois de plus, le vénérable chaman aura réussi le tour de magie de révéler l’invisible, au grand bonheur des chanceux présents dans la salle.

Barbara Chossis

 

The Valley of Astonishment de Peter Brook a été joué du 10 au 14/12 au Théâtre du Gymnase.

Pour en (sa)voir plus : www.newspeterbrook.com