Sosie(s) © Pascal Grimaud

Sosie(s) par la Cie L’Orpheline est une épine dans le pied au Petit Plateau de la Friche La Belle de Mai

Telles qu’elles

 

Après Kara, une épopée théâtrale comorienne créée en 2013, Julie Kretzschmar et sa compagnie, L’Orpheline est une épine dans le pied, continuent d’explorer les liens qu’entretient la cité phocéenne avec l’archipel des Comores.

 

La première vague des Rencontres à l’Echelle s’achevant, Julie Kretzschmar, sa directrice artistique, convie les spectateurs à assister à l’ouverture publique de son nouveau projet, Sosie(s), restitution d’une année d’ateliers de danse menés avec des danseuses marseillaises d’origine comorienne.
Pour ses ateliers, la metteure en scène, assistée de la chorégraphe Balkis Moutashar, a constitué un groupe de jeunes femmes pratiquant le debaa, danse rituelle d’inspiration soufi, proche de la transe, pratiquée par les femmes de la communauté comorienne lors des mariages et autres célébrations. A travers cette danse transposée sur scène, Julie Kretzschmar opère un déplacement et interroge le rapport de ces danseuses à leur héritage culturel, faisant dialoguer les traditions de la communauté comorienne, empreintes de sacré, avec la culture européenne plus individualiste, questionnant les relations de l’individu au collectif. Grâce à cette distanciation, ces mouvements familiers, intuitifs, deviennent des gestes plus conceptuels qui conscientisent le rituel et sondent des problématiques liées à l’adolescence, la féminité, la religion…
A ce groupe de danseuses s’ajoute la présence de la comédienne Lénaïg Le Touze, complice des Bancs Publics et des Rencontres à l’Echelle, avec lesquels elle a déjà collaboré sur différents projets. Elle porte ici un texte théâtral, Marhaba, commandé à l’écrivain malgache Jean-Luc Raharimanana. Ce texte narre de façon poétique le crash d’un avion en 2009 aux Comores, qui avait fait 152 morts et une seule rescapée âgée d’à peine quatorze ans. La jeune fille devient par l’écriture une figure mythologique, seule témoin de ce drame collectif, le trait d’union entre Marseille et Moroni, entre la vie et la mort, entre la terre et la mer…
En agençant tous ces éléments ensemble, Julie Kretzschmar cherche à inventer une nouvelle forme théâtrale pour éprouver les enjeux de la double culture, du regard, du corps et du rapport à la tradition.

Barbara Chossis

 

Sosie(s) par la Cie L’Orpheline est une épine dans le pied : le 10/12 au Petit Plateau de la Friche La Belle de Mai (41 rue Jobin, 3e).
Rens. : 04 91 64 60 00 / www.lafriche.org / www.lesbancspublics.com