Retour à Forbach de Régis Sauder

Retour à Forbach de Régis Sauder

Peur sur la ville

 

Le 19 avril est sorti sur les écrans le dernier film de Régis Sauder, distribué par l’excellente structure Docks 66, Retour à Forbach. Un film qu’il est essentiel de découvrir, pour sa capacité unique à offrir une juste représentation d’un pays que la classe politique n’est plus à même de représenter.

 

Loin des cris d’orfraie de façade poussés aux lendemains d’un premier tour pourtant prédit, et face à l’appauvrissement particulièrement inquiétant des analyses politique et sociale, quel(s) regard(s) peut encore nous aider à saisir les complexités d’un énième hoquet de l’histoire, et les pistes de réflexions propres à développer une réelle pensée de notre destin commun ? Incontestablement, le cinéma. Celui qui échapperait au manichéisme largement répandu à longueurs de colonnes, d’images vidées de leurs sens, de voix atones. Et s’il est aujourd’hui un film dont la sortie en salles nous plonge avec intelligence au cœur même d’une société dans laquelle nous évoluons sans toujours en saisir les enjeux, ou de manière parcellaire, c’est bel et bien Retour à Forbach de Régis Sauder. Le réalisateur de Nous, Princesse de Clèves revient dans sa ville natale, et pose un regard (filmé) sur les profondes transformations vécues par la cité depuis son départ. Durant une heure dix-huit, l’intime se mêle à l’histoire, la chair au béton, dans une maestria stupéfiante qui offre en creux, par touches subtiles, le plus pertinent portrait d’un pays non pas sans repère ou en déliquescence démocratique, mais qui s’est justement choisi de nouveaux repères, même a contrario. L’écran devient ainsi cette goutte d’eau dans laquelle se reflète, désormais, notre monde. Le film sera, régionalement, programmé dans de nombreuses salles, et il apparaît plus que salvateur d’en découvrir toute l’intelligente beauté. La question de l’urbain étant ici particulièrement prégnante, il était donc logique que l’excellent festival Image de Ville se joigne à cette sortie, en l’occurrence lors de deux projections prometteuses : la séance aux Variétés de Marseille en présence de l’architecte André Jollivet, le 9 mai, et la projection, quelques jours plus tôt, le 2 mai, au Méliès de Port-de-Bouc, avec, en première partie, l’opus de Thomas Jenkoe, Souvenirs de la Géhenne (en présence du réalisateur), suivi du film de Régis Sauder, offrant l’occasion rare de croiser nos regards.

 

Emmanuel Vigne

 

Séances spéciales en présence du réalisateur :

Pour en (sa)voir plus : www.retour-a-forbach.com