Spectateurs : droits et devoirs © Vincent Arbelet

Spectateurs : droits et devoirs par la Cie L’Outil au Théâtre du Rocher

En garde, spectateur !

 

Point de spectacle sans spectateur. Pourtant, à force de le placer au centre du théâtre, de tout mettre en place pour le séduire, surtout celui qualifié de « non public », le spectateur ne tient plus son rang. Spectateur: droits et devoirs de la compagnie L’Outil rétablit la situation, pour le meilleur et pour le rire.

 

Le spectateur s’émancipe de plus en plus. Il crée des blogs, des écoles rattachées à des salles de spectacle, s’invite même sur les plus grandes scènes du monde, comme en 2013 dans la Cour d’honneur du Palais des Papes pour le spectacle éponyme de Jérôme Bel, une manière d’interroger la mémoire du théâtre et celle du Festival d’Avignon. Dans les écritures contemporaines, il est de plus en plus admis que le spectateur fasse partie intégrante de la représentation. Certains le pensent même intelligent ! (1)
Mandatés en urgence par l’OCDS (Observatoire des comportements du spectateur), trois imminents professeurs — Baptiste Amann, Solal Bouloudnine et Olivier Veillon — se sont penchés sur la question.
Le Marseillais Solal Bouloudnine (vu récemment dans Les Armoires normandes des Chiens de Navarre et qui nous avait mis K.O. avec Italie-Brésil 3 à 2 de la Compagnie Tandaim) nous explique cette démarche pédagogique nécessaire dans un contexte culturel en pleine mutation : « Nous sommes partis du constat que nous acteurs étions formés alors que le spectateur ne l’est jamais ! Il n’est plus possible que les spectateurs fassent n’importe quoi au théâtre. La nécessité de les former s’est imposée à nous. Cela nous semblait la moindre des choses… Il leur sera communiqué quelques conseils pour dormir pendant une représentation sans déranger les comédiens, réussir une bonne standing ovation ou un débat… Nous proposons une conférence performative doublée d’une formation accélérée pour un public laïc républicain. »
Rendez-vous au bien nommé « Cabinet des curiosités » du Théâtre du Rocher qui offre sa carte blanche d’avril à l’Outil, plateforme de production dirigée par quatre anciens élèves de l’ERAC.
De l’irrévérence, un peu d’arrogance et, derrière les blagues, une vraie réflexion sur le rapport artiste/spectateur, qui s’appuie autant sur La Société du spectacle de Guy Debord, des études sociologiques ou sur les « mots bleus Wikipedia » que sur le vécu des trois comédiens. Une forme différente de leur précédent projet, L’IRMAR (Institut des recherches menant à rien), qu’ils ont conçue et jouent sans metteur en scène attitré, tendant à prouver que tout spectacle convient à tout spectateur. Et qui démontrera le rôle indéniable, souvent trop méconnu, des présentations PowerPoint…
Présenté en 2011 au Night Shot de la Manufacture (collectif contemporain du Off d’Avignon), cette forme courte de l’Outil s’oriente vers une configuration moins intimiste. Une étape avant d’être présenté début décembre à Cannes et repris la saison prochaine à la Loge à Paris. Par ailleurs, on retrouvera Baptiste Amann et sa création Les Territoires très prochainement dans un théâtre marseillais qui n’a pas besoin de cette formation pour avoir le meilleur des publics.

Marie Anezin

 

Spectateurs : droits et devoirs par la Cie L’Outil : le 20/04 au Théâtre du Rocher (La Garde).

Rens. : 04 94 08 99 34 / www.facebook.com/lerocher83

Pour en (sa)voir plus : loutil.eu / spectateurs.blogspot.fr